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Élections législatives nord-coréennes de 2019 | ||||||||||||||
687 sièges de l'Assemblée populaire suprême | ||||||||||||||
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Type d’élection | Élections législatives | |||||||||||||
Postes à élire | Membres de la Commission des affaires de l'État et le Premier ministre | |||||||||||||
Participation | 99,97 % | |||||||||||||
Kim Jong-un – | ||||||||||||||
100 % | ||||||||||||||
Sièges obtenus | 687 | |||||||||||||
Composition de l'assemblée élue | ||||||||||||||
Premier ministre de Corée-du-Nord | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Pak Pong-ju | Kim Jae-ryong | |||||||||||||
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Les élections législatives nord-coréennes de 2019 se tiennent le [1] afin de renouveler l'ensemble des 687 sièges de l'Assemblée populaire suprême, au suffrage universel direct, à l'issue d'une législature de cinq ans.
Les élections en république démocratique populaire de Corée ne sont généralement pas considérées comme démocratiques par les observateurs internationaux, et l'Assemblée, dépourvue de tout réel pouvoir, ne se réunit que rarement[2]. Les autorités nord-coréennes affirment que tous les candidats ont obtenu 100 % de suffrages favorables, et que tous les électeurs présents dans le pays au moment du scrutin ont participé au vote.
L'année 2018 marque un abaissement des vives tensions entre le régime nord-coréen et ses ennemis sud-coréen et américain. La Corée du Nord participe aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques d'hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud, et en avril Kim Jong-un est le premier dirigeant nord-coréen à visiter la Corée du Sud. Il rencontre son homologue sud-coréen Moon Jae-in à Panmunjeom, et les deux hommes promettent de cesser tout acte pouvant raviver les tensions inter-coréennes. En juin, Kim Jong-un devient le premier dirigeant nord-coréen à rencontrer un président des États-Unis en exercice, pour un sommet bilatéral avec Donald Trump à Singapour, visant officiellement à dénucléariser la péninsule coréenne[3].
En principe, l'Assemblée populaire suprême est l'organe le plus puissant du gouvernement. En pratique, elle ne se réunit que quelques jours par an, pour ratifier automatiquement les décisions prises par le Parti du travail de Corée[4]. Le pouvoir réel est exercé par le conseil des ministres dirigé par le premier ministre Pak Pong-ju ; par la Commission des affaires de l'État (anciennement Comité de la défense nationale) que préside Kim Jong-un ; et par le politburo du Comité central du Parti du travail, que dirige également Kim Jong-un[4]. Kim Jong-un est encensé par un culte de la personnalité[5] ; la Corée du Nord est généralement considérée comme un État totalitaire où toute contestation du régime est brutalement réprimée[5].
Nommément, il existe plusieurs partis politiques, mais ce pluripartisme n'est qu'une façade. Tous reconnaissent l'autorité du Parti du travail, et sont assemblés avec lui en « Front démocratique pour la réunification de la patrie »[4]. La Constitution dispose dans son article 11 que « la république populaire démocratique de Corée déploie toutes ses activités sous la direction du Parti du travail de Corée », tandis que l'article 10 dispose que le pays « s'appuie sur l'unité politique et idéologique du peuple entier »[6]. Le Parti social-démocrate de Corée et le Parti Chondogyo-Chong-u, ce dernier issu du mouvement religieux cheondoïste, n'existent ainsi plus que « sur papier » ainsi que par « de petits bureaux centraux conservés pour les besoins de la propagande »[7].
Le pays est divisé en 687 circonscriptions, élisant chacune un député. Le droit de vote s'acquiert à l'âge de 17 ans, qui est également l'âge minimal pour se présenter aux élections[8]. Il y a un seul candidat par circonscription. « Officiellement, des réunions d'électeurs ont lieu dans toutes les circonscriptions du pays pour la désignation des candidats. Les commentateurs pensent majoritairement que la plupart des candidats sont triés sur le volet » par les autorités et par le Parti du travail de Corée[8]. Dans chaque bureau de vote, une affiche informe les électeurs du nom de leur candidat unique, et de sa profession[9].
Les élections permettent à Kim Jong Un de changer les élites politiques afin d'assurer un renouvellement des idées et des dynamiques au sein du processus décisionnel[10]. Entre les élections de 2014 et 2019, 55 % des sièges ont été remplacés[10]. Il est possible d'observer les directions politiques du gouvernement dans le profil général des nouveaux élus. Par exemple, Kim Jong Un a mis en poste plusieurs personnes expertes en économie, conformément à sa politique du Byongjin[11]. Les autres membres moins influents sont parfois choisis de façon symbolique, à l'instar du Sénat canadien, afin d'honorer les citoyens exemplaires[10]. Par exemple, Hwang_Sun-hui (en) une militante contre l'occupation japonaise de la Corée y était députée[Quand ?][12].
