L'expression accrétion minérale électrolytique (Electrolytic Mineral Accretion ou EMA pour les anglophones) désigne toutes les méthodes utilisant dans l'eau salée un courant électrique faible pour - via un effet anode - cathode favoriser l'accrétion minérale du côté de la cathode.
L'accrétion minérale (Mineral accretion ou MA ou Seacrete pour Sea-concrete, qui pourrait se traduire par « ciment marin » pour les anglophones) est un dépôt cristallisé et durable de sels minéraux insolubles (CaCO3 principalement en eau de mer). Ce dépôt serait plus facilement colonisé que d'autres matériaux, et les organismes qui y vivent y trouveraient plus facilement les sels minéraux utiles à leur croissance, tant que le champ électrique reste actif.
L'accrétion minérale électrolytique est une des techniques de génie écologique expérimentée et promue par Wolf Hilbertz depuis 1988, avec l'aide d'une ONG construite autour de ce projet (The Global Coral Reef Alliance) pour faire de la renaturation en milieu corallien. Les promoteurs de cette méthode parlent de récifs artificiels de troisième génération[1]. ils ont été créés à des fins d'abord expérimentales, puis de restauration de récifs fonctionnels susceptible de remplir les mêmes fonctions écologiques qu'un récif naturel.
Selon ses inventeurs et promoteurs, cette méthode (brevetée) permet une croissance cinq fois plus rapide des coraux, et peut également favoriser le développement d'huîtres, palourdes, langoustes et poissons.
Le matériau produit est aussi appelé Biorock. Les inventeurs et premiers grands promoteurs de cette technique ont été le Pr Wolf Hilbertz et le Dr Thomas Goreau, à la fin des années 1970.
Le principe est de « hâter l'œuvre de la nature » : Deux électrodes (éventuellement subdivisées) sont utilisées, le récif étant construit autour d'une cathode qui attire vers elle les ions positifs (principalement ceux du carbonate de calcium et de l'hydroxyde de magnésium (Mg(OH)2) abondamment présents dans l'eau de mer). La teneur augmentée du milieu en ces ions va peu à peu aider sa structure à se recouvrir d'une croute minérale. Ce substrat accueille un biofilm qui est lui-même favorable à l'ancrage et au développement d'organisme encroutants ou fixés.
Hilbertz expérimente le procédé dès la fin des années 1970[2].
Ces récifs sont surtout expérimentés dans l'océan Pacifique, notamment pour réparer les dégâts du dernier Tsunami, mais en 2008, des projets de type Biorock sont en cours de développement dans 15 pays au moins ; Maldives, Seychelles, Thaïlande, Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Mexique, Panama et dans une zone encore peu explorée, les bancs ou récifs de Saya de Malha (une zone du Nord-Est de l'océan Indien, grande comme la Belgique et pour partie située dans les eaux internationales, uniquement régie là par le droit maritime international.
Ce dernier site est, ou a été, celui d'une tentative de création d'une petite île artificielle auto-construite par des coraux sur une structure de base de type biorock. Hilbertz et Goreau y ont fait plusieurs expéditions sur la zone pour y expérimenter la création et culture des bases d'une petite île sur une structure d'acier ancrée à 11 mètres de fond (l'île serait selon certaines sources déjà nommée « Autopia » ou « Saya Autopia » et pourrait se déclarer comme micronation, même si beaucoup pensent qu'elle sera plutôt rapidement annexée par la proche île Maurice si le corail pousse suffisamment pour produire rapidement un véritable îlot[3].
Selon Wolf Hilbertz, scientifique et Professeur d'architecture à l'université du Texas (et qui se veut architecte des fonds marins) [4], un examen géographie et bathymétrique des zones favorables dans le monde pour un tel test l'a conduit à retenir trois sites potentiels d'expérimentation ;
Selon les promoteurs de cette méthode, c'est la seule méthode disponible pour aussi rapidement restaurer un récif, et notamment des récifs morts à grande échelle à la suite d'un tsunami ou à la suite du phénomène de blanchiment des coraux[6].
Ils pourraient éventuellement être un moyen de doper la fonction de puits de carbone des océans, sous réserve que ces récifs ne génèrent pas d'effets pervers (carence de l'eau en certains oligoéléments) soient ensuite capable de résilience écologique et qu'ils ne soient pas victimes d'un réchauffement excessif ou de l'acidification des océans ou d'autres facteurs de mortalité des coraux.
La méthode nécessite une source d'électricité, en général des panneaux solaires ou une petite éolienne flottante (sur bouée). Par ailleurs, le procédé est récent. il doit donc encore être évalué à moyen et long terme, et dans une grande variété de milieux, mais selon ses promoteurs, il semble à ce jour le plus efficace pour rapidement restaurer un récif.
Le récif doit être positionné à un endroit où les conditions nutritives, de courant et d'ensoleillement conviennent au procédé et au coraux. Le lieu doit présenter des caractéristiques convenant à l'attraction, la protection et la nourriture des espèces que le récif doit attirer et abriter.
Il doit aussi résister aux vagues et tempêtes ou tremblements de terre le cas échéant, voire aux tsunamis, dans la mesure du possible.
Des introductions de coraux et organismes permettent une colonisation plus rapide. Ces coraux doivent être prélevés localement et être réintroduits sur le récif artificiel de manière à retrouver de bonnes conditions d'habitat (hauteur, éclairement, nutriments, etc.)
En croissance osseuse dans le règne terrestre et aérien, l'accrétion minérale électrolytique doit être utilisée pour la réparation/soudure/réduction de fractures ou certaines maladies osseuses tel que par exemple (non limitatif) ostéoporose ou os de verre. Cette proposition, du fait de sa publication publique ne peut plus faire l'objet d'un brevet d'aucune façon, l'application en particulier à l'être humain ne peut être que gratuite y compris les micro ou nanoélectrolyseurs qui seraient implantés à cet effet.