Armée nationale syrienne | ||
Idéologie | Nationalisme syrien Islamisme sunnite (en partie) Nationalisme turc (en partie) Néo-ottomanisme (en partie) |
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Objectifs | Renversement du régime baasiste de Bachar el-Assad et du Système fédéral démocratique de Syrie du Nord | |
Statut | Actif | |
Fondation | ||
Date de formation | ||
Pays d'origine | Syrie | |
Actions | ||
Zone d'opération | Gouvernorat d'Alep | |
Organisation | ||
Chefs principaux | Selim Idriss Haitham Afissi |
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Membres | 20 000 à 35 000[1],[2] (en 2018) 50 000 à 110 000 hommes[3],[4] (en 2019) |
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Fait partie de | Armée syrienne libre | |
Soutenu par | Turquie | |
Deuxième guerre civile libyenne Seconde guerre du Haut-Karabagh Guerre du Sahel |
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L'Armée nationale syrienne (ANS) (arabe : الجيش الوطني السوري, al-Jayš al-Watanī as-Sūrī) est un rassemblement de groupes rebelles soutenus par la Turquie, fondé en 2017 lors de la guerre civile syrienne. Elle est formée par la réunion des groupes de l'Armée syrienne libre du nord de la Syrie, d'Ahrar al-Cham, de Jaych al-Islam et de divers autres groupes.
À partir de 2020, certains de ses combattants sont utilisés comme mercenaires par la Turquie et interviennent en Libye et dans le Haut-Karabagh.
L'Armée nationale syrienne (ANS) est formée après l'opération Bouclier de l'Euphrate par le rassemblement de plusieurs dizaines de groupes rebelles soutenus par la Turquie[1],[5]. Sa fondation est annoncée en , mais c'est en qu'elle est réellement formée[1].
L'ANS est rattachée théoriquement au « gouvernement intérimaire syrien » présent à Gaziantep, mais dans les faits elle est sous les ordres de la Turquie[6],[4],[7],[8].
Le , le Front national de libération rallie l'Armée nationale syrienne[9],[10],[7].
Dans l'ensemble, l'Armée nationale syrienne rassemble des factions issues de l'Armée syrienne libre et des groupes islamistes indépendants[11], avec des groupes locaux et des unités issues des régions de Damas, Homs et Deraa[8].
Les idéologies des différents groupes de l'Armée nationale syrienne sont assez diverses[1],[8]. L'ANS reprend les codes de l'Armée syrienne libre[1]. Certains groupes sont plutôt islamistes[1],[4].
Pour le journaliste Wassim Nasr, la dimension idéologique n’est pas primordiale : « C’est un grand micmac. Il y a ceux qui sont proches des Frères musulmans et qui considèrent qu’Erdogan est aujourd’hui le chef de ce courant, mais, globalement, je ne les qualifie pas idéologiquement : ce sont d’abord et avant tout des supplétifs. La dimension mercantile domine, ils vont là où on les paie »[7].
Pour Thomas Pierret, chercheur au CNRS : « Il n’y a pas d’unité idéologique parmi ces groupes. Leur seul point commun est qu’ils se sont établis à un moment ou à un autre dans la région d’Alep »[11].
Pour le New York Times, « très mal nommée », l'Armée nationale syrienne, est « en fait en grande partie composée de la lie du mouvement rebelle du conflit, vieux de huit ans ». Pour Elizabeth Tsurkov, membre du Foreign Policy Research Institute, « ce sont essentiellement des gangsters, mais ils sont également racistes envers les Kurdes et les autres minorités »[12].
L'Armée nationale syrienne est commandée par le colonel Haitham Afissi[2]. La 3e légion est dirigée par Abou Riyadh, issu du Front du Levant[1]. Le porte-parole est Youssef Hammoud[13],[4].
En 2019, le général Selim Idriss devient le ministre de la Défense du Gouvernement intérimaire syrien et le commandant en chef de l'Armée nationale syrienne[9],[7].