Le candidat est élu s'il obtient la majorité absolue des suffrages dans sa circonscription, et si le taux de participation y est d'au moins 50 %[8]. Officiellement, l'élection se déroule à bulletin secret. Mais une personne souhaitant voter contre l'unique candidat sélectionné pour sa circonscription doit rayer son nom sur le bulletin « dans un isoloir spécial » - « un acte de rébellion [...] quasi-impensable »[13]. L'abstention n'est pas tolérée non plus - ce qui permet aux autorités d'utiliser les élections comme une forme de recensement[14],[15], et d'identifier d'éventuelles défections[15]. Ainsi, « des fonctionnaires chargés de l'organisation de l'élection se rendent dans chaque foyer pour s'assurer de la présence ou de l'absence des électeurs inscrits »[16]. Si une personne ayant fui à l'étranger est identifiée comme absente, sa « famille restée au Nord risque de graves punitions. C’est pourquoi de nombreux Nord-Coréens partis en Chine reviennent, au péril de leur vie, juste pour voter »[17]. Par ailleurs, des « urnes mobiles » sont prévues pour que les malades ou infirmes, ne pouvant pas se déplacer, puissent voter[18]. En conséquence, les autorités affichent, lors de chaque élection, un taux d'approbation populaire de 100 % pour chaque candidat, ainsi qu'un taux de participation de près de 100 %[8].
Selon un témoignage clandestin recueilli par Radio Free Asia, des travailleurs dans la province de Hamgyong du Nord sont contraints de participer à des manifestations publiques de promotion des élections, en costumes colorés, les jours qui précèdent le scrutin. La source affirme que ces personnes perdent le salaire correspondant à ces jours d'absence de leur lieu de travail[9].
Le jour du vote les autorités s'assurent d'une « atmosphère de carnaval » à Pyongyang, avec des groupes de musique dans les bureaux de vote. Des enfants portant un chiffon rouge au cou « paradent dans les rues et encouragent les électeurs »[19]. Ces derniers s'assurent généralement de voter tôt dans la journée, pour démontrer leur loyauté envers le régime. Ayant voté, il est attendu qu'ils « rejoignent les groupes dehors qui expriment leur enthousiasme et leur joie d'avoir pu voter » pour le gouvernement en place[20].
Le jour du vote, l'Agence centrale de presse nord-coréenne rapporte : « Tous les électeurs participent tels un seul homme à l'élection pour la prospérité de notre pays socialiste et le développement du pouvoir populaire avec la grande fierté et l'honneur d'être membres de la nation du grand Kim Il-sung et de la Corée de Kim Jong-il » (en gras dans l'original)[21]. Cette même agence rapporte que l'éditorial du journal Rodong Sinmun décrit l'élection comme « une occasion importante pour consolider davantage le pouvoir populaire dans notre pays et promouvoir victorieusement la cause de la révolution Juche. Chaque bulletin déposé en faveur des candidats à la députation reflète la loyauté de défendre fermement l'idée unique de nos grands dirigeants pour bâtir le pouvoir du peuple et leurs exploits »[22].
L'Agence centrale de presse nord-coréenne rapporte que l'ensemble des candidats sont élus, tous avec 100 % de suffrages favorables, et que le taux de participation s'élève à 99,99 %, seules les personnes se trouvant à l'étranger ou travaillant en haute mer n'ayant pas voté. À la surprise des observateurs étrangers, Kim Jong-un n'apparaît pas sur la liste des élus, contrairement aux résultats des élections de 2014. Sa sœur Kim Yo-jong est élue députée, de même que le ministre des Affaires étrangères Ri Yong-ho (en)[23],[24],[25]. C'est la première fois qu'un dirigeant nord-coréen n'est pas membre de l'Assemblée populaire[26].
En date du 11 novembre 2024, la répartition des sièges par parti n'est pas disponible.
Parti ou mouvement | Voix | % | Sièges | +/- | ||
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Parti du travail de Corée | 100 | 682 | – | |||
Parti social-démocrate de Corée | ||||||
Parti Chondogyo-Chong-u | ||||||
Indépendants | ||||||
Chongryon | 5 | |||||
Total Front démocratique pour la réunification de la patrie | 687 | |||||
Total | 100 | 687 | ||||
Inscrits / participation | 99,99 |
Circonscription : Député
Lors de sa première session le , l'Assemblée issue de ces élections réélit Kim Jong-un à la présidence de la Commission des affaires de l'État, remplace Kim Yong-nam (âgé de 91 ans) par Choe Ryong-hae à la présidence du Présidium de l'Assemblée, et remplace Pak Pong-ju (âgé de 80 ans) par Kim Jae-ryong au poste de Premier ministre. Cette réorganisation des instances dirigeantes est perçue non seulement comme un rajeunissement qui s'imposait, mais aussi comme un moyen pour le jeune dictateur Kim Jong-un de consolider son autorité en « écartant des personnalités qui étaient en place bien avant qu’il n’accède au pouvoir, fin 2011 »[29],[30],[31].