Le Ballet royal du Cambodge *
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Le Ballet royal du Cambodge lors des rappels après la représentation d’Apsara Mera à Paris en 2010 | |
Pays * | Cambodge |
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Liste | Liste représentative |
Année d’inscription | 2008 |
Année de proclamation | 2003 |
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Le Ballet royal du Cambodge, également appelé danse classique khmère (khmer : ល្ខោនព្រះរាជទ្រព្យ), est un art sacré des Khmers qui accompagne depuis plus de mille ans les cérémonies royales. Les Khmers offrent ainsi les danses aux génies et divinités en vue de prier les choses sacrées de venir chasser les malheurs de toutes sortes, afin d’avoir la paix et des pluies abondantes. On danse encore pour se divertir et oublier les fatigues d'une vie pénible[1].
Le répertoire classique comporte quatre types de personnages : Neang la femme, Neayrong l’homme, Yeak le géant et Sva le singe. Chacun possède ses couleurs, ses costumes, son maquillage et ses masques. Ses gestuelles complexes exigent des années de formation et sont accompagnées de musique cambodgienne.
Les noms occidentaux pour cette tradition de danse font souvent référence à la cour royale; y compris la danse de la cour cambodgienne comme elle a été exécutée et maintenue par les préposés des palais royaux[note 1],[note 2]. En tant qu'art, il est formellement appelé le ballet royal du Cambodg' (ou Royal ballet of Cambodia en anglais) par l'UNESCO, Cravath, Brandon, et d'autres encore dans le domaine académique[note 3],[6]; bien que ce terme puisse également désigner le ballet royal en tant que corps de ballet, la Compagnie Nationale de Danse du Cambodge. Le terme de "danse classique khmère" est également utilisé à côté "Royal Ballet of Cambodia" dans les publications de l'UNESCO et par les auteurs mentionnés[6].
En Khmer, il est officiellement connu sous le nom Robam Preah Reach Trop (របាំព្រះរាជទ្រព្យ, lit. danses de la richesse royale) ou Lakhon Preah Reach Trop (ល្ខោនព្រះរាជទ្រព្យ, lit. théâtre de la richesse royale[note 4]. Il est également appelé Lakhon Luong (ល្ខោនហ្លួង, lit. le théâtre du roi)[note 5],[8]. (laku est un mot dérivé du javanais qui signifie marcher). Pendant le régime de Lon Nol au Cambodge, la tradition de la danse était appelée Lakhon Kbach Boran Khmer (ល្ខោនក្បាច់បូរាណខ្មែរ, lit. théâtre khmer de style ancien), un terme le coupant de son héritage royal[8],[9].
Les danseuses classiques khmers, dans leur ensemble, sont souvent appelés danseuses apsaras par les profanes; dans le sens moderne, cet usage serait incorrect dans la forme actuelle de la danse car l'apsara n'est qu'un type de caractère parmi d'autres dans le répertoire. Quoi qu'il en soit, l'affiliation romancée du Royal Ballet du Cambodge avec les apsaras et devatas des ruines d'Angkor persiste encore.
La danse est intrinsèquement liée à la culture khmère et au Cambodge. D'ailleurs, selon une légende, le mariage d'un ermite indien, Kampu, avec une danseuse Apsara, Mera, fut nommé Kampumera, qui est devenu le Cambodge. Les enfants de cette union étaient les Khmers[10].
Selon un autre mythe, le Cambodge serait né du déroulement du Grand Nâga, gigantesque serpent formant le cosmos. Dans ses lents mouvements ondulants du corps et de la tête, la danse classique khmère reproduit donc les évolutions du reptile sacré[11]
Les origines de la danse classique khmère dans le style connu aujourd'hui sont disputées. Des chercheurs cambodgiens, tels que Pech Tum Kravel, ou le savant français George Groslier considèrent la danse classique khmère comme une tradition maintenue depuis la période d'Angkor[12]. En effet, les premières traces écrites de danse sacrée au Cambodge datent du VIIe siècle, période durant laquelle les représentations faisaient partie intégrante des rites funéraires des rois[13]. Tout au long du XXe siècle, les représentations des danseuses de temple était encore répandue dans les processions funéraires, comme celle du roi Sisowath Monivong. Néanmoins, cette tradition a perdu d'ampleur au Cambodge au cours du XVe siècle lorsque le royaume siamois d'Ayutthaya a envahi Angkor. À la suite de la chute d'Angkor, les artisans, brahmanes et danseuses ont été emmenés de force à Ayutthaya[8].
