Après son retour en Turquie, il participe à de nombreuses expositions, y compris les expositions conjointes avec son père au "Club Art Lovers Ankara". Après une brève carrière au service diplomatique turc, Doğançay décide en 1964 de se consacrer entièrement à l'art et de faire de New York sa résidence permanente.
Des années 1960 jusqu’à sa mort, l’artiste retourne fréquemment en Turquie où il fait plusieurs expositions. Voyageur urbain, Burhan Doğançay a parcouru les rues de nombreuses villes à travers le monde durant une période s’étendant sur près de 50 ans[2]. Cependant, Doğançay vit et travaille également à Istanbul et à Bodrum, en Turquie[3].
Doğançay est fasciné par les murs urbains et les choisit comme sujet. Il les voit comme le baromètre de notre société et témoin de l'écoulement du temps, reflétant les changements sociaux, politiques et économiques, souvent résistant à l'assaut des éléments et les marques laissées par les gens. La fascination est à l’origine de ses célèbres séries sur les murs, qui mêlent peinture, gravure, photographie et sculpture[4],[5].
Au cours de ses pérégrinations dans 114 pays, Doğançay a réuni depuis les années 1960 tout un corpus de motifs, de formes, de signes, de lettres et de symboles provenant des murs des villes, qu’il a également fixés sur la pellicule. C’est dans ce trésor qu’il puise constamment pour concevoir de nouvelles œuvres, tout en procédant de manière très traditionnelle. Suivant en cela les enseignements de son père, Doğançay commence par des dessins et des esquisses pour réaliser la composition imaginée, avant de la transformer en collage à l’aide de divers matériaux[6]. La construction de l’œuvre s’effectue par étapes: l’artiste commence par peindre le mur sur toute la surface, puis colle par-dessus divers éléments et pulvérisation des inscriptions, bref, le défigure. C’est également sous ce rapport qu’il faut envisager les tableaux de cônes, véritables accumulations de coins d’affiches enroulées. Apparemment fortuites, les œuvres de Doğançay n’en sont pas moins des compositions minutieusement agencées, qui n’hésitent pas à mêler des souvenirs de plusieurs villes différentes et de leur société. En ce sens, elles tiennent de la fiction, et s’apparentent, avec justesse à une «sorte d’esperanto artistique»[7].
Pendant les années 1970, Doğançay lance ce qu'il voit alors comme son projet secondaire : photographier les murs urbains partout dans le monde. L’artiste possède ainsi des archives monumentales contenant plus de 30.000 clichés de murs pris dans les quelque 114 pays qu’il a visités. Les murs des villes sont le reflet des évolutions de la société, et les témoins du temps qui passe, de sorte que, selon l’artiste, «on peut expliquer les aspects politiques, sociologiques ou autres d’une société» simplement en regardant ses murs.
Pendant les années 1970 et 1980, il est devenu fameux avec son interprétation de murs urbains dans sa série des rubans. Plus tard il fait des sculptures d'ombre en aluminium composite et des tapisseries d'Aubusson[8].
En novembre 2009, une des œuvres de Doğançay, «Mavi Senfoni» (Symphonie en bleu) a été adjugée à 1,7 million de dollars américains ce qui en fait le tableau le plus cher jamais vendu pour un artiste turc vivant[9].
Les œuvres de Burhan Doğançay sont représentées dans plus de 70 musées à travers le monde. En plus, Burhan Doğançay est le premier artiste turc auquel le Metropolitan Museum of Art à New York ait dédié une pièce au sein de sa collection permanente[2].
En 2004 le Dogançay Museum a été inauguré dans le quartier Beyoglu à Istanbul. Exclusivement consacré à l'œuvre de Burhan Dogançay et, dans une moindre mesure aussi à l'art de son père, Adil, le Musée Doğançay(en) fournit une étude rétrospective de l'artiste. Lors de son ouverture à Istanbul, le Dogançay Museum est considéré comme le premier musée d'art contemporain en Turquie.
Levent Calikogu, Clive Giboire, Brandon Taylor et Richard Vine, Fifty Years of Urban Walls : A Burhan Dogançay Retrospective, Prestel, , 311 p. (ISBN978-3-7913-5219-0).
Philippe Piguet et Dolores Denaro, Collage-Décollage:Dogancay-Villeglé, Verlag für Moderne Kunst, (ISBN978-3-941185-57-9).
Brandon Taylor et Walls Urban, A Generation of Collage in Europe and America, Hudson Hills Press, (ISBN978-3-936646-07-8).
Ursula Blanchebarbe, Walls of the World, Kerber Verlag, .