Avrom Sutzkever naît le à Smarhon, ville de l'actuelle Biélorussie. Durant la Première Guerre mondiale, sa famille se réfugie en Sibérie puis s'installe à Vilnius en 1922. À l'époque, la ville s'appelle Wilno et se situe en territoire polonais. À la fin des années 1930, Avrom Sutzkever fait partie du mouvement littéraire et artistique Yung Vilne à Vilnius. Il publie son premier poème en 1934. Lorsque Vilnius est occupé par l'Allemagne nazie, Sutzkever est enfermé dans le ghetto de Vilnius comme les autres juifs de la région. Il parvient à rejoindre les partisans après s'être échappé du ghetto avec sa femme et le poète Shmerke Kaczerginski, le . Pendant la Seconde Guerre mondiale, il écrit plus de 80 poèmes qu'il parvient à conserver en vue d'une publication après la guerre. Il s'installe ensuite en Union soviétique. Appelé à témoigner au procès de Nuremberg, il souhaite s’exprimer en yiddish mais seules les langues des puissances victorieuses sont admises, il est donc contraint de témoigner en russe.
Avrom Sutzkever est aussi un des témoins du Livre noir, un recueil de témoignages réunis par Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman. Il y livre le témoignage suivant sur le ghetto de Vilnius :
« Au-dessus des portes du ghetto, les Allemands avaient mis une pancarte : “Attention. Quartier juif. Danger de contagion. Entrée interdite aux non-juifs. Il est interdit aux juifs de regarder par les fenêtres donnant sur les rues à l'extérieur du ghetto. Ces fenêtres doivent être complètement camouflées avec du papier ou de la peinture./ Il est interdit aux juifs de parler allemand./ Il est interdit aux juifs de parler politique./ Tout juif qui parlera ou entretiendra des relations avec des non-juifs sera fusillé./ Il est interdit aux juifs de porter la moustache./ Il est interdit aux juifs de consommer des matières grasses./ Il est interdit aux femmes juives de se teindre les cheveux et de se farder les lèvres/ Il est interdit de prier./ Il est interdit d'étudier./ À partir de l'âge de six ans, tous les juifs doivent porter l'étoile jaune, à l'intérieur comme à l'extérieur du ghetto. Devant chaque Allemand qui pénètre dans le ghetto, il faut se découvrir./ Il est interdit d'accoucher./ Les femmes qui accouchent seront mises à mort avec leur enfant[1] »
Après avoir vécu quelque temps à Łódź et à Paris, Avrom Sutzkever s'installe en 1947 en Israël, où il vécut jusqu'à la fin de sa vie. Il est l'auteur d'une œuvre poétique d'une grande force, hantée par la mémoire de la Shoah. Il a été le fondateur et directeur de la prestigieuse revue littéraire, Di goldene keyt, « La chaîne d'or » (Tel Aviv 1949-1995)[2]. Il est l'auteur du recueil Où gîtent les étoiles publié au Seuil en 1989.
Di festung : lider un poèmes : geshribn in vilner Geto un in vald 1941-1944 (La forteresse), New York, Ikuf, 1945.
Lider fun geto (Poèmes du ghetto), New York, Ykuf, 1946 (poèmes)
Vilner geto, Paris, Association des Vilnois de France, 1945. La vie culturelle, la résistance armée, les actions clandestines, l'extermination. Après la libération, sous le régime soviétique.
The Fiddle Rose: Poems, 1970-1972, Abraham Sutzkever; selected and translated by Ruth Whitman; drawings by Marc Chagall; introduction by Ruth R. Wisse. Detroit, Wayne State University Press, 1990, (ISBN0-8143-2001-5)
A. Sutzkever: Selected Poetry and Prose, translated from the Yiddish by Barbara and Benjamin Harshav; with an introduction by Benjamin Harshav. Berkeley, University of California Press, 1991, (ISBN0-520-06539-5)
Laughter Beneath the Forest : Poems from Old and Recent Manuscripts by Abraham Sutzkever; translated from the Yiddish by Barnett Zumoff; with an introductory essay by Emanuel S. Goldsmith. Hoboken, New Jersey, KTAV Publishing, 1996, (ISBN0-88125-555-6)