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Al-Aqsa TV (en arabe : قناة الأقصى) est une chaîne de télévision palestinienne fondée en 2006 par le Hamas, qui diffuse depuis la bande de Gaza. Le contenu de ses programmes est fréquemment accusé d'incitation à la violence terroriste et d'antisémitisme. Elle lutte aussi contre l'occupation israélienne des territoires palestiniens reconnus par l'ONU ; elle est ainsi interdite de diffusion dans certains pays pour diffusion d'images de la violence de l'armée israëlienne contre les civils palestiniens.
La chaîne de télévision palestinienne Al-Aqsa TV est fondée en 2006 par le Hamas, mouvement islamiste palestinien constitué d'une branche politique et d'une branche armée, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, étant principalement actif à Gaza.
Elle porte le nom de la mosquée Al-Aqsa située sur l'esplanade des Mosquées/mont du Temple à Jérusalem.
La chaîne émet depuis le 9 janvier 2006 depuis la ville de Gaza[1]. Le haut responsable du Hamas, Fathi Hamad, ancien ministre de l'Intérieur du Hamas et membre du Conseil législatif palestinien, est le propriétaire de la chaîne[2].
S'inspirant des techniques du groupe chiite libanais Hezbollah, le Hamas cherche à gagner l'opinion de tous les Palestiniens en utilisant sa chaîne de télévision comme organe de propagande[3] ; en temps de conflit, elle met en valeur le combat du Hamas contre « l’occupant » israélien avec force infographies animées de roquettes s’abattant sur Israël[4],[5], dont elle vante les différents modèles de fabrication locale, et diffuse notamment « des traductions des versets coraniques inspirant ses opérations militaires » de façon codée[3],[6].
Sur la chaîne de télévision, une animation permanente dans le coin en bas à droite montre une main soulevant le Dôme du Rocher qui vient faire disparaître une étoile juive grise et jaune qui brille au-dessus de lui dans le plan et le lieu saint comme l'étoile explosent subitement en une boule de feu. Sous l’animation, se retrouvent les mots #JerusalemIntifada[7].
Outre les radios et les réseaux sociaux, Al-Aqsa TV se fait également le support de chansons très populaires de propagande, qui incitent ou rendent hommage aux agressions d'Israéliens. Elles portent des titres évocateurs : Amoureux des attaques au couteau (la chanson la plus populaire de toute une série de tubes du même genre), Poignarde le sioniste, Remplis la bouteille de feu ou Lève ton arme[7]. Une vidéo accompagne la chanson à succès, montrant des photographies des « martyrs héroïques » en alternance avec des films de caméras de sécurité de beaucoup des attaques elles-mêmes sur les Israéliens[7].
La télévision du Hamas diffuse régulièrement des programmes antisémites. Lors d'un entretien sur Al-Aqsa TV en 2014, un ancien député jordanien accuse les Juifs d’utiliser le sang des enfants musulmans et chrétiens (accusation de « meurtre rituel ») pour faire de la matza (pain azyme), en les qualifiant de cannibales et de menteurs[8]
À la suite d'une décision prise en juin 2010 par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) estimant que la chaîne Al‑Aqsa TV enfreint la législation française et européenne sur l'audiovisuel, le satellite Eutelsat cesse de diffuser la chaîne de télévision du Hamas sur son satellite Atlantic Bird 4A[9]
La même année, le gouvernement américain désigne Al-Aqsa TV comme un groupe terroriste[2].
L'ONG Reporters sans frontières dénonce le fait que lors des affrontements de 2014, le journaliste Ahmed Al-Khatib, correspondant de la chaîne du Hamas, est arrêté à Tulkarem, et de façon plus générale, qu'Israël semble viser les professionnels palestiniens de l'information[10].
Fin 2015, l’Autorité palestinienne demande à son propre organisme de radiodiffusion de suspendre indéfiniment la programmation en Cisjordanie de la chaîne de télévision du Hamas, afin de freiner les affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens[11].
En 2008, Israël a bombardé le siège du média quand la première guerre de Gaza avait éclaté[6]. En novembre 2018, Israël réduit en ruines le bâtiment d'Al-Aqsa TV, après des avertissements d'évacuation, lors d'un nouvel accès de tensions entre les deux belligérants. L’armée justifie son action en disant que la chaîne est « utilisée par [le Hamas] pour des activités militaires, dont l’envoi de message à des agents terroristes en Cisjordanie, des appels à mener des attaques terroristes et des instructions sur comment les perpétrer »[6]. Le montant des dégâts s'élève à hauteur d’environ 4,5 millions de dollars[6]. La chaîne de télévision reprend sa diffusion après avoir déménagé dans d'autres locaux[2].
Une étude parue en 2020 du Collège universitaire des sciences appliquées de Gaza enquêtant sur le concept d'Al-Quds (Jérusalem) présenté via la couverture d'Aqsa TV en 2018 et le degré d'importance que la chaîne accorde aux questions concernant cette ville, «révèlent que d'une part, le discours de la chaîne donne la priorité aux questions liées à la violente lutte israélo-palestinienne qui se déroule dans la ville tandis que, d'autre part, elle ignore les questions concernant les citoyens de la ville et leurs problèmes de la vie quotidienne. Une autre découverte suggère que bien que la chaîne considère Jérusalem comme le cœur du conflit, mais conformément à l'agenda du Hamas, l'attention de la chaîne se déplace vers d'autres événements violents dans les manifestations de la Grande Marche du Retour dans la bande de Gaza »[12]
En 2019, Benyamin Netanyahou signe une ordonnance de reconnaissance en tant qu'organisation terroriste[13]. Elle est constituée de programmes à caractère antisémite et faisant l'apologie du terrorisme, ce qui lui vaut d'être interdite de reprise sur tous les opérateurs satellites européens et internationaux.
La chaîne diffuse des programmes antisémites à l'adresse des adultes comme des enfants[14],[15]. Le , dans une émission éducative la télévision du Hamas, des enfants d'une dizaine d’années ont été présentés chantant en chœur vouloir « mourir en martyrs » en perpétrant des attentats suicides[16]. Toutefois, le Hamas affirme que ces médias seraient indépendants et rejette sa responsabilité sur ces programmes pour enfants[17],[18].
Israël considère la chaîne de télévision comme « une plate-forme centrale pour diffuser les messages d’incitation à la haine », mais également un canal utilisé par le Hamas « pour communiquer secrètement avec ses agents », dont notamment les activistes recrutés en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée[19],[2]. Cette découverte est le fait du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien[2].
En réaction à cette décision, le Hamas a dénoncé un « ciblage des institutions médiatiques » et « une tentative de diaboliser les Palestiniens pour empêcher que leur histoire atteigne le monde »[2].
Palestinian Broadcasting Corporation