Buffet froid

Buffet froid

Réalisation Bertrand Blier
Scénario Bertrand Blier
Acteurs principaux
Sociétés de production Sara Films
Antenne 2
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie noire
Durée 95 minutes
Sortie 1979

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Buffet froid est un film français écrit et réalisé par Bertrand Blier, sorti en 1979.

Comédie à l'humour noir[1] et absurde, le cinquième long-métrage de fiction du réalisateur, écrit en deux semaines par ce dernier en se basant sur la personnalité de Gérard Depardieu[2],[3], raconte l'histoire de trois hommes, un chômeur (Gérard Depardieu), un inspecteur de police (Bernard Blier) et un assassin (Jean Carmet), qui se retrouvent entraînés dans une série d’événements surréalistes et de meurtres absurdes. Geneviève Page, Denise Gence, Michel Serrault et Carole Bouquet, entre autres, complètent la distribution de ce film.

Considéré comme le chef-d'œuvre de la carrière de Bertrand Blier[4], malgré son échec commercial, le film est largement salué par la critique.

Dans une gare déserte du RER parisien en soirée, Alphonse Tram, trentenaire au chômage qui ne se sépare jamais de son couteau et de son manteau, fait la rencontre d'un comptable avec lequel il tente d'entamer une conversation, tout en lui montrant son cran d'arrêt. Mais le quidam, agacé par son interlocuteur, laisse Alphonse seul, dont le couteau a entre-temps disparu après l'avoir montré au comptable, quand un train arrive. Dans la même soirée, Alphonse retrouve le comptable avec son couteau planté dans le ventre en train d'agoniser. Pris de compassion, Alphonse assiste aux derniers moments du comptable avant de rentrer chez lui dans une tour où sa femme et lui sont les seuls résidents. Néanmoins, Alphonse apprend qu'un étrange inspecteur de police, Morvandiau, vient de s'installer dans la tour, avec lequel il bavarde. Il sera révélé que Morvandiau, autrefois marié à une musicienne, l'a assassinée en l'électrocutant car ne supportant plus la musique qu'elle jouait. Quelques instants plus tard, Alphonse se rend de nouveau chez l'inspecteur quand sa femme vient d'être assassinée par un homme paranoïaque qui s'est présenté chez lui pour lui confesser son crime, pris toutefois à la légère par le jeune veuf et le policier. Le trio sympathise toutefois et se retrouve entraîné dans une série de situations rocambolesques et absurdes qui commence quand un inconnu se présente chez Alphonse pour l'incriminer dans le meurtre du quidam et le fait chanter pour que lui et le trio tuent un gêneur. Le trio s'exécute mais découvre que sa cible est l'inconnu. L'encombrante veuve de ce dernier s'installe en leur compagnie.

Le lendemain, un médecin est appelé par Alphonse pour soigner la veuve, malade, avant de la violer et d'être assassiné par cette dernière. Alphonse et Morvandiau se débarrassent du corps du médecin, mais leur périple va les mener à tuer des musiciens, tandis que l'assassin paranoïaque ne peut pas s'empêcher de tuer la veuve. Pour échapper à cette atmosphère pesante, les trois hommes partent à la campagne pour se ressourcer, mais leur quiétude est interrompue quand un tueur à gages, venu pour tuer Alphonse, abat par erreur l'assassin. Alors qu'ils poursuivent le tueur à gages, Alphonse et Morvandiau sont aidés par une mystérieuse et séduisante jeune femme dans leur poursuite, qui se conclut dans une barque. Le tueur à gages est poignardé par Alphonse, qui se débarrasse aussi de Morvandiau en le noyant après avoir découvert qu'il ne savait pas nager. Seul avec la jeune femme dans la barque, Alphonse sera toutefois tué par cette dernière, venue venger le meurtre de son père, le comptable du métro.

Commentaires

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L'intrigue de cette comédie dramatique est pleine d'humour noir et grinçant. On ignore la plupart des raisons qui poussent les protagonistes à agir systématiquement à l'inverse de ce que l'on peut attendre d'eux. Ainsi, l'inspecteur de police admet les meurtres, en commet lui-même et prétend ne pas s'en préoccuper en dehors de son service.

