Jeune dramaturge, deux de ses pièces, Angélique en 1782 et L'Heureux Stratagème, ou Le Vol supposé en 1786, sont jouées au théâtre des Beaujolais à Paris. Caroline Wuiet commence également une carrière de compositrice et librettiste dès l'âge de dix-huit ans. Son premier opéra, Le Trompeur trompé, n'est pas joué. Elle a l'occasion de composer une suite à L'Épreuve villageoise de Grétry (1784), et écrit à la fois la musique et le livret pour L'Heureuse Erreur, accepté et répété à la Comédie-Italienne, mais qui n'est pas joué non plus[10]. Lors d'un voyage en Italie, elle devient membre de l'Académie d'Arcadie, d'où un titre d'académicienne dont elle fait état quelquefois[11]. Royaliste, elle est arrêtée et exilée pendant les premières années de la Révolution française[12].
Elle est de retour à Paris en 1797. Sous le Directoire, Caroline Wuiet compose à nouveau et rencontre un certain succès avec ses sonates. Émile Souvestre la dépeint, extravagante, se mêlant aux Incroyables et Merveilleuses, désireuse de profiter des plaisirs de la vie, et se passionnant pour les rumeurs et les intrigues parisiennes[13]. Elle établit une société de femmes, échangeant sur les événements culturels et sur des thèmes philosophiques, et se lie d'amitié avec la fameuse Madame Tallien. Joséphine de Beauharnais, devenue l'épouse du général Bonaparte, semble aussi faire partie de ses fréquentations. Entreprenante, ne manquant pas d'idées, elle devient également journaliste et patron de presse. Elle fonde successivement Le Cercle, début 1798, qui parle encore de politique et s'attire des ennuis, Le Papillon, en , journal des « arts et des plaisirs », incluant des critiques de tableaux, et Le Phénix, d' jusqu’en , une publication ayant en épigraphe cette affirmation qui pourrait résumer ses propres projets : « Je renais toujours de ma cendre ». Enfin, La Mouche succède au Phénix, de septembre à , proclamant « Je pique sans blesser ». Puis renonçant à diriger son propre journal, elle contribue à l'une des premières publications françaises consacrées à la mode, le Journal des dames et des modes[14]. Elle écrit concomitamment quelques essais et œuvres de fiction[10].
En 1806, elle épouse le colonel et baron Joseph Auffdiener, et le suit dans ses pérégrinations à Lisbonne, durant les guerres napoléoniennes. Quand les Français sont battus par les troupes anglaises en , Joseph Auffdiener est emprisonné et meurt en 1811. Caroline Wuiet rentre en France et continue à écrire et à composer, mais est vite désargentée[10].
Durant les dernières années de sa vie, elle rencontre des difficultés financières et souffre de troubles mentaux. Elle meurt sans domicile fixe, ayant vécu ses derniers jours dans le parc de Saint-Cloud[10].
Elle a écrit et composé sous divers pseudonymes, dont Mademoiselle Caroline, Caroline Elléart, le nom de son mari (Aufdiener)[15], mais aussi, au Portugal, Dona Elidora.
Essai sur l'opinion publique. Fragments de poésies fugitives, dédié à madame Bonaparte, 1800.
Mémoire de babiole, ou la Lanterne magique anglaise, 1803.
Le Sterne du Mondego, ou le Français au Portugal, 1809.
Le Couvent de Sainte Catherine, ou les Mœurs du XIIIe siècle, roman historique d'Anne Radcliffe, traduit par Mme la baronne Caroline A***, née W*** de M*** (qu'elle n'a pas traduit mais dont elle serait l'auteur), 1810.
↑Archives départementales de la Marne, BMS Reims 1766-1769, cote 2E534/78, vue 223/314 : paroisse St Jacques, naissance le 17, baptême le 18 août 1768 de Charlotte Pétronille Vuiet, fille de Clément Vuiet, organiste de Saint-Symphorien et de Marie Andrienne Labassée, mariés, de cette paroisse.
↑La mention des fonctions exercées par Clément Wuiet figure dans les actes de naissance de ses fils : Jean Baptiste, né le 31 juillet 1771 à Rambouillet et Antoine Claude, né le 27 avril 1778 rue du Four à Paris.
↑Document Familysearch, mariage le 4 octobre 1806 à Porto, Portugal. Selon le relevé en portugais, époux : Joze Aglase Auffdiener, fils de Luis Auffdiener et de Maria Genuvefa Ramusat. Épouse : Carolina Petronila Wuijet, fille de Clemente Wuijet et de Maria Arianna Labassé. Relevé en lien.
↑Document Familysearch, décès de Joseph Auffdiener le 27 février 1811 à Portsea, Southampton, England, à l'âge de 51 ans.
↑Archives départementales des Hauts de Seine, décès Saint-Cloud 1834, cote E-NUM-SCL234, vue 13/32, acte de décès n°36 du 22 mai 1834 : veuve de Joseph Aglacé Auffdiener, âgée de 66 ans environ, née à Reims, Marne, décédée à son domicile à St Cloud. Mention marginale : jugement du tribunal de Versailles du 16 juillet 1834 rectifiant le nom de Caroline Pétronille Vuyet en celui de Charlotte Pétronille Wyet. Ce jugement, mentionnant les héritiers de ses biens meubles, figure vue 17/32, acte n°43.
(en) Julie A. Sadie et Rhian Samuel, The Norton/Grove dictionary of women composers, W.W. Norton, .
(en) Jacqueline Letzter et Robert Adelson, Women writing opera : creativity and controversy in the age of the French Revolution, Berkeley, University of California Press, , 341 p. (ISBN0-520-22653-4), p. 28-30, 81-82.
(en) Matthew Head, « Rethinking Authorship through Women Composers: Women Writing Opera Creativity and Controversy in the Age of the French Revolution », Women & Music, vol. 6, , p. 36-50.
Philippe Bourdin, « Jacqueline Letzter et Robert Adelson, Women writing Opera. Creativity and Controversy in the Age of the French Revolution », Annales historiques de la Révolution française, vol. 332, no 1, , p. 215-217 (lire en ligne).
(en) Wendelin Guentner, « C.W., académicienne ... : Caroline Wuiet et the Emergence of the Women Art Critic in Postrevolutionary France », dans Women Art Critics in Nineteenth-Century France : Vanishing Acts, University of Delaware, (lire en ligne), p. 53-72.
(en) H. B. Jensen, « Caroline Wuiet, la baronne Aufdiener », dans Women Art Critics in Nineteenth-Century France : Vanishing Acts, University of Delaware, (lire en ligne), p. 327-334.