Fille de Giambattista Pisaroni et de Luigia Prati[1], elle s'éveille tôt au chant avec des maîtres locaux de Plaisance (Vincenzo Colla Pini, élève de Giuseppe Nicolini et Giacomo Carcano, organiste de la cathédrale)[1]. Son père la pousse vers des chanteurs plus en vue, à Milan, auprès de castrats tels Moschini, Luigi Marchesi, Gasparo Pacchiarotti et Giovanni Battista Velluti[2],[3]. Elle crée avec ce dernier le Carlo Magno de Nicolini, ce qui lui vaut l'amitié du compositeur, et la rencontre de son mari Venanzio Maloberti, qu'elle épouse contre l'avis de son père.
Elle tient d'abord des rôles de prima donna soprano, ce qui la mène à Gênes, où Gioacchino Rossini, l'entendant dans un rôle de soprano de son Tancredi, lui conseille de se consacrer plutôt aux rôles de contralto. Elle commence avec Ciro in Babilonia à Padoue en , ce qui lui vaut une réputation de contralto rossinienne, pour des rôles en travesti : elle jouera souvent Aureliano in Palmira composé sur mesure par son maître Velluti et Tancredi, en rôle masculin désormais[1]. Son mari meurt en , et elle tient le deuil jusqu'au carnaval suivant, au début de 1816. Elle doit de nouveau s'arrêter à cause d'une variole contractée alors, ce qui modifie la tessiture de sa voix, et lui déforme le visage. Elle n'a plus que sa voix, et charme son public malgré une apparence peu flatteuse[1]. Elle se remarie en avec Giuseppe Santi Carrara, instrumentiste de La Fenice, où elle-même ne chantera jamais[1].
Elle continue sa carrière dans les opéras de Gioachino Rossini et de Giacomo Meyerbeer. Curieusement, Rossini commence par lui donner des rôles de seconda donna, comme dans Ricciardo e Zoraide (), ou Ermione (), ou encore dans la Gazza ladra (). C'est seulement pour La donna del lago () qu'il lui confie le rôle masculin de Malcolm[4], où Rossini lui arrange deux arie pour sa tessiture ; mais en tout cela, il la maintenait dans des seconds rôles[1].
C'est alors qu'elle renoue avec des rôles de protagoniste sur les scènes du centre et du nord de l'Italie, en particulier à La Scala de Milan, dans la première de l’Esule di Granata de Meyerbeer[5]. Elle refuse des invitations à Munich ou à Saint-Pétersbourg, mais accepte un engagement auprès du Théâtre italien de Paris, ce qui lui vaut une célébrité internationale[1],[6],[7]. Elle s'y produit en Arsace dans Semiramide de Rossini, le , ce qui fait beaucoup parler les critiques[8],[9], qui louent son jeu noble, grandiose et pompeux, ainsi que ses effets de scène, ou remarquent comment elle gère certains sons plus bruts dans les graves[1]. Après Paris, elle fait un séjour à Londres, au King’s Theatre, au début de , pour chanter du Rossini, parfois aux côtés de Maria Malibran. Rentrée en Italie pour l'été , elle acquiert le palais Rota à Plaisance pour y résider, et s'adonner encore aux scènes de la région, jusqu'à son adieu à la scène le , pour un dernier triomphe dans le début du Trionfo di Manlio de Nicolini, au Teatro Comunitativo de Plaisance[1].
Elle prend donc sa retraite à moins de quarante ans dans sa ville natale, Plaisance, avec son mari et sans enfants. En , elle perd don mari d'une banale chute de carrosse ; elle donne encore quelques concerts privés (le dernier en , où elle interprète la cavatine de La donna del lago). Elle soutient la cause patriotique en , s'engage dans les œuvres de bienfaisance et s'entretient de spiritualité avec des membres du clergé[1].
Elle meurt le dans sa villa à Colonese di Rivergaro, près de Plaisance. Un buste en marbre orne sa tombe au cimetière de sa ville natale[1].
↑ abcdefghij et k(it) Marco Beghelli, « PISARONI, Benedetta Maria Rosmunda », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 84, (lire en ligne)
↑Ce sont sans doute eux qui lui transmirent leurs techniques propres, entre autres pour les notes graves et les aigües claires et nasales, cf. (it) Marco Beghelli, « PISARONI, Benedetta Maria Rosmunda », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 84, (lire en ligne)