Ces punaises ont la tête et les hémélytres aréolées. La tête est projetée en avant au-delà des yeux composés. Elles n'ont pas d'ocelles. Les antennes comptent quatre articles, dont les deux premiers sont courts, ne dépassant par l'apex du clypeus. Le pronotum recouvre parfois le scutellum, comme chez les Tinginae, mais ne se prolonge jamais en triangle vers l'arrière. Ainsi, le clavus (partie interne de la corie, contre le scutellum), est toujours visible. Le pronotum comporte généralement cinq carènes longitudinales, les trois centrales parfois plus développées que les deux latérales. Les hémélytres sont entièrement coriacées (sans membrane). Les sternites2 et 3 sont fusionnés. Chez les juvéniles, les glandes odoriférantes s'ouvrent sur la bordure antérieure des tergites4 et 5[3].
Les Cantacaderinae sont présents dans toutes les zones biogéographiques, à l'exception de la région néarctique[4]. La majeure partie se rencontre dans les zones australienne et afrotropicale, mais également dans la région indomalaise[5]. Seules deux espèces sont présentes en Europe, toutes deux du genre Cantacader, et une seule en France, Cantacader quadricornis[6].
On connaît très peu la biologie des Cantacaderinae. Elles sont phytophages, comme les autres Tingidae. Certaines ont été trouvées dans des herbes, des plantes (Fabaceae), ou des débris végétaux, d'autres dans des mousses et/ou des lichens[7]. Les espèces paléarctiques hivernent au stade adulte[5]. Aucune n'est considérée comme problématique pour l'agriculture[3].
Ce taxon a été créé en 1873 par l'entomologiste Carl Stål. Les développements de la phylogénie ont considérablement modifié la composition de ce groupe, considéré comme polyphylétique dans sa conception classique, notamment celle de Drake & Ruhoff[8] et de Froeschner[9],[10]. En conséquence, en ont été extraits notamment les Phatnomatini, l'une des tribus reconnues, transférée dans les Tinginae, une option qui reste toutefois encore discutée (par exemple, le site BioLib n'a pas adopté ce transfert[11]).
Barbara Lis (1999) considère même les Cantacaderinae comme une famille à part entière, une conception qui n'est pas majoritairement partagée et demande des analyses ultérieures[4]. Elle les divise en deux sous-familles, les Carldrakeaninae Lis, 1999 et les Cantacaderinae, et cette dernière en deux tribus, les Ceratocaderini Lis, 1999 et les Cantacaderini redéfinis, et, comme mentionné, en extrait les Phatnomatini qu'elle rattache aux Tinginae. Schuh & al en 2006[12] et Guilbert en 2012[13] acceptent cette réorganisation tout en rejetant le statut de famille des Cantacaderinae, ramenant ainsi les Carldrakeinae au rang de tribu, les Carldrakeanini, incluse dans les Cantacaderinae (Guilbert 2012), ce qui fait que le groupe comprend ainsi trois tribus distinctes. Celle des Ceratocaderini a été révisée par Melinda Moir en 2022[14]. Les Cantacaderinae semblent bien être le groupe frère des Tinginae[15],[16].
La sous-famille comprend une quinzaine de genres et environ 80 espèces. Plusieurs genres ont leur nom qui se terminent en « -cader », pour montrer leur appartenance à ce groupe. Toutefois, c'est également le cas de genres appartenant aujourd'hui aux Phatnomatini (Tinginae), comme Distocader, Indocader, Microcader, Pampacader, etc[18]., car on a cru longtemps que cette tribu appartenait aux Cantacaderinae.
Plusieurs fossiles ont été rattachés aux Cantacaderinae, y compris une tribu fossile, les †Golmoniini. Les plus anciens remontent à l'Aptien (entre −125 et −113 millions d'années, Crétacé inférieur). D'après les recherches de Wang & al (2021), †Sinaldocader et †Gyaclavator n'appartiennent pas aux Cantacaderinae[19],[16].
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