Au début des années 1950, la guerre de Corée implique la France en tant qu'adhérente à l'ONU. Cinq jeunes gens suivent le mouvement de panique générale, dû au risque de guerre nucléaire (thème inspirant le titre du film), et projettent d'aller se réfugier sur une île perdue de l'océan Pacifique. Pour se procurer l'argent nécessaire à leur voyage, à l'insu de leurs parents, Daniel Epstein, Jean Arnaud, Philippe Boussard, Richard Dutoit et Liliane Noblet commettent un cambriolage qui tourne mal : Jean tue accidentellement le veilleur de nuit.
Sociétés de production[1],[2] : UGC (France), Documento Film (Italie)
Sociétés de distribution[1],[2] : AGDC (Alliance générale de distribution cinématographique, France), Les Acacias (France), Tamasa Distribution (France), StudioCanal Films Limited (vente à l'étranger)
Marina Vlady[3] : « André Cayatte m'avait fait parvenir le scénario d’Avant le déluge, drame traitant de la peur de la guerre nucléaire. […] Je ne mis pas longtemps à me décider. […] L'immense succès d’Avant le déluge allait me donner raison. […] C'est la première fois que j'assume la responsabilité d'un grand rôle en français[Note 3]. Une fois sur le plateau et forte de mon expérience, j'estime que la liberté acquise devant la caméra en Italie va de soi et que le réalisateur, un monsieur à tête d'aigle et à la voix rocailleuse, va succomber d'emblée au charme de la star que je me sens devenue… Dès les premières heures de travail, je me retrouve débutante, balbutiante, tremblante et transpirante, engueulée vertement par l'ingénieur du son qui fabrique dare-dare une badine pour me frapper dessus, car il ne m'entend pas ! Écrasée par les regards furibards d'un Cayatte qui s'arrache les cheveux de m'avoir engagée, entourée de jeunes acteurs, tous débutants, aussi pétrifiés que moi, incapables de se reprendre, nous ressemblons à une bande de moineaux terrifiés et pantelants. […] Le calvaire dure toute une semaine, le temps de filmer toute la séquence du procès auquel assistent séparément, de part et d'autre du tribunal, les jeunes et leurs parents. […] Nous endurons notre épreuve devant la crème des acteurs français assis, en face de nous, tout au long de ces terribles journées. […] Je crois que Cayatte avait manigancé ce plan de travail pour obtenir le maximum de tension chez ses jeunes interprètes. Il y avait réussi et même bien au-delà. […] Quelques mois plus tard, je gravis pour la première fois les marches du palais des Festivals, à Cannes. Nous y reçûmes le prix de la critique. Mais je ne fus pas autorisée à assister à la projection : le film, jugé trop noir, était interdit… aux moins de 16 ans ! […] Mes débuts français étaient d'autant plus réussis que le film lui-même reçut un accueil public enthousiaste. […] Je fus consacrée « meilleure jeune actrice » de l'année. […] Je reçus le prix Suzanne-Bianchetti. »
À sa sortie, le film rencontre des problèmes avec la censure qui lui reproche de mettre en scène des adolescents criminels et de montrer un antisémitisme caricatural dans la société française qui donnerait une mauvaise image de la France à l'étranger. C'est pour ces raisons qu'une interdiction initiale aux moins de 16 ans lui est attribuée[4]. Pour atténuer ces griefs, le carton explicatif suivant est ajouté au début du film :
« Tous les personnages mêlés à l'histoire qui va vous être racontée sont imaginaires. À travers une intrigue aussi exceptionnelle, les auteurs n'ont voulu, ni tracer un portrait de la jeunesse française, ni montrer que les préjugés raciaux sont répandus en France. Heureusement, un tel drame ne s'est jamais déroulé mais, dans les circonstances évoquées par le film, il aurait pu se produire... et c'est dans cette mesure qu'il est soumis à votre réflexion. »
Un autre élément a pu jouer dans l'attitude des pouvoirs publics: Le film d'André Cayatte présente des similitudes avec une très réelle affaire d'adolescents criminels , l'assassinat en 1948 du Jeune Alain Guyader par son camarade Claude Panconi que la presse baptisera l'Affaire des J3 de Meaux[5].
(Les J-3 étaient une désignation courante à l'époque pour la classe d'âge des 16-20 ans et faisait référence aux cartes de rationnement imposées sous l'occupation allemande)
Cette affaire aura un retentissement énorme et le procès sera chroniqué par de grandes plumes de la presse nationale parmi lesquelles se détache la figure de Joseph Kessel , qui met en lumière une fracture générationnelle entre parents et grands adolescents dans le contexte plus général des lendemains pénibles de la seconde guerre mondiale[6].
↑Jusque-là, Marina Vlady a essentiellement tenu des premiers rôles dans des films italiens, comme dans le précédent, Marco la Bagarre (Musoduro) de Giuseppe Bennati (1953).