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Coordination française pour le lobby européen des femmes () Ligue du droit international des femmes (d) Ligue du droit des femmes (d) |
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Annie Sugier, née en 1942, est une physicienne et féministe française.
Annie Sugier a fait des études primaires en Argentine et au Brésil, ses études secondaires en France et en Espagne, ses études universitaires en France à la Faculté des sciences d'Orsay.
Annie Sugier s'est d'abord spécialisée en chimie industrielle dans le domaine du retraitement des combustibles irradiés. en tant qu'ingénieur au CEA (direction des productions qui allait devenir la COGEMA, puis Areva) Elle a ensuite été nommée responsable des programmes de recherche sur le traitement et le conditionnement des déchets radioactifs avant de devenir, en 1989, directrice déléguée au démantèlement des installations nucléaires du CEA. Elle a été la première femme au CEA à avoir le titre de directrice. À partir de 1992, elle a intégré l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (qui dépendait alors du CEA et qui deviendra en 2002 un organisme indépendant, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire). Elle occupera le poste de directrice déléguée à la radioprotection. À ce titre, elle sera responsable de l'évaluation des données scientifiques nécessaires à l'établissement de normes de radioprotection. Elle a ensuite été conseillère auprès du directeur général de l'IRSN pour la radioprotection et chef de la division d'ouverture à la société.
Reconnue au niveau international pour ses compétences dans le domaine de la radioprotection, elle a occupé pendant une décennie les postes d'experte auprès de la Commission européenne dans le cadre du groupe dit des Experts de l'Article 31 (traité Euratom), d’experte membre du Comité de radioprotection de l'AIEA et d’experte membre d’un comité technique de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Du fait de ses compétences en radioprotection et de la crédibilité qu'elle a su acquérir auprès d'experts appartenant au monde associatif, elle a été nommée en 1997 par les ministres de la santé et de l'environnement, présidente du « Groupe Radioécologie Nord Cotentin » (GRNC). Ce groupe « d’expertise pluraliste », dont la création a constitué une première dans le domaine nucléaire, a été mis en place à la suite de la polémique scientifique suscitée par une étude épidémiologique émettant l'hypothèse d'un lien entre les rejets de l'usine de La Hague et une incidence élevée de leucémies chez les jeunes dans les environs de l’usine. Cela a donné lieu à de nombreux articles de la part de spécialistes de la gestion des risques, de journalistes et sociologues[2]. Annie Sugier a créé, sur le même modèle, un deuxième groupe d'expertise pluraliste, à la demande des ministres de la santé, de l’économie et de l'industrie, concernant les anciennes mines d'uranium du Limousin, afin d'évaluer leur impact environnemental.
Au sein de la CIPR, elle est la première femme à présider l'un des cinq comités techniques (le comité 4 chargé des applications au système réglementaire). Dans ce cadre, elle joue un rôle majeur dans la rédaction des nouvelles recommandations de la CIPR (publication 60) et elle dirige la rédaction de publications plus spécialisées sur la gestion des situations d’urgence et des territoires contaminés.
Annie Sugier est également, pendant deux mandats, membre du Conseil scientifique de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, membre du Conseil scientifique du Bassin Seine-Normandie et membre du Conseil scientifique des Écoles des Mines. Elle a été présidente pendant deux mandats du Conseil scientifique du Centre d'étude sur l'évaluation de la protection dans le domaine nucléaire.
Dès les années 1970, Annie Sugier s’est engagée dans le mouvement de libération des femmes. Elle a été l'une des fondatrices de la Ligue du droit des femmes en 1974. Elle a ouvert le premier refuge pour femmes battues à Clichy en 1978 avec le soutien de Simone Veil.
Présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF, créée en 1983 par Simone de Beauvoir), elle s'est attaquée au niveau international à la notion de relativisme culturel par opposition à l’universalisme du droit des femmes. Elle a également mené un combat contre les violences dont sont victimes les jeunes filles issues de l’immigration : excision, retour forcé au pays, crimes d’honneur. Une autre action majeure fut celle dite des « mères d’Alger », contre les enlèvements d’enfants issus de couples franco-algériens qui a donné lieu à la signature d’une convention entre la France et l’Algérie. La LDIF a joué un rôle majeur dans le cadre de la procédure judiciaire à la suite de l’affaire de Sohane morte brûlée vive à Vitry-sur-Seine (constitution de partie civile au nom de la LDIF et obtention de la qualification de crime sexiste, une première en France). Après avoir participé à Riposte laïque, elle a quitté la rédaction du journal électronique de celle-ci à l’été 2010 n’étant plus d’accord avec le ton et les alliances conclues par le groupe.
Son autre combat est celui du sport et en particulier des Jeux olympiques (à travers une association spécialisée : le Comité Atlanta + créé en 1995) afin de dénoncer l'apartheid sexuel et les discriminations à l’encontre des sportives. Elle a publié Femmes voilées aux Jeux olympiques sur les 20 ans du combat du « Comité Atlanta+ », un groupe créé par la Ligue du droit international des femmes sur la question des femmes et du sport. Lors des JO de Londres en 2012, une brochure Londres 2012: Justice pour les femmes a été publiée sous sa direction et celle de Linda Weil-Curiel, suivie pour les JO de Rio en 2016 par une nouvelle brochure intitulée Appliquez la Charte olympique.
Annie Sugier a fait partie du jury du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. Elle est membre de la CLEF (Coordination Française du Lobby Européen des Femmes) et membre du MPCT (Mouvement pour la paix et contre le terrorisme)[3]. Elle a été auditionnée à l'Assemblée nationale, par la mission d’information sur la question du port des signes religieux à l’école en 2003 et par la mission sur le voile intégral en 2010, ainsi qu'au Sénat, par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, au sujet de l'égalité des femmes et des hommes dans le sport.
Elle est membre du Parti socialiste. Elle publie régulièrement des tribunes dans Libération et Le Monde.
Elle a passé son brevet de pilote d’avion privé, et a pratiqué ce sport pendant une décennie.
Annie Sugier est officière de la Légion d’honneur et commandeure de l'ordre national du Mérite.