D'autres chercheurs thaïlandais avancent que la danse classique khmère, telle qu'on la voit aujourd'hui, a été développée à partir de, ou du moins nettement influencée par les innovations de la danse classique siamoise au XIXe siècle et que les formes précédentes de la danse cambodgienne étaient différentes de la forme actuelle[14]. L'accomplissement et l'influence de l'art et de la culture thaïlandaise, de l'Ayutthaya à la première période de Rattakosin, sur les pays voisins étaient évidents d'après les observations de James Low, un capitaine et savant britannique spécialiste de l'Asie du Sud-Est, au début de l'ère Rattanakosin: “Les Siamois ont atteint un degré de perfection considérable dans les expositions dramatiques - et sont à cet égard enviés par leurs voisins les Birmans, les Laosiens et Cambodgiens qui emploient tous des acteurs siamois quand ils le peuvent”[15]. Selon James R. Brandon, le lakhon nai du Siam était, dans les années 1800, l'influence principale sur la danse de la cour cambodgienne[16]. Martin Banham mentionne également que des artistes thaïlandais furent amenés pour restructurer la tradition de danse de la cour royale du Cambodge pendant la même période[17]. En effet, il y avait des artistes siamois dans la cour royale du Cambodge pendant tout le 19e siècle selon les sources principales sur le ballet royal, les écrits de Groslier inclus; cela suggère un lien fort avec les danses de cour du Siam et ses influences[12]. Sasagawa mentionne la reconnaissance par Groslier des interprètes siamois dans le ballet royal du Cambodge et mentionne également la revendication nationaliste de Norodom Sihanouk selon laquelle les Siamois enseignaient au Cambodge sa forme d'art perdue, qu'ils avaient préservée après avoir saccagé Angkor. Cependant, Sasagawa note également que les innovations siamoises (telles que l'histoire d’Inao, une adaptation de la version malaise de Panji[note 6]) n'était pas présente dans la tradition de danse angkorienne[12].
Toutefois si les danses classiques thaïlandaise et khmère partagent de nombreuses similitudes, la danse classique laotienne en partage tout autant. Or à l'inverse de la Thaïlande, il est reconnu au Laos que la danse classique laotienne puise ses origines dans la danse classique khmère. Selon les légendes laotiennes concernant le premier souverain du Lan Xang, il est dit qu'en plus d'une importante armée de soldats khmers, le roi était accompagné de nombreuses danseuses de la cour d'Angkor[19]. Aujourd'hui, diverses troupes de danse-théâtre, principalement situées à Luang Prabang et Vientiane, continuent de maintenir la tradition des danses de cour classiques, ainsi que des théâtres et danses folkloriques d'influence khmère, préservant le patrimoine culturel de la région[20].
L'une des premières traces écrites de la danse sacrée au Cambodge date du VIIe siècle période pendant laquelle les performances étaient utilisées comme faisant partie intégrante du rite funéraire pour les rois[13]. Au cours du 20e siècle, l'utilisation des danseuses est toujours attestée dans les processions funéraires, comme pour celle du roi Sisowath Monivong.
Pendant la période d'Angkor, la danse était pratiquée rituellement dans les temples[8]. Les danseuses du temple en sont même venues à être considérées comme des apsaras, qui servent à distraire les divinités, faisant aussi office de messagères pour eux comme auprès d'eux[21]. Des inscriptions sur pierre antiques décrivent des milliers de danseuses apsara assignées à des temples et performant lors de rites divins comme pour le public[8].
La tradition des danseuses du temple a décliné au XVe siècle, lorsque le royaume siamois d'Ayutthaya a envahi Angkor. Quand Angkor tomba, ses artisans, brahmanes et danseuses furent emmenés en captivité à Ayutthaya[8].
Au 19e siècle, le roi Ang Duong, qui avait passé 27 ans en tant que prince captif à la cour siamoise à Bangkok (le Grand Palais), restructura sa cour royale au Cambodge avec des styles classiques siamois de la période Rattanakosin. Des danseuses royales sous le patronage de la cour royale de Siam furent envoyés à la cour royale au Cambodge pour enseigner la danse classique thaïe aux Khmers durant cette période.
À l'époque du protectorat français du Cambodge, comme pour la période précédente, il était de coutume pour les invités du palais royal de recevoir une représentation du ballet royal[22]
Le Ballet royal du Cambodge se produisit pour la première fois hors du Cambodge en 1906 lors de l'Exposition coloniale de Marseille, alors qu’il accompagnait le roi Sisowath lors de sa visite en France sous la suggestion de George Bois, un représentant français à la cour du Cambodge[22].
