Genre | tragédie en musique |
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Nbre d'actes | 5 |
Musique | Marin Marais |
Livret | Antoine Houdar de La Motte |
Langue originale |
Français |
Sources littéraires |
Métamorphoses d'OvideXI, 410–748 |
Création |
Académie Royale de Musique, Paris Royaume de France |
Personnages
Alcyone (ou Alcione) est un opéra du compositeur français Marin Marais. Il prend la forme d'une tragédie en musique en un prologue et cinq actes. Le livret d'Antoine Houdar de La Motte, est basé sur le mythe grec de Ceix et Alcyone tel que le raconte Ovide dans ses Métamorphoses.
La première représentation est donnée le par l'Académie royale de musique, au Théâtre du Palais-Royal rue Saint-Honoré, à Paris. La partition est particulièrement célèbre pour la scène de tempête de l'acte quatre. La Marche pour les Matelots, qui fait également partie de ce mouvement, est popularisée comme air de danse et est la base d'un chant de Noël paru vers 1860 dans les pays anglo-saxons, sur un texte de William Morris, Masters in This Hall[1].
L'opéra est considéré comme son chef-d'œuvre. Il est repris cinq fois jusqu'en 1771 et seulement en 1990 au concert et au disque. Alcyone a de nouveau été produit pour la scène en 2017, à l'Opéra-comique, par Jordi Savall et dans la mise en scène de Louise Moaty [2],[3].
Rôle | Voix | Créateurs (18 février 1706)[4] |
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Céïx, Roi de Trachines | Haute-contre (Ténor léger) | Marin Boutelou-fils |
Alcyone, Fille d'Éole | Dessus (Soprano) | Marie-Louise Desmatins |
Pélée, Ami de Céïx | Basse-taille (Basse) | Gabriel-Vincent Thévenard |
Phorbas, Magicien | Basse-taille | Jean Dun-père |
Ismène, Magicienne | Dessus | Mlle Dupeyré |
Doris, Confidente d'Alcyone | Dessus | Marie-Catherine Poussin |
Céphise, Confidente d'Alcyone | Dessus | Mlle Loignon |
Le Grand Prêtre de l'Hymen/Chef des Matelots/Neptune/Tmole | Basse-taille | Charles Hardouïn |
Un Matelot | Taille (Baryténor) | Jean-Louis Mantienne |
Une Matelotte | Dessus | Jeanne-Marguerite Aubert |
La Prêtresse de Junon | Dessus | Françoise Desjardins |
Le Sommeil | Haute-contre | Pierre Chopelet |
Phosphore, Père de Céïx | Haute-contre | Robert Lebel |
Un Suivant de Céïx | Haute-contre | Jean Boutelou[5] |
Apollon | Haute-contre | Jacques Cochereau |
Une Bergère | Dessus | Marie-Catherine Poussin |
Le dieu de la montagne Tmolus décide un concours musical entre Pan et Apollon, en faveur de ce dernier. Apollon souhaite un retour au règne de la paix dans le monde, symbolisé par les Alcyons.
Palais de Céïx – Céïx, Roi de Trachis et Alcyone, fille d'Éole, sont destinés au mariage. Pélée, le meilleur ami de Céïx, est aussi amoureux d'Alcyone. La cérémonie de mariage est perturbée par la magie de Phorbas (avec la magicienne Ismène), dont les ancêtres ont autrefois jugé Trachis et qui est contraint de se venger contre Céïx.
Céïx se rend à la grotte de Phorbas pour le supplier d'arrêter ses maléfices. Mais Phorbas dit à Céïx qu'il doit se rendre à l'oracle d'Apollon sur l'île de Claros pour entendre le verdict du dieu. En réalité, ces conseils sont destinés à « hâter les malheurs qu'il croit éviter » : le plan de Phorbas est de faire mourir Céïx.
Céïx s'embarque au port de Trachines (Ô mer, dont le calme infidèle ; Marches pour les matelots). Phorbas dit à Pélée qu'il a arrangé le voyage pour que Pélée puisse être libre de se faire connaître à Alcyone. Mais la conscience de Pélée est troublée, quand il voit Alcyone s'effondrer au départ de Céïx.
