L’antispaste (du grec ancien ἀντίσπαστος s.-e. πούς, « pied tiré à l’envers » ; latin antispastus) est un piedtétrasyllabique de la métrique antique et notamment de la poésie grecque et latine. Il est composé de deux syllabes brèves encadrant deux syllabes longues et se note | ∪ — — ∪ |.
On peut le décomposer en un iambe suivi d’un trochée. Parfois la langue russe le nomme d’ailleurs ямбохорей (littéralement : iambochorée). C’est l’inverse du choriambe.
Il n’est pratiquement usité que dans le choliambe, en poésie grecque et latine[1]. Mais il s’en trouve dans les langues modernes de métrique syllabo-tonique.
Lieber! Ganz im Vertrauen gesagt: Es buhlt mit dem Ehrgeiz
| — ∪ — ∪ | ∪ — — ∪ | ∪ — ∪ ∪ — |
| Deine Andacht; | du trägst Hörnlein, | und Satanas lacht. |
(« À un prédicateur », An einen Prediger)
Un autre antispaste apparaît chez Johann Heinrich Voß dans « Tobacksode » écrit en grand asclépiade :
|— — | — ∪ ∪ — | — ∪ ∪ — | — ∪ ∪ — | ∪ X |
Nein, Tobackus! dein Brandopfer entweih’ üppiger Frevel nie!
(en dépit du schéma métrique, « dein Brandopfer » forme un antispaste)
Johannes Minckwitz décrit ce pied dans le contexte de la langue et de la poésie allemandes : « Ce pied semble être de par sa nature destiné à révéler les luttes et les affres de l'âme, l'antagonisme et la résistance ; ce qui est douloureux et suscite des lamentations se déverse à travers cette forme comme une rivière sur les rochers. »[3]