De nos jours, le terme peut être appliqué à la moindre phrase musicale. On dira, par exemple la cantilène d'un berger, d'une nourrice, du boussadia[2].
Dans son sens strict, le mot est réservé à une mélodie de caractère italien et dont l'amour est le sujet. La cantilène se distingue de la cavatine par son tempo, la cavatine ayant un mouvement allègre tandis que la cantilène affecte un tempo languissant qui permet, souvent, de nombreuses modulations. On trouvera de nombreuses cantilènes dans les œuvres de Bellini ou de Donizetti.
Au Moyen Âge, cantilène désignait un court poème d’origine germanique, lyrique, épique ou guerrier. Ce poème était toujours chanté. On dit que Charlemagne aimait beaucoup cette littérature, en ordonna la collecte et écrivit quelques cantilènes.
Parmi celles qui sont encore connues, on peut citer :
La Cantilène de Saucourt qui immortalise la bataille des Francs, menés en 881 par Louis III contre les Normands, pour se venger du traître Isembart ;
la Cantilène d'Hildebrand (IXe siècle) qui raconte le combat entre un père et son fils Hadebrand ;
La Cantilène de Saint-Faron (VIIe siècle) rapporte les aventures des ambassadeurs du roi saxon Bertoald envoyés à Clotaire II, roi des Francs. Ce dernier, courroucé des prétentions de Bertoald sur son royaume, fit jeter les ambassadeurs en prison et les condamna à avoir la tête tranchée le lendemain. Faron, qui n’était pas encore dans les ordres, alla nuitamment visiter les prisonniers et les convertit au Christianisme. Lorsque Clotaire voulut que la sentence soit appliquée et voir la tête des ambassadeurs rouler sur le sol, Faron se présenta devant lui et déclara : « Mon roi, ces hommes ne sont plus saxons, ils appartiennent au peuple chrétien ». C’est ainsi qu’il les sauva de la colère du roi et d’une mort certaine ;
↑Les paroles d'une cantilène du boussadia de Bir Challouf, près de Nabeul, figurent dans [1]Les aventures de Boussadia', auteur coll. Ecole Franco-Arabe de Dar-Chaâbane en Tunisie (Editions de l'Imprimerie à l'école, Collection Enfantines, numéro 155, Cannes, juillet 1950.).