Au cours de ce voyage, les danseuses attirèrent en particulier l’attention du sculpteur Auguste Rodin qui peint alors une importante série d'aquarelles représentant les danseuses[23]. Il écrira d'ailleurs à ce sujet:
« Je les ai contemplées en extase. Quand elles partirent, je fus dans l'ombre et le froid, je crus qu'elles emportaient la beauté du monde. »
George Groslier, directeur colonial français du Musée Sarraut de Phnom Penh (aujourd'hui Musée national), avait pour l'occasion «réinventé» de grandes parties du ballet à travers ses études sur les bas-reliefs d'Angkor Vat[24].
Elle revinrent également une deuxième fois en France en 1937, pour l'Exposition universelle[11].
Au moment de indépendance, la reine Sisowath Kossamak devint la marraine du Ballet Royal du Cambodge. Sous la direction de la reine, plusieurs réformes furent apportées au ballet royal, y compris dans la chorégraphie. Les spectacles furent en particulier spectaculairement raccourcis, passant de spectacles durant toute la nuit à des spectacles longs d'environ une heure[12]. Le prince Norodom Sihanouk a par ailleurs présenté les danses du ballet royal dans ses films.
La tradition de la danse classique khmère a subi un préjudice important pendant le régime des Khmers rouges au cours duquel de nombreux danseurs et danseuses furent mis à mort au cours du génocide[25]. Sur les 300 danseuses présentes au Cambodge avant 1975, à peine 10 % ont survécu au génocide orchestré par Pol Pot et Kieu Samphan, pour la plupart en s'enfuyant à l'étranger. Les autres furent toutes déportées, le , dans les rizières, comme toute la population de Phnom Penh, rizières où elles succombèrent à la famine et aux exécutions massives[11].
Bien que 90 % de tous les artistes classiques cambodgiens aient péri entre 1975 et 1979, cela ne causa pas pour autant la fin de cet art. Après la chute des Khmers rouges, ceux qui avaient survécu quittèrent la clandestinité, se retrouvant et formant des «colonies» afin de faire revivre leurs traditions sacrées[26]. La formation de danse classique khmère fût ainsi ressuscitée dans les camps de réfugiés de l'est de la Thaïlande grâce aux quelques danseurs khmers survivants. De nombreuses danses et drames dansés furent également recréés à l'Université royale des Beaux-Arts du Cambodge.
Démantelé en 1975 par les autorités khmères rouges, le ballet royal sera officiellement restauré à partir de 1993 par la Princesse Bopha Devi, fille du roi Norodom Sihanouk ministre de la culture et ancienne première danseuse du ballet[27],[28].
Il a été inscrit en 2008 par l'UNESCO sur la liste représentative de son patrimoine culturel immatériel[29].
L'apprentissage commence tôt, entre quatre et douze ans (plutôt dans les tranches basses de ces âges autrefois, parfois un peu plus tard aujourd'hui), pour une période minimale de neuf ans et pouvant aller jusque douze ou treize ans[11].
Près de 3000 enfants suivent chaque semaine l'enseignement de la danse, initiés par les 19 maîtresses de Ballet ou par les étoiles actuelles. L'entraînement comporte des exercices d'assouplissement et d'élongation des doigts qui seront pratiqués pendant plusieurs années avant d'aborder le répertoire lui-même[30].
Si en Inde, des traités techniques écrits avaient été depuis longtemps établi pour les danses, ce n'était pas le cas au Cambodge. La danse khmère s'est toujours perpétuée de génération en génération par transmission orale et pratique[11]. Par exemple, la princesse, danseuse étoile et ministre de la culture Bopha Devi avait appris la danse de sa grand-mère, la reine Sisowath Kossamak. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles cette tradition de danse a failli disparaître lors de la période des khmères rouges, quasiment toutes les récipiendaires de ce savoir étant mortes.
Jusqu'au milieu du XXe siècle, les futures danseuses étaient recrutées dans les campagnes ou choisies à la cour pour leur physique (visage rond, silhouette longiligne) et leur sens du rythme. Les fillettes venaient alors s'installer au palais royal d'où elles ne sortaient qu'une fois par an pour revoir leur famille[11].