Le style du film est fortement empreint de surréalisme, proche des films de Luis Buñuel. On pense aussi au théâtre d'Alfred Jarry et d'Eugène Ionesco[5].

La mise en scène de la station de RER de La Défense, alors en fin de construction avec des tours qui n'accueillaient pas encore chaque jour 170 000 employés comme aujourd'hui, présente un espace urbain déshumanisé, froid et angoissant, filmé de nuit, dans lequel les seules rencontres à attendre sont des êtres en marge. Les scènes « urbaines » furent tournées à Créteil, dans des quartiers encore en chantier, ainsi qu'à Boissy-Saint-Léger (la scène où le personnage de Jean Carmet est abandonné).

Fiche technique

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Distribution

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L'idée de Buffet froid est née d'un rêve que Bertrand Blier faisait régulièrement dans lequel il se faisait poursuivre par des policiers[7]. Il s'est également inspiré de la personnalité de Gérard Depardieu pour écrire en un seul jet ce script surréaliste[2] en deux semaines[7].

Dans son autobiographie, Bertrand Blier écrit à propos de la genèse du film : « L'idée de départ était le meurtre gratuit. Le genre : « J'ai un couteau dans la main ; je vous le plante dans le ventre ; quel effet cela vous fait ? » L'idée s'était étoffée à partir du choix de Depardieu. À l'époque, je faisais un rêve récurrent : j'étais poursuivi par la police et on m'arrêtait — ça m'est passé un peu depuis que je prends des somnifères. Depardieu a fait sien ce fantasme. Parmi tous les acteurs que je connais, Gérard est le seul à qui on peut faire jouer un tel rôle. C'est un "homme-couteau" par excellence. D'ailleurs, dans la vie, il a toujours un couteau dans sa poche ou à la main. Il taille des branches ou toute autre chose. Donc Depardieu (personnage-acteur) s'est approprié mon idée de meurtre gratuit et moi j'ai brodé là-dessus. Qui dit meurtres dit cadavres, qui dit cadavres dit flics, qui dit flics, etc.[8]. »

Le réalisateur et scénariste vient de remporter l'Oscar du meilleur film étranger pour Préparez vos mouchoirs et livre son scénario à plusieurs producteurs pour trouver un financement, mais le sujet ne les emballe pas[3],[7]. C'est finalement grâce à Alain Sarde que Bertrand Blier parvient à faire Buffet froid[3]. Pour incarner le trio, le réalisateur fait appel à Gérard Depardieu, Jean Carmet, mais aussi à son père, Bernard Blier[2], qui avait tourné à deux reprises sous la direction de son fils (Si j'étais un espion et Calmos)[2]. Le film marque aussi l'un des premiers rôles au cinéma de Carole Bouquet, révélée deux ans auparavant dans Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel[2].

Sortie et accueil

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Réception critique

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Buffet froid est largement salué par la critique au moment de sa sortie. Pour Le Monde, la qualité majeure du film est qu'« il nous change des rengaines habituelles du cinéma français », le qualifiant d'« incongru, truculent, désinvolte, délirant et parfaitement gratuit » ainsi que « film d'auteur (...) qui nous confirme que Bertrand Blier a des idées et un style [...] bien à lui »[8]. L'Express écrit qu'il s'agit d'un « délire glacial d'un potache saturé de Kafka et d'Almanach Vermot » et qu'il « est un film drôle »[8]. Selon Le Figaro, « la mise en scène établit un rapport dramatique et visuel tout à fait surprenant entre le décor, les objets et les personnages, et cela avec une clarté, une distance et une précision qui forcent l'admiration »[8].

Plusieurs années après sa sortie, le film continue d'obtenir des éloges. Dans son Guide des Films, Jean Tulard note que « ce film à l'humour noir insolite, illogique, inquiétant, qui flirte avec le surréalisme, est une plongée cauchemardesque dans notre univers déshumanisé où la peur et la solitude sont le lot de nos cités de béton et de nos campagnes désertées. Une comédie, souvent fort drôle, qui fait froid dans le dos »[8] et Jacques Siclier, auteur du livre Le Cinéma français (1968-1990) écrit que Buffet froid est « un film insolite, unique, dans le cinéma français contemporain, dont l'humour noir et les situations absurdes font penser à Beckett et à Ionesco »[8].

