Amicalement vôtre[a] (The Persuaders![b]) est une série téléviséebritannique en 24 épisodes de 50 minutes, créée par Robert S. Baker et diffusée entre le et le sur le réseau ITV. Elle met en vedette Roger Moore dans le rôle de Lord Brett Sinclair et Tony Curtis dans celui de Daniel Wilde.
La série met en scène deux hommes riches et quelque peu désœuvrés, diamétralement opposés : d'une part, incarné par Roger Moore, l'aristocratebritannique Lord Brett Sinclair, quinzième du nom, un beau parleur cultivé de Londres, calme et posé, vivant de ses rentes et attaché aux traditions véhiculées par sa famille ; d'autre part, un homme d'affaires américain sorti des bas-fonds de New York, énergique, espiègle et direct : Daniel Wilde dit « Danny », interprété par Tony Curtis.
Ils sont mis en relation par le juge Fulton (Laurence Naismith), un magistrat à la retraite qui a quelques comptes à régler avec la pègre, ce qui va les entraîner dans plusieurs missions périlleuses au cours desquelles ils devront démontrer l'étendue de leurs talents respectifs.
Les traits de caractère des deux protagonistes jouent avec les clichés fréquemment associés aux Britanniques et aux Américains d'une certaine classe sociale.
Robert S. Baker, le créateur de la série, est un réalisateur et producteur britannique à qui l'on doit plusieurs films d'aventures ou fantastiques. Également producteur de la série Le Saint, Robert S. Baker a l'idée du concept d'Amicalement vôtre à la suite de l'épisode 18 de la saison 6, intitulé Le Roi (The Ex-King of Diamonds)[4], diffusé le et dans lequel Simon Templar (joué par Roger Moore) rivalise avec un riche et oisif texan joué par Stuart Damon. Le nom de Rock Hudson circule pour servir de partenaire à Moore, mais les deux acteurs ont trop de points communs, physiquement parlant. Puis c'est celui de Glenn Ford, avec qui Moore ne s'entendait guère – selon son propre livre de mémoires[5]. C'est finalement Tony Curtis qui est engagé. Le personnage est de ce fait fondamentalement modifié, passant du riche cow-boy texan à l'homme d'affaires new-yorkais, plus proche de la personnalité de Curtis.
Les deux acteurs ont entretenu de bonnes relations en dépit de caractères diamétralement opposés. Dans une interview accordée par Tony Curtis au site officiel de Roger Moore en 2005, il évoquait ce dernier avec affection et disait qu'il n'aurait pas voulu tourner cette série avec quelqu'un d'autre que lui. Roger Moore définit leurs relations dans les termes suivants : « Tony et moi avions de bonnes relations à la ville comme à l'écran ; nous sommes deux hommes très différents, mais nous avions le même sens de l'humour. »
Toutefois, des tiers ont rapporté plusieurs incidents durant les tournages. Le producteur Lew Grade indique dans Still Dancing, autobiographie publiée en 1987, que les acteurs ne s'entendaient pas très bien à cause d'une conception différente de leur métier. Roger Moore, très appliqué, était toujours prêt à rejouer les scènes jusqu'à ce qu'elles soient bonnes, alors que Tony Curtis cherchait à les expédier le plus vite possible.
Dans une interview au British Film Institute en 2005, le réalisateur Val Guest a confirmé que le caractère impétueux de Tony Curtis a créé des incidents sur le tournage. Lorsqu'en 1973, Curtis et Moore ont remporté un Bambi en Allemagne pour la série et que la question d'une suite s'est posée, Roger Moore aurait déclaré : « Avec Tony Curtis, jamais de la vie ! »
Roger Moore a été très impliqué dans le tournage puisqu'il a réalisé deux épisodes et dessiné lui-même les tenues portées par son personnage (voir crédit au générique de fin).
L'essentiel des épisodes se déroule au Royaume-Uni et dans le sud de la France. C'est au cœur même de Londres, devant un immeuble situé Queen Anne's Gate, que furent tournés les extérieurs de l'appartement de Lord Brett Sinclair.
Les tournages à Londres avaient lieu le dimanche pour éviter la circulation excessive de la semaine. Les studios utilisés furent ceux de la Victorine à Nice, pour leur position dans le sud de la France, et ceux de Pinewood à Londres, en particulier en raison de leur proximité avec un important domaine forestier[6],[7].
Dans L'Ami d'enfance, la scène finale a été tournée au mont Chauve, au-dessus de Nice.
Le traitement réservé aux personnages français est souvent peu flatteur (par exemple, les rôles du commissaire de police de Nice dans La Danseuse et du douanier à la frontière franco-italienne dans Les Pièces d'or notamment, sans parler de la douane italienne, absolument tournée en ridicule dans cet épisode), à la limite des clichés (tenues, attitudes…).
Le célèbre thème du générique d'Amicalement vôtre est signé John Barry.