Durant la période coloniale comme auparavant, il était donc de coutume qu'une représentation du ballet royal soit organisée pour les invités du palais royal[22]. Dans les cérémonies de propitiation (បួងសួង, buong suong), les performances étaient organisées à Wat Phnom ainsi que à la pagode d'argent et à la salle du trône du palais royal[note 7]. Pour le divertissement, des spectacles étaient souvent organisés à l'intérieur des pavillons des palais royaux[22].
À Phnom Penh, le Pavillon du Clair de Lune a été construit et est encore utilisé occasionnellement pour des spectacles de danse classique. De nos jours, les lieux de représentation du Royal Ballet comprennent également le Théâtre Chenla et le Palais des Congrès Chaktomuk, conçu par l'architecte Vann Molyvann à l'époque de Sangkum Reastr Niyum[note 8]. Les restaurants touristiques au Cambodge, notamment à Siem Reap, servent également de lieux de spectacles de danse classique khmère pour des troupes amateurs[note 9].
Lors des représentations, les danseuses sont accompagnés par les musiciens de l'orchestre pinpeat (tambours, xylophones en bois, carillons de gongs, hautbois) ainsi qu'à l'occasion par des chanteuses batteuses de cliquettes qui racontent l'histoire présentée[11].
L'orchestre de musique pinpeat est l'orchestre des danses royales et de la musique des pagodes. 24 musiciens et 10 choristes accompagnent ainsi la danse.
L'orchestre se compose généralement de[30]:
L'orchestre se rapproche du Gamelan Javanais (qui possède en plus une flûte et une vielle)[30].
Un chœur de femmes, qui rassemble généralement dix choristes, commente l'intrigue, et souligne les émotions mimées par les danseurs, messagers des rois auprès des Dieux et des ancêtres[30].
La scène traditionnelle des spectacles de danse classique contient une table avec un oreiller décoratif, parfois posée sur un tapis d'Orient[33]. Cette table de petite taille, appelée krae (គ្រែ, lit lit), est constante tout au long de la représentation et sert ainsi d'accessoire pouvant représenter de nombreux lieux et objets (un lit, un trône, des locaux d'habitation, etc.)[note 10].
Dans de nombreux drames, les personnages peuvent être vus maniant régulièrement des armes telles que des arcs, des épées, des bâtons et des massues[note 11]. Dans certaines danses, les danseurs tiennent en guise d'hommage des objets tels que des guirlandes de fleurs, des éventails et des fleurs d'or et d'argent (voir bunga mas). La représentation du robam makar (la danse du makara) implique que les devas dansent avec langueur et utilisent des éventails pour représenter les écailles du makara mythique, la déesse Manimekhala dirigeant ce ballet mimétique avec sa boule de cristal magique[35].
Les danseurs classiques khmers (qui sont le plus souvent des danseuses) utilisent des mouvements et des gestes stylisés pour transmettre un sens et raconter une histoire. Ces gestes sont pour la plupart vagues et abstraits, d'autres pouvant être facilement compris. Les danseurs ne chantent pas et ne parlent généralement pas, exception faite de certains rares drames qui peuvent comprendre de brefs exemples de discours par les danseurs. Les expressions du visages sont généralement neutres ou souriantes, bouche fermée. Les danseuses centralisent leurs chorégraphies sur les mouvements des mains et des pieds, tout en ayant le dos cambré.
Les gestes de la main dans la danse classique khmère sont appelés kbach (en) (ce qui signifie style). Ces gestes de la main forment une sorte d'alphabet et représentent de nombreux éléments de la nature comme des fruits, fleurs, ou des feuilles. Ils sont utilisés dans différentes combinaisons et transitions avec des mouvements d'accompagnement des jambes et des pieds afin de transmettre différentes pensées et concepts[8]. La façon dont ils sont présentés, la position du bras et la position de la main par rapport au bras peuvent également affecter leur signification. Les gestes sont effectués de différentes manières selon le type de personnage. Ainsi par exemple, la jambe repliée en arrière signifie l'envol, les mains sur les hanches, un personnage masculin[11].
La danse classique khmère, malgré une codification extrêmement rigoureuse - elle constitue un véritable langage gestuel d'environ 4500 mots ou expressions -, n'est pas figée. Au fil de l'histoire des nouvelles pièces ont été créées, la plupart inspirées par les récits mythologiques du Reamker (en), le Ramayana khmer.
