Artaserse est le nom de plusieurs opéras italiens. La plupart sont basés sur un livret de Métastase.
L’argument est tirée d'un épisode rapporté par Justin[1].
L’histoire se passe en Perse, à Suse, capitale des Achéménides, et met en scène la succession du roi Xerxès Ier (Serse), assassiné par le chef de la garde royale, Artaban (Artabano).
Celui-ci fait accuser Darius (Dario), le fils aîné, et installe sur le trône Artaxerxès Ier (Artaserse), le cadet, qu’il compte éliminer plus tard pour monter lui-même sur le trône.
Ce complot échoue finalement, et la trahison d'Artaban est découverte.
Le drame est épicé par les chassés-croisés amoureux entre Artaserse et sa sœur Mandane, et Arbace et sa sœur Semira.
Le livret de Métastase est l'un des livrets qui a été le plus mis en musique : en effet, on compte plus de 108 versions !
La première a été celle de Leonardo Vinci, Artaserse, créée le à Rome au Teatro delle Dame, dont les représentations ont vite été interrompues par la mort de Benoît XIII, avant de connaître un succès éclatant. Suivent ensuite, entre autres, celles de Hasse (Venise, Teatro San Giovanni Grisostomo, ), Bioni (Breslau, 1733), Paganelli (Brunswick, 1737), Schiassi (Lisbonne, 1737), Lampugnani (Milan, théâtre ducal, ), Araja (Saint-Pétersbourg, ), Brivio (Padoue, ), Ferrandini (Munich, théâtre de la Cour, ), Porta (Munich, 1739), Adolfati (Vérone, Carnaval 1741), Arena (Turin, Teatro Regio, Carnaval 1741), Gluck (Milan, ), Chiarini (Florence, carnaval 1742), Graun (Berlin, théâtre de la Cour, ), Duni (Florence, Teatro della Pergola, 1744), Terradellas (Venise, théâtre San Giovanni Grisostomo, 1744), Abos (Venise, théâtre San Giovanni Grisostomo, 1746), Bernasconi (Vienne, ), Ciampi (Palerme, Teatro di S. Cecilia, 1747), Scarlatti (Lucques, ), Maggiore (Trente, 1747), Carcani (Plaisance, Carnaval 1748), Perez (Florence, Teatro della Pergola, automne 1748), Galuppi (Vienne, ), Jommelli (Rome, Theatro Argentina, ), Pampani (Venise, théâtre San Giovanni Grisostomo, Carnaval 1750), Dal Barba (Vérone, Carnaval 1751), Pescetti (Milan, Teatro Ducale, ), Ferradini (Forli, printemps 1752, pasticcio), Fischetti (Plaisance, 1754), Gasparini (Milan, Theatro Ducale, ), Scolari (Pavie, Carnaval 1757), Jean-Chrétien Bach (Turin, Teatro Regio, 1760), Piccinni (Rome, Teatro Argentina, ), Gian Francesco de Majo (Venise, carnaval 1762), Fiorillo (Cassel, 1765), Ponzo (Venise, Teatro San Benedetto, ), Boroni (Prague, 1767), Sacchini (Rome, 1768), Paisiello (Modène, Teatro Corte, ), Vento (Londres, 1771), Manfredini (Venise, 1772), Giordani (Londres, 1772), Mysliveček (Naples, Teatro San Carlo, ), Borghi (Venise, ), Bertoni (Forli, printemps 1776), Guglielmi (Rome, ), Caruso (Florence, Carnaval 1780), Ullinger (1781), Zannetti (Trévise, 1782), Alessandri (Naples, Teatro San Carlo, ), Cimarosa (Turin, ), Bianchi (Padoue, ), Anfossi (Rome, Teatro delle Dame, carnaval 1788), Tarchi (Mantoue, printemps 1788), Zingarelli (Trieste, 1789), Androzzi (Livourne, 1789), Isouard (Livourne, automne 1794), Portugal (Lisbonne, 1806).
Les deux premières versions de l'opéra, celles de Vinci à Rome, avec Giovanni Carestini dans le rôle d'Arbace (c'est à lui qu'est destinée l'aria di tempesta qui conclut l'acte I, Vo solcando un mar crudele, qui connut alors un grand succès), et celle de Hasse à Venise, avec Farinelli dans le rôle d'Arbace, Francesca Cuzzoni dans celui de Mandane et Nicolo Grimaldi dans celui d'Artabano, remportèrent à l'époque un succès considérable, qui leur valut de connaître une large diffusion italienne et européenne, souvent dans des versions aménagées qui parfois n'excluent pas les contaminations entre les deux partitions. Cependant, tandis que l'opéra de Vinci suit le livret original de Métastase, ce n'est pas le cas de la version de Hasse : ainsi Mandane conclut-elle l'acte I à la place d'Arbace, tandis que les textes de nombreux airs, notamment de ceux qui connurent le plus grand succès (Per questo dolce amplesso et Pallido il sole), subissent de fortes altérations ou sont entièrement modifiés. Hasse revint à Artaserse en 1740 lorsqu'il proposa une version révisée de l'opéra à la Cour de Dresde (dix arias nouvelles, dont la plus grande partie du rôle de Mandane, réécrit pour Faustina Bordoni). En 1760, Hasse proposa au théâtre du San Carlo de Naples une troisième version de l'opéra, ne conservant que deux airs de la version de 1730 et un air de la version de 1740. Si l'opéra napolitain de 1760 est plus fidèle au texte de Métastase, il conserve les traces des deux précédentes versions de Hasse, notamment la refonte de la fin de l'acte I au profit de Mandane, alors chantée par la soprano Clementina Spagnoli.
Thomas Arne a adapté en anglais le livret de Métastase sous le nom de Artaxerxes (Londres, 1762). L'aria pour soprano et orchestre Conservati fedele (K. 23, 1765) de Mozart utilise l'air d'adieu chanté par Mandane (sœur d'Artaserse) à la fin de la première scène.
Une représentation célèbre eut lieu en 1734 à Londres au Haymarket sous la forme d'un pasticcio, regroupant des airs de plusieurs compositeurs, dont Attilio Ariosti, Nicola Porpora et Riccardo Broschi. Ce fut à cette occasion que le frère de Broschi, Farinelli, chanta une de ses arias les plus connues, Son qual nave ch'agitata.
Haendel a composé également en un pasticcio intitulé Arbace, sur le livret d’Artaserse de Métastase : les récitatifs étaient de Haendel, mais les airs étaient tirés pour la plupart des Artaserse de Vinci et Hasse.
Sur d'autres livrets, on a les opéras de Giannettini ou Zanetti (Venise, Theatro Sant'Angelo, , livret d'Apostolo Zeno et Pietro Pariati, d'après L'Artaserse de Giulio Agosti), Orlandini (Livourne, 1706, livret de Pietro Pariati), Mancini (Naples, 1708, livret de Giuseppe Papis), Sandoni (Vérone, 1709), Lotti (Naples, 1713), Ariosti (Londres, King’s theatre, , livret de Nicola Francesco Haym d'après Zeno et Pariati), Pampani (Artaserse Longimano, Venise, Teatro San Angelo, Carnaval 1737, livret tiré du Temistocle de Métastase). .