Alcyone se rend au temple de Junon pour prier le retour de Céïx en toute sécurité. Elle s'endort et dans un rêve évoqué par Sommeil (Air & Symphonie du Sommeil), elle voit un navire en difficulté sur une mer orageuse (Tempête).
Alcyone est pleine d'appréhension. Pélée avoue son amour pour elle et a tellement honte qu'il offre de se suicider. Alcyone voit un corps échoué sur la plage. Croyant qu'il s'agit de Céïx, elle s'exécute elle-même, avec l'aide d'une épée. Mais Neptune rend la vie aux amoureux et les rend responsables de l'apaisement des mers (Chaconne pour les Tritons).
L'œuvre fut « très applaudie » dès sa création[6] et reprise en 1719 et après la mort du compositeur en 1730, 1741[7], 1756 et 1771[8],[4]. Les éloges sont surtout destinés au musicien et son opéra considéré comme l'un des plus beaux du répertoire lyrique de l'Ancien Régime[8], au niveau de L'Europe galante (1697) d'André Campra[4]. L'usage, pour la première fois à l'Opéra, de la contrebasse[9] dans la Tempête (acte IV, scène 4), contribua à la réputation de l'ouvrage[8], éclipsant celle figurant dans Thétis et Pélée (1689) de Pascal Collasse[4], mais repris en 1724.
Les airs célèbres, dans une grande variété de ton, surent influencer Rameau lorsqu'il se consacra à la tragédie lyrique[8].
En 1741, il y eut même une parodie du même nom, montée à la Comédie-italienne, livret de Jean-Antoine Romagnesi et musique d'Adolphe Blaise[4].
Évrard Titon du Tillet, dans Le Parnasse françois[10] écrit :
« On ne peut s'empêcher de dire ici un mot de la tempête de cet Opéra, tant vantée par tout les Connoisseurs, & qui fait un effet si prodigieux. Marais imagina de faire exécuter la basse de la tempête, non seulement sur les Bassons & les Basses de Violons à l'ordinaire, mais encore sur des Tambours peu tendus[11], qui roulant continuellement, formant un bruit sourd & lugubre lequel joint a des tons aigus & perçans pris sur le haut de la chanterelle des Violons et les Haut-bois font sentir ensemble toute la fureur & tout l'horreur d'une mer agitée [...] »
— Le Parnasse françois, p. 626[12].
Cette tempête est si populaire qu'elle est insérée dans la reprise de Alceste de Lully en 1707 et citée dans Les fêtes vénitiennes par Campra en 1711, puis jouée pour Louis XIV à sa demande[13], dans sa résidence à Marly[14], et encore en 1715 dans une parodie de Télémaque de Destouches[15] à la foire Saint-Germain pour un public populaire[14].
De nos jours également, la partition est considérée comme son chef-d'œuvre[15],[13].
Lors de chaque reprise, Alcyone fut l'objet de nombreux remaniements ; c'est ce dont témoignent les partitions manuscrites conservées à la bibliothèque de l'Opéra de Paris[4]. Dès 1730, le prologue est écarté et supprimé définitivement en 1756 ; en contrepartie des ajouts viennent combler les manques. En 1771, la partition est considérablement transformée[4].
Reprise à l'Opéra-Comique le sous la direction de Jordi Savall dans une mise en scène de Louise Moaty.
Selon Jérôme de La Groce, le premier disque consacré à Marin Marais, se trouve être justement des extraits d’Alcyone, par Jean-François Paillard en 1956 (Erato)[16]. Cette suite instrumentale était réalisée par Alexandre Cellier. Suivent l'aria d'Alcyone du quatrième acte, et d'autres empruntées à l'opéra baroque dans un florilège, chanté par Ettel Sussman et dirigé par le chef d'orchestre de Louis de Froment (L'Oiseau-Lyre)[17]. En 1965, paraissent deux suites d'orchestre, respectivement par Jean-Louis Petit et le Concentus Musicus et Nikolaus Harnoncourt (pour Vanguard[18] et qui l'enregistre de nouveau en 1973 pour Telefunken)[19]. En 1980, Jean-Claude Malgoire grave quelques airs de danses (chez CBS)[20]. Jordi Savall a réalisé pour sa part un disque des seules suites orchestrales, utilisant la version de 1741, toujours dans la restitution de Jérôme de La Gorce :