Quatre types principaux de rôles existent dans la danse classique khmère; neay rong (rôle masculin), neang (rôle féminin), yeak (ogres ou asuras) et les sva (singes)[36]. Ces quatre rôles de base contiennent des sous-classes pour indiquer le rang du personnage. Un neay rong ek, par exemple, est un rôle masculin de premier plan alors qu'une neang kamnan (ou philieng) est une jeune servante[36]. Les sous-classes des quatre rôles principaux jouent toutes le même style de danse de la classe à laquelle elles appartiennent. Cependant, le yeakheney, ou ogre féminin, est exécuté avec un style de danse féminisé de la contrepartie masculine. D'autres types de personnages féminins, tels que l’apsara, le kinnari ou la sirène, suivent le même style de danse que le rôle neang mais avec de subtiles différences dans les gestes, la principale différence étant dans le costume. Le type de caractère ngoh, bien que masculin, est cependant présenté avec un style de danse différent de celui du neay rong.
Au Ballet Royal du Cambodge, la plupart des rôles sont occupés par des danseuses. Le rôle des singes a cependant été transféré aux hommes sous la direction de la reine Sisowath Kossamak et peut donc être joué par les unes comme par les autres aujourd'hui. D'autres rôles pouvant être exécutés par des hommes incluent des ermites et des animaux tels que des chevaux et des lions mythiques.
Il existe trois principaux types de personnages masculins :
Il existe quatre principaux types de personnages féminins :
Il existe trois principales classes de géants :
Les géants sont, avec les singes, un des types de personnages portant toujours un masque. Ce sont aussi généralement les antagonistes des drames.
Il existe deux principales classes de singes :
Les singes sont, avec les géants, un des types de personnages portant toujours un masque. Ils servent souvent de faire-valoir aux personnages masculins et féminins, permettant aussi de rajouter des éléments comiques aux drames.
D'autres personnages peuvent apparaître en plus des quatre types principaux, certains d'entre eux ne dansant cependant pas (c'est ainsi généralement le cas des ermites et porteurs):
Les animaux forment un groupe ou type de personnages à part:
Certains animaux peuvent être dotés d'accessoires particuliers pour les différencier, telle la queue en éventail du paon portée grâce à un harnais sur la photo ci-joint.
Les costumes de danse classique sont très ornés et fortement brodés, comprenant parfois des paillettes et même des gemmes semi-précieuses.
La plupart des costumes sont considérés comme représentatifs de ce que les divinités portent, ce qui se reflète d'ailleurs particulièrement dans le style artistique de la période post-Angkor. Diverses pièces du costume (comme des chemises) doivent être cousues directement sur les danseurs pour un ajustement serré.
Les différents costumes permettent d'identifier les quatre types de personnages du ballet classique khmère (Neang la femme, Neayrong l’homme, Yeak le géant et Sva le singe), chacun possédant ses propres spécificités.
Le costume actuel des apsaras (danseuses et nymphes célestes), en particulier la coiffe ou couronne à trois pointes, est basé sur le bas-relief représentant des apsaras sur les ruines du temple d'Angkor, une évolution choisie sous la direction de la reine Kossamak Nearireath pour s'écarter de l'influence siamoise et retourner aux racines de la danse khmère.
Le costume typique féminin ou neang se compose d'un sampot sarabot; du sbai; d'un corsage ou maillot de corps et du srang kar auxquels s'ajoutent des bijoux :
Les bijoux du rôle féminin comprennent un grand pendentif en filigrane carré qui est accroché par le coin, divers types de bracelets, bracelets de cheville censés ancrer les personnages à la terre[11] comme bracelets aux poignets, un brassard sur le bras droit et des chaînes de corps de styles variés.
Les personnages masculins, ou neay rong, portent des costumes plus complexes que celui des femmes, car il nécessite que certains éléments, comme les manches, soient cousues ensemble à même le corps lors de la mise en place. Le costume typique masculin comprend un sampot sarabap, un pantalon court, une chemise, un srang kar, des épaulettes cambrées, trois bannières à la ceinture et un sangvar:
Les personnages masculins portent également les mêmes bijoux de cheville et de poignet que les féminins mais avec l'ajout d'un ensemble supplémentaire de bracelets au poignet. Contrairement aux personnages féminins, ils ne portent pas de brassards. Ils portent également un ornement en forme de cerf-volant appelé un sloek po (nommé d'après la feuille de l'arbre de la Bodhi), qui sert de point central pour leur sangvar.
Il existe plusieurs types de couronnes qui dénotent le rang du personnage.
Les coiffures de certains personnages comprennent des ornements d'oreille ainsi que des boucles d'oreilles. Certains personnages, en particulier les ogres et les singes, portent des masques. Les ogres et les singes de rang royal ou de rang supérieur portent des masques avec un mokot attaché.
