Betye Irène Saar, née Betye Irene Brown (, à Los Angeles)[1], est une artiste afro-américaine, connue pour ses œuvres à dimension politique, dénonçant les discriminations vécues par les Afro-Américains, notamment grâce à des assemblages[2].
Betty commence sa vie professionnelle comme travailleuse sociale jusqu’à sa rencontre avec le joaillier Curtis Tann[4] et le peintre William Pajaud(en)[5].
Son intérêt pour les assemblages provient d'une exposition de Joseph Cornell que Betye Saar visite en 1967[10]. Elle cite également les influences des Watts Towers de Simon Rodia[11] dont elle a été témoin de la construction durant son enfance. Elle commence sa pratique en créant des boites qui cachent des objets de différentes cultures rappelant son propre héritage, elle se tourne par la suite vers les globes, les horloges et les pantins qui lui permettent de transformer les émotions[12]. Ces assemblages lui donnent la possibilité de créer des mondes illustrant les implications des femmes noires aux États-Unis[13].
Son œuvre emprunte certains éléments de la spiritualité, ainsi elle réalise de petits autels interrogeant le temps et de mémoire, mais aussi les questions raciales et sexistes[10], elle explique à ce sujet : « L'idée de l'accumulation des matériaux, leur assemblage et le partage d'un travail font tous partie d'un rituel. Ce processus d'objectivation est… une purification. Une fois dans le monde, l'œuvre d'art peut devenir une partie du rituel de quelqu'un d'autre[10]. » Elle précise aussi que sa méthode de garder tous types de matériaux permet de donner à chaque objet collectionné « une certaine énergie, quelle qu’elle ait été dans sa vie antérieure[13]. »
Sa première pièce politique remonte à 1972. Dans une petite boite, elle présente une représentation de Aunt Jemima[14] tenant une arme à feu. The Liberation of Aunt Jemima propose une nouvelle lecture de l'histoire coloniale et replace la femme noire comme guerrière non plus comme esclave[14]. Elle place également dans cette boite des objets rappelant la luttes des esclaves, comme le poing levé dont elle se sert pour faire la jupe de Aunt Jemima[14]. Elle écrit à ce sujet : « J'ai recyclé les images, en quelque sorte, de négatives en positives[14]. » L'œuvre devient emblématique, un symbole féministe de libération des populations noires[14]. Elle dit : « C’était ma façon personnelle de réagir avec colère à ce qui arrivait et était arrivé aux Noirs[13]. »
Josephine Withers recense, dès 1980, toutes premières boîtes de Betye Saar dans un catalogue raisonné. Elle publie les conclusions dans un article de Feminist Studies[15], mais il faut attendre plusieurs années avant que l'artiste occupe une place internationale sur la scène artistique. Malgré une multiplication des expositions à son nom et des expositions collectives d'artistes femmes la fin des années 200, Betye Saar déplore que « la plupart des expositions d’artistes femmes noires sont faites à l’invitation de galeristes et non de conservateurs[16]. »
↑(en-GB) Nadja Sayej, « Betye Saar: the artist who helped spark the black women's movement », The Guardian, (ISSN0261-3077, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Dallow, Jessica., “Reclaiming Histories: Betye and Alison Saar, Feminism, and the Representation of Black Womanhood.”, feminist studies, vol. 30, no. 1, 2004 (lire en ligne), pp. 75–113