Céleste (son épouse et cousine), Pom, Flore, Alexandre et Isabelle (ses enfants), Arthur (son cousin et petit frère de Céleste), Badou et Lulu (ses petits enfants)
Cécile de Brunhoff est à l'origine de Babar[1]. Elle a coutume de raconter des histoires à ses deux fils, Laurent et Mathieu. Parmi celles-ci, celle qui décrit les aventures d'un petit éléphant qui s'enfuit de la forêt pour échapper au chasseur et arrive dans une ville où il s'habille comme un homme. Revenu chez lui en voiture, il y rapporte les bénéfices de la civilisation et est couronné roi des éléphants.
Selon la légende familiale, la genèse de Babar trouverait sa source dans la famille Bunau-Varilla. La grand-tante de Laurent et Mathieu, Ida de Brunhoff, avait en effet épousé Philippe Bunau-Varilla, directeur général de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama. Leur fille, Gisèle Bunau-Varilla, s'était mariée avec Mario Rocco, un aventurier napolitain. Ensemble, ils avaient chassé l'éléphant au Congo belge en 1928 avant de s'installer au Kenya. C'est dans ce pays qu'un éléphanteau blessé par des chasseurs d'ivoire, et recueilli par la femme d'un diplomate belge, serait devenu la coqueluche de leurs enfants[2].
C'est en lisant une lettre de Gisèle envoyée du Kenya que Babar aurait germé dans l'imaginaire de Cécile. Quoi qu'il en soit, le récit de leur mère pianiste leur plaît tellement qu'ils le racontent à leur père, Jean de Brunhoff, artiste peintre. L'idée lui vient alors d'en faire un livre illustré[3] pour un usage familial. Son frère Michel de Brunhoff et son beau-frère Lucien Vogel, enthousiasmés, le publient en grand format aux Éditions du Jardin des Modes sous le titre L'Histoire de Babar le petit éléphant (1931), à l'époque de l'Exposition coloniale.
Les albums connaissent un succès inouï avec quatre millions d'exemplaires vendus avant 1939, après que la maison Hachette a racheté en 1936 les droits aux Éditions du Jardin des Modes. Babar rencontre également un grand succès aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La salle de jeux / nursery pour les enfants de la première classe du paquebot Normandie lancé à la fin des années 1930 par les Chantiers de l'Atlantique sera entièrement décorée avec des fresques et des silhouettes découpées de Babar et de ses compagnons, d'après des dessins originaux de Jean de Brunhoff.
De 1940 à 1946, Francis Poulenc en réalise une mise en musique pour récitant et piano, plus tard orchestrée par Jean Françaix. À la disparition de son père en 1937, c'est Laurent de Brunhoff qui poursuit les aventures de Babar[4] et les adapte pour la télévision française en 1969. Laurent de Brunhoff s'installe en 1985 aux États-Unis et confie en 1987 à la Clifford Ross Company la charge de choisir les sociétés à qui accorder les licences de produits dérivés. La société Nelvana, détenant la franchise au Canada et voulant multiplier ces produits dérivés, entre en conflit avec la Clifford Ross Company, la bataille judiciaire ne s'achevant qu'en 2000[5].
La famille Brunhoff ayant fait don de dessins préparatoires de trois des premiers albums à la Bibliothèque nationale de France, 2006 voit la consécration de Babar en France, avec son entrée dans les collections de cette bibliothèque[6].
En 2011, 13 millions d'exemplaires des 75 albums sortis ont été vendus dans le monde et traduits en 27 langues, d'après Christine Foulquiès, éditrice de Babar chez Hachette[1].
Après que sa mère a été tuée par un chasseur, Babar l'éléphanteau quitte sa jungle et arrive épuisé dans une grande ville[7], où il se lie d'amitié avec la vieille dame qui pourvoit à son éducation. Après peu de temps, il retourne finalement dans le clan des éléphants fuyant le chasseur. À la suite de la mort du roi ayant mangé des champignons vénéneux, et pour avoir déjoué les plans du chasseur et libéré les siens, Babar est couronné roi (royaume de Babar), se marie avec sa cousine Céleste[8], restaure la paix et fonde la ville de Célesteville dans laquelle chaque peuple animal construit sa maison avec son architecture particulière et vit selon ses propres coutumes.
La mort de sa mère, qui débute la première aventure de Babar en langue française, est absente de la version américaine.
Babar introduit chez les éléphants une forme très française de civilisation occidentale (entre autres, il les fait s'habiller en costume occidental), certains ayant pu voir une apologie de la colonisation par Jean de Brunhoff[9]. La Vieille Dame comme les peuples animaux peuvent symboliser des républiques, alors que Babar représenterait une monarchie pacifiée. En passant du statut de l'enfant à celui d'adulte et du statut d'animal à celui d'homme (anthropomorphisation qui permet à l'enfant de s'identifier), le héros effectue des rites de passage classiques[10].