Sorti en salles à l'approche des fêtes de Noel 1979, Buffet froid ne parvient qu'à prendre la douzième place du box-office avec plus de 86 000 entrées en première semaine d'exploitation[9], alors que Préparez vos mouchoirs avait réussi à faire plus de 134 000 entrées en première semaine en janvier 1978[10]. Le film avait réuni 561 286 entrées durant l'année 1980[11]. Le film se hisse à la 44e place du box-office des films sortis en 1979 avec 749 504 entrées[12].

Dans certains cinémas, des spectateurs ayant vu le film demandèrent à se faire rembourser comme après une mauvaise pièce de théâtre[13].

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1979 » et « BO hebdo France 1980 » sur Les Archives du box-office , d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
du 19 au 12 86 545 86 746 Le Livre de la Jungle
du au 7 94 347 282 955 I… comme Icare
du 9 janvier au 11 62 810 345 765 La Femme flic
du 16 au 11 60 215 405 980 La Femme flic
du 23 au 15 46 115 452 095 C'est pas moi, c'est lui
du 30 janvier au 13 51 841 503 936 C'est pas moi, c'est lui
du 6 au 19 39 399 543 335 On a volé la cuisse de Jupiter
du 13 au 18 42 654 585 989 On a volé la cuisse de Jupiter
du 20 au 23 32 967 618 956 On a volé la cuisse de Jupiter
du 27 février au 30 23 217 642 173 Amityville, la maison du diable

Autour du film

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  • C'est un rêve qu'il faisait très souvent qui inspira l'idée du film à Bertrand Blier. Dans son rêve, il se voyait poursuivi par des policiers… Le même rêve que le personnage joué par Gérard Depardieu dans le film. Ce thème d'une arrivée massive de forces de police à l'écran est une scène récurrente dans le cinéma de Blier.
  • C'est le troisième et dernier film où le fils Bertrand Blier met en scène son père Bernard, après Si j'étais un espion (1967) et Calmos (1976)
  • La scène dans le RER, au début du film, a initialement été tournée avec Jacques Rispal dans le rôle du comptable assassiné. Mécontent du résultat, Bertrand Blier fit appel à Michel Serrault (non crédité au générique) pour le remplacer.
  • Lors de sa sortie en salles en 1979, Buffet froid connut un succès critique, davantage que public, totalisant 777 000 entrées en France.
  • Dans son hors-série no 20 d', le magazine Studio Ciné Live classe Buffet froid dans ses 100 films qu'il faut voir avant de mourir.
  • Deuxième rôle au cinéma dans la carrière de Carole Bouquet.

Distinctions

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Récompense

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Nominations

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Sortie vidéo

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Le film est édité pour la première fois en Blu-ray le par StudioCanal.

Bibliographie

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L'Avant-scène cinéma : Buffet froid de Bertrand Blier, n° 689, janvier 2022

Notes et références

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  1. « Bertrand Blier », sur Ciné-Ressources (consulté le )
  2. a b c d et e « Buffet Froid : Secrets de tournage », sur AlloCiné (consulté le )
  3. a b et c Jordan White, « Buffet froid de Bertrand Blier (1979) - Analyse et critique du film », sur DVDClassik, (consulté le ).
  4. « Buffet froid de Bertrand Blier (1979) », sur lemondedesavengers.fr (consulté le )
  5. « Buffet froid de Bertrand Blier - (1979) - Comédie noire » [vidéo], sur Télérama.fr (consulté le ).
  6. « BUFFET FROID : Visas et Classification », sur CNC.fr, (consulté le ).
  7. a b et c Thierry Cheze, « Cinq choses à savoir sur... Buffet froid », sur Première, (consulté le ).
  8. a b c d e et f http://www.studiocanal.fr/cid3633/buffet-froid.html#
  9. Box-office du 19 au 25 décembre 1979 (consulté le 2 juillet 2020).
  10. Box-office de la première semaine de Préparez vos mouchoirs (consulté le 2 juillet 2020).
  11. Fabrice BO, « Box-Office Annuel 1980 », sur Les Archives du Box-office, (consulté le ).
  12. Fabrice Ferment, « Cote Officielle 1979 », sur Les Archives du Box-office / chiffres CNC, (consulté le ).
  13. Secrets de tournage sur Allociné. Consulté le .

Liens externes

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