En 2018, l'Armée nationale syrienne compte entre 20 000 et 35 000 hommes entraînés et équipés par la Turquie[1],[2].
En , après sa fusion avec le Front national de libération, l'ANS revendique 80 000 combattants[4]. Cependant d'autres effectifs sont donnés à la même période : le général Selim Idriss parle ainsi de 50 000 hommes dans les rangs de l'ANS ; un commandant, Mustafa Secari, déclare que l'ANS dispose de 100 000 hommes, tandis qu'Adnan Ahmed, un commandant adjoint, affirme qu'elle compte 110 000 combattants, dont 70 000 issus du Front national de libération[3]. En 2024, le journal Le Monde indique que les effectifs de l'ANS auraient rassemblé 30 000 à 70 000 hommes selon les périodes et selon les sources[8].
Les combattants de l'ANS sont entraînés et rémunérés par la Turquie[4]. La plupart des combattants sont Arabes mais l'ANS compte également une minorité de Turkmènes et de Kurdes[8]. Certains groupes, comme le Liwa Sultan Souleymane Chah, la Division al-Hamza et la Division Sultan Mourad, sont pleinement alliées à la Turquie[8].
Les forces de l'Armée nationale syrienne sont divisées en quatre légions qui rassemblent elles-mêmes plusieurs groupes rebelles :
L'Armée nationale syrienne est initialement basée dans la région d'al-Bab[2]. En 2018, elle s'empare de la région d'Afrine après l’opération Rameau d'olivier contre les Forces démocratiques syriennes[1]. En 2019, elle prend part à l'opération Source de paix[7].
En , la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan décide de venir en aide au Premier ministre libyen, Fayez el-Sarraj, soutenu par l'ONU, face à une campagne de plusieurs mois menée par son rival, le chef de guerre Khalifa Haftar[18]. À partir de , des rebelles syriens de l'Armée nationale syrienne sont envoyés à Tripoli[19],[20]. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plusieurs combattants syriens appartenant notamment à la Division Sultan Mourad, à Suqour al-Cham, à la Brigade al-Moutasem, à la Division al-Hamza, à Faylaq al-Cham, au Liwa Suqour al-Chamal et au Liwa Sultan Souleymane Chah ont signé un contrat pour un engagement de trois à six mois en Libye en échange d'un salaire de 2 000 à 2 500 dollars — contre 50 à 70 dollars en Syrie — et la nationalité turque[20],[21],[22],[23],[24]. En février 2020, le nombre des mercenaires syriens présents en Libye est d'environ 4 700 selon l'OSDH[25]. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan reconnait officiellement la présence en Libye de supplétifs syriens le [26].
En 2020, des mercenaires de l'ANS interviennent dans le conflit au Haut-Karabagh, aux côtés des forces de l'Azerbaïdjan[27],[28].
À partir d', la Division Sultan Mourad de l'ANS commence à envoyer des combattants au Niger, au Burkina Faso et au Nigeria afin de protéger les intérêts turcs dans la région du Sahel[29]. Les mercenaires de l'ANS sécurisent des bases militaires et des sites de recherche d'or turcs mais participent également à des affrontements avec la État islamique dans le Grand Sahara et Boko Haram[30].
Lors des opérations Rameau d'olivier et Source de paix, l'Armée nationale syrienne se rend coupable d'exécutions sommaires et de pillages, lui donnant selon L'Orient-Le Jour une « image de soldatesque indisciplinée »[4],[31].
Le , un rapport des enquêteurs de la Commission indépendante internationale sur la Syrie (en) dans le cadre de l'ONU dénonce les exactions commises contre les populations kurdes par les forces de l'Armée nationale syrienne : tortures, viols, assassinats, pillages systématiques, rackets, déplacements forcés, appropriations forcées de propriétés civiles, détentions arbitraires et enlèvements[32].