Le format choisi par la famille Brunhoff pour éditer les histoires de Babar est une révolution. Avant cela, les albums illustrés pour la jeunesse étaient de petite taille et les images ressemblaient plutôt à des vignettes. Avec Babar, c'est l'avènement de l'album grand format aux doubles pages illustrées[11].
La technique de dessin employée par Jean de Brunhoff est également une innovation dans le domaine : en premier lieu tracés à l'encre de chine, les dessins sont ensuite colorés par de riches aplats d'aquarelle. En résultent des couvertures et des illustrations aux couleurs éclatantes[11].
Babar a été créé à Chessy, petite bourgade de Seine-et-Marne, qui a baptisé l'une de ses rues (entre le coude de la rue du Petit-Champ et celui de la rue Charles-de-Gaulle) du nom de « Place Jean de Brunhoff », le créateur de Babar[12]. La maison qui a été le berceau de Babar existe toujours. La famille de Brunhoff a en effet habité la villa Lermina construite en 1802, actuelle « Muscadelle » qui se situe 83 rue Charles-de-Gaulle. Chessy, fier de cette histoire, a même donné le nom de Cornélius, précepteur et sage conseiller de Babar, à l'un des groupes scolaires de la commune (maternelle et élémentaire), rue Charles-de-Gaulle, juste en face de la « Muscadelle ». Devant l'entrée de l'école, la municipalité a fait édifier une statue de Cornélius[12].
Il s'agit de la vieille chanson des mammouths. Malgré son âge, « Cornélius lui-même ne sait pas ce que veulent dire les paroles ». Selon August A. Imholtz Jr. il s'agit, pour la première strophe, d'un texte sanskrit[13].
Patali Dirapata, Cromda Cromda Ripalo, Pata Pata, Ko Ko Ko Bokoro Dipoulito, Rondi Rondi Pepino, Pata Pata, Ko Ko Ko Emana Karassoli, Loucra Loucra Nonponto, Pata Pata, Ko Ko Ko.
Babar a fait l'objet de 1 000 ouvrages, albums périodiques, livres, documents et thèses. Il a été traduit dans 17 langues et est connu dans plus de 150 pays où il s'est vendu plus de huit millions de livres. Au niveau des produits dérivés, la marque Babar, multi-générationnelle, a généré plus de 100 titulaires de licence dans le monde, et 500 objets (peluches, figurines, jeux de sociétés) à son effigie. Au Japon, 15 magasins sont dédiés à Babar[14],[15].
Le Voyage de Babar pour récitant et piano de François Narboni, 2013 ; version pour récitant et orchestre, 2016, Orchestre philharmonique de Turin.
Le Voyage de Babar (The Travels of Babar) : partition pour récitant et huit musiciens (clarinette, basson, cornet à pistons, trombone, alto, violoncelle, piano et percussion) créée par Raphael Mostel en 1994[19],[20]. La version orchestrale fut présentée au public pour la première fois par l'Orchestre symphonique de Montréal le 15 mai 2016 à Montréal[21].
↑ a et bGuénaèle Calant, « Chessy : la saga des Brunhoff, les créateurs de Babar, racontée dans un livre », Le Parisien, (lire en ligne).
↑(en) August A. Imholtz, « Sanskrit verses in a Babar book », Children's Literature in Education, vol. 12, no 4, , p. 207--208 (ISSN1573-1693, DOI10.1007/BF01142765, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Ariel Dorfman, The Empire's Old Clothes : What the Lone Ranger, Babar, and Other Innocent Heroes Do to Our Minds, Pantheon Books, , 225 p..
↑(en) Herbert R. Kohl, Should We Burn Babar ? Essays on Children's Literature and the Power of Stories, New Press, , 224 p. (lire en ligne).
↑Kohl perçoit dans Babar « une authentique figure patriarcale, tenant d'une main de fer raciste et impérialiste son petit monde qui ne connaît pas le suffrage universel : Babar est colonialiste, mais il est aussi antidémocratique, sexiste et raciste ». cf. Dorothée Charles, Les Histoires de Babar, musée des Arts décoratifs, , p. 110.
↑(en-US) Kyle Gann, « MUSIC; Making Bowls Sing And Elephants Talk », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
↑(en-US) Allan Kozinn, « MUSIC REVIEW; Little Ears And Big Elephants », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
Le Jardin des Gogottes, jardin public situé à Guyancourt dans les Yvelines. Le jardin est organisé autour des sculptures de quatre Gogottes inspirées par l'album Les Vacances de Zéphir. Le jardin est une œuvre du sculpteur Philolaos.