En 1971 sort un disque 45 tours du thème du générique[10], qui a d'abord été officiellement commercialisé en 1971 par CBS, dans une version réorchestrée par John Barry, en stéréo, au rythme légèrement plus lent que celui de l'enregistrement utilisé pour le générique original[c] (avec en face BThe Girl with the Sun in Her Hair, version réorchestrée par John Barry de sa mélodie composée en 1967 pour la campagne publicitaire des shampoings Sunsilk).
En 1972, le thème du générique figure sur de nombreuses compilations, dont la première, Theme from The Persuaders!, réalisée en 33 tours par CBS, et depuis rééditée en CD.
En 2009 sort la compilation The Music of ITC[11], un CD distribué par Network. Cette compilation de musiques de séries britanniques des années 1960 et du début des années 1970 (dont Amicalement vôtre, Le Saint, Destination Danger, L'Homme à la valise, Le Prisonnier, Jason King, Poigne de fer et séduction...) a la particularité de présenter des morceaux provenant de bandes audio et masters originaux. Sous le titre Main Titles la version du générique de début d'Amicalement vôtre y est ainsi présentée dans sa version originale plus rapide, en son monophonique, d'une durée de 1 minute 12, différente de la version commercialisée depuis 1972, plus longue d'une minute et en stéréo. La chanson Gotta Get Away figure aussi sur cette compilation, en son monophonique[d]. Elle n'avait jamais fait l'objet d'une diffusion commerciale.
Ken Thorne a réalisé la musique instrumentale qui accompagne pratiquement chacune des séquences de la série. Elle n'a fait l'objet d'aucune édition avant l'inclusion de quelques morceaux dans la compilation The Music of ITC[11], un CD distribué par Network en 2009 ;
le compositeur anglais David Lindup(en) a composé et dirigé la musique de deux épisodes, Le coureur de dot et Les pièces d'or[16] ;
plusieurs chansons ont aussi été utilisées : Gotta Get Away[e], écrite et interprétée par Jackie Trent et Tony Hatch(en), composée spécialement pour accompagner la course-poursuite entre Brett Sinclair et Danny Wilde, de l'aéroport de Nice-Côte d'Azur à l'hôtel de Paris à Monte-Carlo, dans Premier contact (1er épisode) ; Groovy City (1967) composée par Cliff Johns et interprétée par The Screaming Najgers[f], source music pour les scènes de discothèque des épisodes Un ami d'enfance (où Danny Wilde rencontre Angie) et Un risque calculé (séquence avec les sœurs jumelles) ;
The Stripper (1962), célèbre composition instrumentale de David Rose, est entendue dans l'épisode Sept millions de livres, lorsqu'apparaît Mandy la superbe gouvernante de Brett Sinclair.
Danny Wilde roule en Dino 246 GT (la marque Dino était une filiale de Ferrari)[17]. Brett Sinclair en Aston Martin DBS, immatriculée BS1 dans la série ; la voiture, présentée et badgée comme une DBS V8, équipée de jantes GKN en alliage, était en réalité une DBS 6 cylindres. Le feuilleton représentait alors une formidable promotion pour la marque, notamment aux États-Unis, mais la version V8 n'était pas prête commercialement à la date du tournage[18]. L'exemplaire de la série, de couleur Bahama Yellow[18], a été racheté en 1995 par un fan de la série, qui l'a fait restaurer dans son état d'origine[19].
La Rolls-Royce, une Silver Shadow berline grise de 1967 (châssis SRH2971), vue dans l'épisode L'un et l'autre, est la voiture de cette marque la plus filmée dans l'histoire du cinéma et de la télévision. Elle fut utilisée et filmée dans de nombreuses productions de 1968 à 1983 (source imcdb.org). Un site internet est dédié à cette automobile : shadow1967.weebly.com.
Comme dans beaucoup d'adaptations de l'époque, la version française prend certaines libertés par rapport à la version originale. Aussi il arrive que les comédiens doublant les voix anglaises des acteurs de la série rajoutent ou modifient des répliques.
Exemples :
dans le premier épisode (celui qui comporte le plus d'improvisations croustillantes dans la version française), le duo marchant au milieu des débris à la suite de leur bagarre avec des hommes de main, Danny déclare en français : « Mais qui c'est qui laisse traîner ça par terre ? Écoutez, ça fait désordre à la fin ! Mettez tout ça sur ma note et réservez-nous une table pour demain. J'adore cette ambiance familiale ! », alors que, dans la version originale, il demande simplement à réserver une table pour leur retour ;
dans ce même épisode, Danny, en sortant de l'avion, dit aux hôtesses : « N'abusez pas trop de votre physique ! », alors que, en anglais, il leur demande simplement de remercier le propriétaire de l'avion pour son prêt ;
dans l'épisode Regrets éternels, Michel Roux (voix française de Tony Curtis) dit : « Il a compris ! » alors que dans la version originale anglophone, Curtis se contente de sourire à l'image.
