L’audisme (originellement en anglais : audism) est un néologisme utilisé, depuis la fin du XXe siècle, pour qualifier les préjugés négatifs, la discrimination ou l'hostilité manifestées à l'encontre des sourds.
Ce phénomène de société, qui ne se limite pas à une forme de capacitisme (discrimination contre les personnes handicapées) puisqu'il concerne un groupe social et linguistique minoritaire, est, pour des militants de la communauté sourde, comparable au racisme, à l'âgisme ou encore au sexisme[1].
Le mot audisme est composé de deux morphèmes : le radical aud- qui vient du verbe latin audire (entendre), et le suffixe -isme servant à designer un système de pratique, le comportement, la croyance ou l'attitude[2].
Une définition simple serait : attitude négative ou oppressive envers les personnes sourdes, exercée par des personnes et des organisations sourdes ou entendantes[3].
Le terme "audism" a été inventé aux États-Unis en 1975, par Tom Humphries, dans sa thèse de doctorat non publiée Audism: The making of a word[4],[5]:
« The notion that one is superior based on one's ability to hear or to behave in the manner of one who hears. »
« L'idée que quelqu'un est supérieur, sur la base de sa capacité à entendre ou à se comporter de la manière de celui qui entend. »
Dans les années 1990, Harlan Lane reprend ce terme, notamment dans son livre the Mask of Benevolence: Disabling the Deaf Community (1992)[6].
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Lors du Congrès de Milan, le troisième congrès international sur l'éducation des sourds, à Milan, en 1880, au terme de débats entre entendants au sujet des modes d'éducation des jeunes sourds, sans aucune consultation des sourds, l'éducation orale est choisie au détriment de l'éducation en langue des signes.
Dans la région de Valais en Suisse, quelques conseillers municipaux acceptent le mariage des sourds en imposant la condition : être stérilisé. On note deux témoignages bernois dans une correspondance de 1947 :
« Le conseiller municipal m’a conseillé de me faire ligaturer, sinon nous n’aurions pas eu l’autorisation de nous marier. Malgré nos protestations nous avons dû y aller. J’ai dû signer à l’hôpital, nous aurions aimé un enfant, ça aurait été notre bonheur… »[8]
« Le 21 mars 1946 j’ai accouché à l’hôpital, je me suis fait stériliser pour ne plus avoir d’enfant. C’est la commune qui a exigé que j’aille à l’hôpital. Le Syndic est venu chez nous, nous voulions attendre puis c’est le docteur qui n’a pas permis que j’aie un autre enfant. »[8]
Yves Delaporte écrit un passage de témoignage dans le livre les sourds, c'est comme ça: « Robert passe la visite médicale préalable à l'obtention du permis de conduire. Le médecin lui refuse son autorisation, et déclare : "Revenez me voir quand vous vous serez fait implanter" »[9].
↑Yves Delaporte, Les sourds, c'est comme ça : Ethnologie de la surdimutité, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, coll. « Ethnologie de la France », , 398 p. (ISBN978-2-7351-0935-7, présentation en ligne), p. 95
(en) Benjamin J. Bahan, H-Dirksen L. Bauman, Facundo Montenegro, Linsay Darnall et Emily Jane Steinberg, Audism unveiled, DawnSign Press, 2008 (ISBN9781581210477).
(en) Sheryl Ballenger, « Strategies to Avoid Audism in Adult Educational Settings », Adult Learning, 2013, vol. 24, no 3, p. 121-127.
(en) H-Dirksen L. Bauman, « Audism: Exploring the metaphysics of oppression », Journal of Deaf Studies and Deaf Education, 2004, vol. 9, no 2, p. 239-246.
(en) Richard Clark Eckert et Amy June Rowley, « Audism A Theory and Practice of Audiocentric Privilege », Humanity & Society, vol. 37, no 2, p. 101-130.
(en) Richard Clark Eckert, Deafnicity: A study of strategic and adaptive responses to audism by members of the Deaf American community of culture, University of Michigan, 2005.
(en) Genie Gertz, « Dysconscious audism: A theoretical proposition », Open your eyes: Deaf studies talking, 2008, p. 219-234.
Véronique Leduc, « Les dimensions affectives de l’oppression », Revue du Cremis, vol. 10, t. 1, (lire en ligne).
(en) Tom Humphries, The making of a word: Audism, manuscrit non publié, 1975 (inclus ensuite dans sa thèse de doctorat Communicating across cultures (deaf-hearing) and language learning en 1977).
(en) Graham H. Turner, « I'll tell you later': On institutional audism », Deaf worlds, 2007, vol. 22, no 3, p. 50.
(en) Graham H. Turner, « Challenging Institutional 'Audism' », International Perspectives on Language Support: Selected Proceedings from the Supporting Deaf People Online Conferences 2001-2005, 2004.