Les danseurs sont traditionnellement ornés de fleurs parfumées bien que, parfois, les fleurs fraîches soient remplacées par des fleurs artificielles. Le pompon floral est traditionnellement fait de Jasminum sambac ficelé avec des fleurs de Michelia, soit Michelia alba, soit Michelia champaca. Le rôle neang (féminin) porte une rose au-dessus de l'oreille droite et un gland floral attaché au côté gauche de la couronne tandis que le rôle de neay rong (mâle) porte une rose sur l'oreille gauche et un gland floral sur le côté droit. Parfois, les danseurs porteront des guirlandes de jasmin arrangées et fixées aux poignets. Le rôle de l’apsara est le plus souvent orné de fleurs de Plumeria obtusa ou de cultivars blancs de Plumeria rubra; parfois les plumerias sont attachés le long de leurs cheveux.
Fichier audio | |
Krai Thong | |
Chanson tirée d'une scène du drame dansé Krai Thong. | |
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La musique utilisée pour la danse classique khmère est jouée par un ensemble de 'pinpeat'. Ce type d'orchestre se compose de plusieurs types de xylophones, tambours, hautbois, gongs et autres instruments de musique. Le chœur se compose de plusieurs chanteuses qui chantent principalement en l'absence de musique. Les paroles sont sous forme poétique et sont chantées entrecoupées de particules grammaticales eu [əː], eung [əːŋ] et euy [əːj] dans divers variations.
La danse classique khmère utilise un morceau particulier de musique pour un certain événement, comme lorsqu'un danseur entre dans une scène ou lorsqu'il effectue certaines actions telles que voler, marcher ou quitter la scène. Ces pièces musicales sont arrangées pour former une suite. De nouveaux morceaux de musique sont rarement créés.
Voici une liste de morceaux de musique utilisés dans le répertoire:
Selon le Cambridge Guide to Asian Theatre (1997), le répertoire du Ballet royal comprenait environ 40 danses et 60 spectacles de danse. Depuis la restauration du Royal Ballet en 1979, une partie de l'ancien répertoire a été recréée et plusieurs nouvelles danses ont également été créées, notamment robam monosanhchettana de feu Chea Samy. Depuis quelques années, de nouveaux drames ont été créés par le Ballet royal, comme Apsara Mera. Sophiline Cheam Shapiro a également introduit un nouveau répertoire dans la danse classique khmère bien qu'ils ne fassent pas partie du répertoire royal traditionnel et aient principalement été joués dans des salles occidentales. Ses œuvres comprennent des drames tels que Samritechak, une adaptation de Othello de Shakespeare et Pamina Devi, une adaptation de La flûte enchantée de Mozart.
Le répertoire des drames de danse du Ballet royal du Cambodge (រឿង, roeung) se compose d'une myriade d'histoires à la différence du lakhon khol, qui se limite seulement au Ramayana. Beaucoup de drames dansés ont des analogies dans le genre de danse lakhon nai de la Thaïlande, mais ne partagent pas la même chorégraphie ou histoire. À l'époque de la reine Kossamak, plusieurs drames dansés ont été re-chorégraphiés et raccourcis comme Roeung Preah Thong-Neang Neak; un drame qui serait plus tard recréé (en 2003) parmi d'autres.
L'intrigue de nombreux drames est souvent celle d'un personnage masculin qui sauve une demoiselle en détresse ou de l'amour destiné présenté avec des obstacles. Le répertoire traditionnel représente la mythologie, les contes traditionnels et peut parfois inclure des concepts religieux tels que le karma.
En contraste avec les drames dansés, sont des danses plus courtes appelées robam. Elles peuvent servir à plusieurs fins telles que l'honneur, les fonctions rituelles (par exemple assurer la fortune et la prospérité du royaume), et la bénédiction. S'étendant sur plusieurs minutes, ces danses n'ont pas toutes des histoires. Bien que beaucoup de robam sont en effet des extraits de drames dansés tels que robam mekhala-reamso (La danse raconte le mythe cambodgien de la pluie, du tonnerre et des éclairs) et robam sovan macchha (ce dernier étant tiré du Reamker).
La «danse apsara» d'aujourd'hui a été créée sous la direction de la reine Kossamak Nearireath. Son costume est basé sur le bas-relief des apsaras sur les ruines du temple mais une grande partie de celui-ci, y compris sa musique et sa gestuel, n'est pas unique aux autres danses khmères classiques qui ne datent probablement pas de la période d'Angkor.