L'humour britannique de Roger Moore et les facéties de Tony Curtis assurent le spectacle. Cependant, la série, concurrencée notamment par Mission impossible, ne convainc pas le public américain. Le succès mitigé, le départ de Roger Moore pour le cinéma (où il accepte de remplacer Sean Connery dans le rôle de James Bond) ainsi que l'échec de la diffusion aux États-Unis où seuls 20 des 24 épisodes produits sont diffusés, sur le réseau ABC, entraînent l'arrêt de la série, le réseau américain étant le financier principal de la série[20].
Autre élément ayant joué dans la balance : afin de réduire les coûts, la production souhaitait revenir à un tournage intégral en studio, au Royaume-Uni, alors que Moore et Curtis voulaient pour leur part continuer à tourner les extérieurs en Europe continentale.[réf. nécessaire]
Roger Moore ne disposant pas de cliché correct de lui enfant, celui censé représenter Brett Sinclair jeune dans le générique, est en fait une photo de son fils Geoffrey[21].
Michel Roux raconte que Tony Curtis était très content de sa voix française, au point qu'il lui aurait demandé d'assurer par contrat tous ses doublages à venir.
: Amicalement vôtre, édition ultime en images remastérisées en HD - 6 Blu-ray (+ 2 DVDs de bonus) ou 8 DVD chez TF1 Vidéo.
À noter : à la suite de nombreuses plaintes des acheteurs, l'édition Blu-ray n'existe plus à la vente pour le moment. En effet, l'éditeur a commis l'erreur de proposer 9 épisodes (sur 24) en SD, alors que tous les autres épisodes étaient en HD. Cette erreur a par la suite été corrigée (parmi d'autres) dans de nouveaux coffrets identiques mais avec une pastille bleue collée à l'arrière sur les blisters. Mais comme il semble y avoir eu des confusions entre les anciens et les nouveaux coffrets sur les sites de vente, l'éditeur ne propose plus que la version DVD (dans une nouvelle édition).
Plusieurs longs métrages ont été produits entre 1974 et 1980, réalisés à partir d'épisodes de la série remontés, et destinés à des chaînes câblées américaines ou des sorties cinéma en Europe : Mission Monte-Carlo (1974) Sporting Chance (1976), London Conspiracy (1980).
Des aventures inédites de la série ont été réalisées en bande dessinée pour l'hebdomadaire Pif Gadget, sous licence d'ITC. Les dessins étaient de Marcello et les textes de Víctor Mora[22],[23].
↑La version 45 tours a une durée de 2 minutes 12 contre 1 minute 12 pour la version originale utilisée pour le générique.
↑Une version en son stéréo existe et peut être trouvée sur internet.
↑Les crédits pour Gotta Get Away figurent au générique de fin de l'épisode Premier Contact, le nom des auteurs et interprètes y étant placés dans cet ordre : Jackie Trent and Tony Hatch. Sur le site officiel de Tony Hatch, Gotta Get Away y est classée dans la rubrique TV or Film Theme or Song. Jackie Trent, auteur des paroles, était à cette époque une chanteuse populaire en Grande-Bretagne et la femme de Tony Hatch, lui-même un producteur, arrangeur, et compositeur de musiques pour la télévision ainsi que de chansons, dont le succès international Downtown créé en 1964 par Petula Clark.
↑L'orthographe du groupe est bien « The Screaming Najgers », contrairement à ce qui peut se lire parfois sur internet. Un disque 45 tours du morceau instrumental a été commercialisé en Angleterre en 1967 par Chappell Recorded Music sous la référence C.907A. Groovy City figure également sur la compilation Various Artists (disque 33 tours) de la même maison de disques, référence LPC 903-907.
↑ a et bCette édition ne respecte pas l'ordre chronologique de la série : 1-10-17-23/5-2-9-3/7-11-4-22/19-15-24-8/6-13-16-12/20-18-21-14 + 1 DVD bonus.
↑Neo, Persuaders, CD Maxi single, EMI Quint – 7 24388 68632 7, sorti en 1999. Musiciens du groupe Neo : Mátyás Milkovics, Péter Kőváry, et Enikő Hodosi.
↑Camille Bazbaz, Amicalement vôtre, extrait de TV Maniak, album 4 titres à télécharger en MP3, sorti en avril 2008.
↑Véronique Denize et Éric Martinet, Amicalement vôtre, op. cit., page 34. David Lindup n'est pas crédité au générique de ces épisodes.
↑Matthieu Turel, « Tony Curtis, Amicalement vôtre et la Ferrari Dino 246 GT », Le Parisien, (lire en ligne)
Didier Liardet, Amicalement vôtre : L'Apologie des contraires, Yris, coll. « Télévision en séries », (réimpr. Nouvelle édition grand format 2020), 328 p. (ISBN978-2-912215-46-8)
Véronique Denize et Éric Martinet, Amicalement vôtre, 8e Art, Paris, 1992