Le bombardement de Lübeck a eu lieu la nuit du dimanche des Rameaux à Lübeck en Allemagne, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été commandé par la Royal Air Force. Ce fut le premier bombardement stratégique réussi à grande ampleur de la Royal Air Force Bomber Command. Il fallait désarticuler le tissu économique allemand et démoraliser les populations. Mais ce bombardement détruisit en grande partie le patrimoine artistique de la ville (ainsi l'église Saint-Pierre sera en travaux jusqu'en 1987), et provoqua la mort de centaines de civils, tandis que les survivants perdirent bien souvent leur habitation.
Ce type d'attaque sera repris quelque temps plus tard avec l'opération Millenium commencée par le bombardement de Cologne et qui culminera avec ceux de Hambourg et de Dresde, ce dernier étant le plus destructeur.
L'état-major de la Royal Air Force avait déjà recommandé au Bomber Command, plusieurs mois avant , d'effectuer des bombardements avec bombes incendiaires sur les villes allemandes[1], mais c'est le général Harris (dit Bomber Harris), commandant en chef du Bomber Command, qui prit la décision de frapper Lübeck en premier, dès le . Il trouvait en effet que le centre historique était concentré dans un espace réduit et que la ville était dotée aux abords de vastes zones industrielles. De plus, la défense antiaérienne allemande, la Flak, d'après ses indications, y était moins efficace qu'ailleurs.
L'attaque nocturne fut organisée par Harris selon le mode suivant :
L'attaque commença donc ponctuellement à 22 h 30. L'église Sainte-Marie, construite au XIIIe siècle et symbole de la ville avec ses hautes flèches, fut le point focal de l'attaque du centre historique. Le marché gothique et la Reichsbank furent frappés également, ainsi que les bâtiments officiels et toute la vieille ville, provoquant des incendies qui durèrent plusieurs jours. Cent-quatre-vingt-onze avions lancèrent leur charge sur les deux-cent-trente-quatre participant à l'opération. Huit avions furent abattus par la défense antiaérienne allemande et cinq furent détruits à cause de leur système de navigation défaillant (l'équipage étant capturé).
Winston Churchill félicite publiquement le général Harris du « succès » de l'attaque. Peu après, c'est au tour de Rostock d'être bombardée, après avoir subi quelques raids après Lübeck.
Une reconnaissance photographique effectuée par la RAF le révèle que 81 hectares d'édifices ont été entièrement détruits, représentant 30 % de la ville (les Anglais pensaient au début en avoir détruit 50 %).
1 425 bâtiments ont été détruits, 1 976 gravement endommagés. L'usine Drägewerke qui fabriquait des oxygénateurs pour le personnel des sous-marins est totalement détruite, tandis que trois usines, la gare ferroviaire principale, une des centrales électriques et de nombreux immeubles de bureaux sont entièrement ravagés par des incendies.
146 tonnes de bombes conventionnelles et 163 tonnes de bombes incendiaires ont été larguées sur la ville. Trois- cent-douze civils trouvèrent la mort, sur une population à l'époque de cent-cinquante-trois-mille habitants.