Le bois flotté est du bois qui a été drossé sur la côte (de l’océan ou de toute autre étendue d'eau salée) par l'action du vent, des courants ou des marées. L'appellation « bois flotté » implique un séjour de nombreux jours, semaines, mois ou années dans une étendue d'eau salée.
Sur certaines côtes, le bois flotté est perçu comme une nuisance, dont pour les hélices des bateaux. Quand il est d'origine naturelle, il participe cependant au biotope, fournissant abri ou nourriture aux oiseaux marins, poissons, invertébrés ou d'autres espèces aquatiques ou du bois mort lorsqu'il flotte, coule ou s'échoue. Les limnories, les tarets et les bactéries décomposent ce bois, le transformant progressivement en nutriments qui sont réintroduits dans la chaîne alimentaire. Lorsque ce bois, partiellement décomposé et creusé, est rejeté à la côte, il peut servir d'abri aux oiseaux ou à d'autres espèces animales et permettre la pousse de certaines plantes. Il sert parfois de fondations pour la création de dunes.
Il peut s'agir de :
Selon la mythologie nordique, les premiers êtres humains, Ask et Embla ont été créés à partir de deux pièces de bois flotté, un frêne et un orme, par le dieu Odin et ses frères, Vé et Vili.
Le bois flotté charrié par les fleuves arctiques a longtemps été la principale et quelquefois la seule ressource en bois des Inuits et d'autres populations de l'Arctique qui habitaient bien au-delà de la limite des arbres, au Nunavik par exemple[1],[2],[3]. Dans les années 1940, Giddings a créé une collection d'échantillons et de données d'intérêt à la fois dendrochronologique et dendroclimatique, encore utilisés et exploités, intéressant la seconde moitié du dernier millénaire du nord-ouest de l’Alaska.
Dans de nombreuses régions maritimes, du bois flotté était utilisé, par exemple pour les séchoirs à poissons et pour la construction.
Une des plus célèbres pièces de bois flotté est le Old Man of the Lake dans le lac du Cratère en Oregon (États-Unis). Le tronc de cet arbre flotte verticalement dans le lac depuis plus d'un siècle[4]. Grâce à l'eau froide du lac, l'arbre a été préservé.
Bois de feu : Le bois humide et imbibé de sel brûle mal et en produisant des dioxines et furanes en raison du chlore qu'il contient, mais le bois flotté provenant d'eaux douces, bien qu'il ait perdu un peu de son pouvoir calorifique, une fois sec, peut être utilisé comme combustible (avec des précautions, dans un incinérateur avec filtre) s'il a été peint ou traité, ou s'il a pu être contaminé par des sédiments ou un eau pollués, durant son transport. De grandes grandes quantités de bois flottants étaient autrefois charriées par les crues[5]. C'est encore parfois le cas. Par exemple sur le Rhône genevois, avant le barrage de Verbois, les crues saisonnières de l'Arve (rivière significativement plus polluée que le Rhône au point de confluence) apportent de 120 à 800 tonnes de bois sec/an, soit en moyenne environ 500 tonnes d'équivalent bois sec/an. En 2005 le bois échantillonné sur ce site était essentiellement d’origine naturelle (au maximum 5 % de déchets anthropiques, parmi des troncs et branches de salicacées, aulnes et peupliers essentiellement)[5]. L’exploitant ayant obligation de ne pas rejeter ces bois flottants vers l'aval, il a étudié la possibilité d'en faire du bois-énergie. Ce bois a un pouvoir calorifique moyen de 17.5 à 20 MJ/kg (sec). Un premier échantillonnage du bois flotté a été fait au moment de la crue printanière, avec une méthode d'extraction faisant que ce bois a été mis en contact avec du sédiment pollué[5]. Il présentait un taux de cendres proche de 15 % (après combustion des plaquettes), et il était systématiquement pollué par l'arsenic, du chrome, du cuivre et du plomb (largement au dessus des valeurs limites fixées par la suisse pour le bois énergie (norme SN166 000) ; le cadmium et le mercure n'ont pas été recherché, mais ils pourraient aussi être présents. Inversement, les échantillons prélevés lors de la crue automnale (où l'on n'a soutiré que les bois flottants en surface, sans le mettre en contacts avec le sédiment), n'a produit que 3 % de cendres ; et il contenait bien moins de métaux lourds et métalloïdes (10 à 20 fois moins que les échantillons printaniers), permettant de produire des plaquettes ou pellets conforme à la norme suisse SN166 000[5]. Cette étude a montré que les bois flottants ayant séjourné dans un sédiment pollué ou extrait de l'eau avec un peu de sédiment peuvent être trop pollués pour être brûlés[5].
Le bois flotté est fréquemment utilisé comme élément décoratif ou artistique. Des sculptures de bois flotté ont été construites sur des plages ou des vasières.