Une Bible moralisée est un type de manuscritbibliqueenluminé datant de la fin du Moyen Âge (XIIIe au XVe siècles) qui consiste en la reprise de versets de la bible en latin, accompagnés de commentaires prodiguant des leçons de morale et systématiquement associés à des miniatures illustrant ces extraits. Ces manuscrits sont aussi parfois appelés Bible historiée, Bible allégorisée, ou Emblèmes bibliques. Les plus grandes bibles contiennent jusqu'à 5 000 miniatures.
La présentation des bibles moralisées est relativement standardisée. Chaque page présente huit miniatures, sur quatre rangées. Chaque rangée permet de comparer deux miniatures, la première présente une scène de l'Ancien Testament, mise au regard avec une scène du Nouveau. À chaque miniature correspond un verset de la bible accompagné de commentaires à visée moralisatrice.
La complexité de ce type de manuscrits, ainsi que le très grand nombre de miniatures nécessaires à sa réalisation, font que les bibles moralisées sont souvent restées réservées à quelques rois ou grands princes. Relativement peu d'exemplaires sont connus et ont subsisté jusqu'à nos jours.
la Bible moralisée de Vienne 1179, un autre exemplaire conservé à la bibliothèque de Vienne, en latin cette fois et daté de la même période, Codex Vindobonensis 1179[3]
la Bible moralisée Oxford-Paris-Londres, un exemplaire composé de quatre tomes conservés dans trois lieux différents, datée des années 1230-1245 :
Plusieurs bibles sont copiées et illustrées sur le même modèle que les précédentes, avec quelques distinctions, mais toujours pour des commanditaires aristocrates :
une autre bible, dite « bible d'Osuna », peu illustrée et datée de la fin du XIVe siècle, conservée à la Bibliothèque nationale d'Espagne (Ms.10232)[9]
François Bœspflug et Yolanta Zaluska,, « Les évangiles dans la Bible moralisée et le Diatessaron latin », dans Magistro et amico, Mélanges offerts à Lech Kalinowski, Cracovie, Université Jagellone, 2002, p. 427-445.
François Bœspflug et Yolanta Zaluska, « Les sacrements dans la Bible moralisée au XIIIe siècle », dans Chr. Hediger (éd.), “Tout le temps du veneour est sanz oyseuseté”, Mélanges offerts à Yves Christe pour son 65e anniversaire par ses amis, ses collègues, ses élèves, Turnhout, Brepols, 2005, p. 249-290.
François Bœspflug, Yolanta Zaluska et A. Fernandez, « Le cycle de la Cène dans la Bible moralisée au XIIIe siècle », dans Nicole Bériou, Béatrice Caseau, Dominique Rigaux, Pratiques de l’eucharistie dans les Églises d’Orient et d’Occident (Antiquité et Moyen Âge), Paris, Institut d’Études Augustiniennes, 2009, p. 79-124.
(de) Friedmann, M. M., « Sünde, Sünder und die Darstellungen der Laster in den Bildern zur “Bible moralisée” », Wiener Jahrbuch für Kunstgeschichte, 37 (1984), 157-171.
Babette Hellemans, La Bible Moralisée : une œuvre à part entière : Temporalité, sémiotique et création au XIIIe siècle, Turnhout, Brépols, , 272 p. (ISBN978-2-503-53204-2)
Laborde, Alexandre de : La Bible Moralisée Illustrée Conservée à Oxford, Paris et Londres, Paris, 1911-1913.
(en) Lipton, Sara, Images of Intolerance. The Representation of Jews and Judaism in the « Bible Moralisée », Berkeley, 1999.
(en) Lowden, John: The Making of the Bibles moralisées, 2 vols., 1. The Manuscripts, 2. The Book of Ruth, University Park, 2000
(en) Karine Tachau, « The King in the Manuscript:The Presentation Inscription of the Vienna Latina Bible Moralisée », Gesta, vol. 60, no 1, , p. 1-30
Warburg Institute Iconographic Database contenant toutes les planches de l'edition du Comte de Laborde et ainsi toutes les miniatures du MS Oxford-Paris-Londres
↑Un fac-similé très fidèle, récompensé par un prix du Ministère espagnol de la Culture, a été publié par les éditions Patrimonio à Valencia (Espagne).
↑Yves Christe et Laurence Brugger, « Une Bible moralisée méconnue: la Bible napolitaine de Paris (BnF, ms fr. 9561, fol 1r-112v) », Arte cristiana, 91 (2003), 237-51.
↑Margherita Morreale, “La «Biblia Moralizada» latino-castellano de la Biblioteca Nacional de Madrid (MS. 10232),” Spanische Forschungen der Görresgesellschaft, 1. Reihe, Gesammelte Aufsätze zur Kulturgeschichte Spaniens, 29 (1978), 437-56.