Un appareil respiratoire isolant (ou ARI) a pour but de créer et de maintenir une atmosphère respirable isolé de l'air extérieur vicié ou contaminé. Il assure une protection oculaire par le port de sa pièce faciale ou masque. Celui-ci protège également des rayonnements et phénomènes thermiques et des lésions que pourraient subir les voix aériennes.
L'histoire des appareils respiratoires a commencé en 1835 à Paris avec la blouse Paulin, du nom de son inventeur. Cet appareil était composé d'une cagoule en cuir couvrant la tête et le torse, d'un soufflet et de tuyaux. Un homme à l'extérieur était chargé d'alimenter son collègue en air frais à l'aide du soufflet[2],[3]. Il lui fallait veiller à ne pas se trouver lui-même dans la fumée !
En 1864, Jean-Pierre Albert Galibert invente un appareil respiratoire qui est utilisé avec succès dans le sauvetage des mineurs[4] ainsi que par les employés de chemin de fer lors des traversées des tunnels[5].
Les premiers vrais appareils autonomes sont apparus au tout début du XXe siècle, sous la forme d'appareils à circuit fermé tel que l'appareil mis au point par Ernest Guglielminetti[6] (1891) ou l'appareil d'échappement submergé de Davis (1910). Leur principe n'a d'ailleurs quasiment pas changé.
Ce n'est que dans les années 1960 que les premiers appareils à air comprimé ont vu le jour. D'un maniement et d'un entretien plus simples, ils se sont rapidement imposés chez les sapeurs-pompiers.
Appelé aussi ARICO, l'appareil moderne se compose :
Sur certains appareils, un dispositif permet de se connecter à un narguilé pour augmenter l'autonomie du porteur et n'utiliser la bouteille qu'en cas d'urgence. Ceci est notamment utilisé lors d'interventions en milieu chimique.
Les bouteilles sont fabriquées en acier ou en fibres de carbone. Les bouteilles en acier ont l'avantage d'être très fiables, par contre elles sont également très lourdes (une quinzaine de kg). Les bouteilles composites sont plus légères (une dizaine de kg) mais demandent une attention et un entretien particuliers. Le volume des bouteilles est généralement de 6 à 9 litres, permettant une autonomie de 20 à 40 minutes selon l'effort du porteur.
Il existe également des appareils à circuit fermé (ARICF), dans lesquels l'air circule en boucle (le porteur respire toujours le même air). Expiré, il est purifié (le dioxyde de carbone étant fixé par un produit chimique type chaux sodée) puis se voit adjoindre un volume d'oxygène pur (env. 1,5 l/min). Enfin, il est parfois refroidi par de la glace avant de retourner vers le porteur. En effet, la réaction chimique assurant la purification de l'air est exothermique, et l'air peut atteindre 70 °C en quelques dizaines de minutes. L'ARICF réutilise l'air en boucle, ce qui lui donne une grande autonomie par rapport à l'ARICO, cependant cet air circulant en boucle chauffe et devient relativement chaud ce qui peut entraîner de faibles brûlures sur le visage du porteur. Le port de cet ARICF nécessite d'avoir suivi une formation. Ces appareils permettent une autonomie allant d'une à quatre heures. Ils sont principalement utilisés par les Groupes d'Exploration de Longue Durée (GELD) qui sont formés à les utiliser.
En cas d'urgence, l'appareil peut se mettre seul, mais idéalement l'équipement se fait à deux, le second vérifiant la mise en place. Cela s'appelle le contrôle croisé ou RAPACE. On s'attarde surtout sur la mise en place de la pièce faciale (le masque) afin de s'assurer qu'il ne présente aucune fuite. Lorsque le porteur a ouvert sa bouteille, il lui suffit de faire une apnée, si un sifflement au niveau de la face survient, c'est qu'il y a une fuite.
Points de contrôle :
Au repos, le porteur doit respirer normalement, sans forcer.
On calcule l'autonomie du porteur d'ARICO par le rapport
où est la pression de la bouteille lue sur le manomètre, le volume en litre de la bouteille (gravé sur la bouteille) et est le débit d'air qu'utilise le porteur (cf. Loi de Boyle-Mariotte).
Si on ne connait pas ce débit, on peut l'estimer à 90 litres par minute (norme sapeur-pompier en France).
Les pompiers utilisent des appareils respiratoires isolants en circuit ouvert (ARICO) ou en circuit fermé (ARICF) pour certains spécialistes. Ils sont portés dans toutes les situations de feu en milieu clos ou semi-clos, ainsi que pour les feux d'extérieur générant beaucoup de fumée (par exemple feu de véhicule) et dans les situations où l'on soupçonne une atmosphère toxique (par exemple fuite de produit dangereux). Tous les Binômes d'Attaque (BAT) en sont équipés et se vérifient mutuellement (pression, sifflet, étanchéité) en ouvrant le robinet, respirant une bouffée ou deux puis en lisant la pression sur le manomètre, en fermant le robinet jusqu'à entendre le sifflet puis sentir l'étanchéité lorsque le masque se plaque sur le visage.
Les robinets des bouteilles sont dirigés vers le bas : d'une part cela permet au porteur d'ouvrir la bouteille qui serait restée accidentellement fermée, et d'autre part, le robinet est ainsi protégé de la chute d'un objet.
Les ARI comportent une, deux ou trois bouteilles gonflées à 200 ou 300 bars. Ils sont parfois munis d'une cagoule étanche qui permet de faire respirer une autre personne, dans le cadre d'un sauvetage. De nos jours, les bouteilles sont seules, et ont un volume compris entre 6 et 9 L gonflés à une pression d'utilisation de 300 bars. La pression minimale d'engagement est de 280 bars.
Lors de leur engagement, les binômes sont équipés d'une balise sonore de localisation ou dispositif de l'homme mort, qui se déclenche manuellement ou si le porteur ne bouge plus pendant un certain temps. Les binômes ont également une ligne guide (qui peut-être un établissement de tuyaux dans certains cas) qui leur permet de revenir sur leurs pas quand l'alarme de mi-charge retentit.
Pour le port des tenues NRBC, il existe des ARI contenant un système de climatisation, le froid étant produit par l'évaporation de carboglace[7]. Ceci permet de limiter les risques d'hyperthermie maligne d'effort. En effet, avec tout l'équipement de protection individuel, les sapeurs-pompiers sont soumis à un effort très intense.
Enfin, il existe des groupes spéciaux formés au port des appareils respiratoires isolants à circuit fermé (ARICF) qui permettent de rester plus longtemps dans une atmosphère dangereuse mais nécessitent une formation particulière et une très bonne condition physique. Ce sont les Groupes d'Exploration de Longue Durée (GELD).
Liste non exhaustive.