La bigoterie est une dévotion fourvoyée dans un attachement au détail, à la lettre, à des pratiques formelles, superstitieuses. Être d'une effroyable bigoterie ; détester la bigoterie ; s'enfoncer dans la bigoterie.
Le terme « bigot » est très souvent utilisé dans un sens péjoratif pour parler d'une personne qui s'accroche sans discernement à des idées ou à une idéologie religieuse au mépris de la réflexion, même lorsqu'il est prouvé qu'elles sont fausses, et qui défend ses croyances d'une manière souvent obtuse voire agressive.
Le terme est attesté pour la première fois en 1135 en ancien français chez Wace, auteur normand, comme surnom injurieux donné aux Normands[1].
William Camden explique que les Normands ont été les premiers à recevoir l'appellation de bigots lorsque leur duc, Rollon (dit aussi Robert Ier, ou duc des Normands), recevant en mariage la fille de Charles III de France dit le Simple, Gisla, et avec elle l'investiture du duché, refusa de baiser le pied du roi en marque de soumission, à moins que le roi lui-même lui tendît le pied. Alors que ceux présents le pressaient de baiser le pied du roi, Rollon répondit « Non, par Dieu ! », sur ce Charles III dit en se retournant « bigot ! ». Le nom passa ainsi de Rollon à son peuple. Il est très possible que cette histoire soit fictive car il n'a pas été retrouvé de traces de Gisla dans les recherches sur les Francs. Il est cependant vrai que les Français utilisaient le mot « bigot » comme insulte pour les Normands.
Le terme d'injure utilisé par Wace remonte probablement au vieil anglais be gode ! (« par Dieu ! ») juron ou invocation chez les Normands avant et après leur romanisation, seulement attesté en moyen anglais en 1300 bi godd (NED, s.v. god § 13) et vers 1330 be gode (MED, ibid. § 6b)[1].
En revanche, il est difficile de dire si le sens actuel est dérivé du premier ou s'il est issu d'un nouvel emprunt à une autre langue germanique, soit le moyen-haut allemand bî got ou le moyen néerlandais bi gode. Cf. les jurons du moyen français : vers 1456- vers 1463 brulare bigod (Villon, Testament, éd. Thuasne, vers 1585); 1552 Tout est prelore, bigoth (Rabelais, Quart Livre, éd. Marty-Laveaux, t. II, p. 337)[1].
Vers 1900, le mot bigot dénote une personne qui a une dévotion excessive, étroite ou mesquine[2].