Carnyx | |
Reconstitution d'un joueur celte de carnyx | |
Variantes modernes | Carnynx ou carnux |
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Variantes historiques | Cor, Chophar, Lur, Salpinx, Buccin, Lituus, Olifant... |
Classification | Instrument à vent |
Famille | Sous-famille des cuivres |
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Fichier audio | |
Exemple de son reconstitué d'un carnyx | |
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Un carnyx, ou carnynx ou carnux, est un instrument de musique celtique, de la famille des instruments à vent et de la sous-famille des cuivres. Cor de musique celtique à caractère guerrier, en usage à l’Âge du fer (du VIIIe au Ier siècle av. J.-C.), il était utilisé lors des guerres chez les Celtes pour galvaniser les troupes et impressionner l'ennemi (musique d'ordonnance)[1],[2].
Les carnyx sont constitués d'une trompe verticale pouvant mesurer jusqu'à 3 m, en tôle, en bronze, ou en laiton, et d'un pavillon perpendiculaire en forme de hure de sanglier stylisée, à gueule ouverte monstrueuse (le sanglier était un animal emblématique de la classe sacerdotale, des druides, bardes et vates, dans l'art celte, la religion celtique et la mythologie celtique), ou de tête de dragon, de cheval ou de serpent.
Le pavillon est équipé d'une languette de bois rivetée[3] pour le carnyx de Deskford, découvert en 1816 en Écosse[4](Musée national d'Écosse), et de lames métalliques dans les oreilles pour le carnyx de Tintignac, en Corrèze, pour rythmer le souffle.
Jusqu'à la découverte en septembre 2004 de sept exemplaires de carnyx dans un trésor de guerre daté du IIIe siècle av. J.-C., dans l'enceinte d'un temple sur le site archéologique de Tintignac, à Naves, en Corrèze, seuls des exemplaires fragmentaires étaient connus. En 2011, la société Armae a reconstitué fidèlement un des carnyx trouvés à Tintignac.
Les carnyx, par leur aspect visuel et par leurs sonorités rauques, devaient contribuer à effrayer l’ennemi. Les Celtes en sonnaient au combat, comme le rapportent des écrits d'auteurs grecs et latins[5]. Le général et historien romain Polybe décrit la peur des légions romaines durant l'attaque des Gaulois à la bataille de Télamon, en Toscane en L'historien Diodore de Sicile cite : « Leurs trompettes sont d'une sorte barbare particulière ; ils soufflent en eux et produisent un son rauque qui convient au tumulte de la guerre. »
Les carnyx étaient utilisés pour la motivation et la cohésion des guerriers celtes, pour leur faire atteindre leur redoutable « fureur frénétique guerrière » (sorte de transe guerrière morbide, tels les Berserks scandinaves), pour répandre un sentiment de terreur paralysante sur les champs de bataille parmi les troupes ennemies, donnant un effet de tumulte général constitué de cors et de trompettes, de chants de guerre, de péans (chants aux dieux de la religion des Celtes, de la mythologie celtique ou de la religion gauloise, tel Toutatis), de clameurs sauvages, de cris, d’insultes, d'autoglorification des guerriers et de leurs ancêtres, de danses rituelles, d’entrechoquements d’armes métalliques, de grimaces (ce que l'on retrouve aujourd'hui dans les haka guerriers des Polynésiens, et dans l'hymne national Écossais Scotland the Brave[6] ou dans les pipe bands de Great Highland bagpipe des Highlands des armées de l'Empire britannique sur leurs champs de bataille).
Le carnyx n'est pas la seule trompe connue des Celtes. Des trompes en bronze, mais aussi en bois, ont été découvertes dans divers pays d’Europe. Des représentations figurées de ces instruments témoignent de leur présence de l’Anatolie à l’Irlande, dont le célèbre chaudron de Gundestrup du Ier siècle av. J.-C., au Danemark. On en a aussi trouvé des représentations sur des pièces de monnaie celtes.
En 2012, Christophe Maniquet, archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), a fait reconstituer et modifier un carnyx en laiton par Jean Boisserie, compagnon du devoir dinandier, en prenant modèle sur ceux trouvés à Tintignac, en Corrèze, afin d'en retrouver le son original[7].
En 1993, John Kenny (en) devint le premier musicien contemporain à jouer de cet instrument lors de concerts, en particulier en 2003, au stade de France, devant 65 000 personnes, et au festival interceltique de Lorient[8],[9].
En 1910, le constructeur automobile français Léon Bollée équipe son modèle Léon Bollée G3 d'un avertisseur sonore en forme de serpent, inspiré des carnyx.
En 2013, l'agence de publicité française Les Gaulois choisit pour logo une tête de carnyx.
De nombreux carnyx sont représentés dans les aventures d'Astérix le Gaulois, entre autres avec le barde Assurancetourix.