La jeune Catherine écoute Oum Kalthoum, Maria Callas, joue de la flûte et chante des chansons de Georges Brassens[3] mais découvre aussi The Velvet Underground, les Rolling Stones. Elle écrit des poèmes. À huit ans, elle devient mannequin enfant pour des catalogues (Le Printemps) et fait la couverture de journaux de mode, pour ramener un peu plus d'argent au foyer.
Elle quitte le foyer familial à treize ans. Pendant un temps, elle assiste en auditrice libre à des cours à l'université et s'intéresse au théâtre, à la danse et au chant. À quinze ans, elle quitte l'école et s'oriente vers une carrière artistique[1],[5].
En 1976, elle rencontre la danseuse et chorégraphe argentineMarcia Moretto, qui devient son professeur de danse et avec qui Catherine danse au Café de la Gare dans le spectacle Silences nocturnes aux îles des fées d'Armando Llamas et en 1977 au théâtre Le Palace à l’occasion du festival Trans-Théâtres. Elle chante également dans N'Shima sous la direction de Iannis Xenakis au Théâtre de la Ville (Paris), joue dans Comme dans une bourrasque de Ricardo Mosner et dans Mère Courage et ses enfants de Bertolt Brecht mis en scène par Jacques Échantillon (1978) et dans un ballet africain.
À la même période, elle prête sa voix à quelques dessins animés diffusés sur FR3 et à un film d'animation de Jean Hurtado : Les Boulugres. Ce film sera achevé en 1984, mais ne sortira que douze ans plus tard. À la télévision toujours, elle participe au documentaire Le Temps des yéyés, diffusé sur la première chaîne le 16 janvier 1980.
Entre 1975 et 1983, Catherine Ringer tourne dans une vingtaine de films pornographiques[6]. Pour les essais de son premier film, Corps brûlants, elle est encore mineure : « J'avais 17 ans, je m'étais fait passer pour plus vieille[7] », mais elle a 18 ans quand le film sort en juin 1976. Elle déclare plus tard l'avoir fait sans besoin d'argent, juste parce qu'elle était « bizarre »[7]. On la voit dans des productions françaises, mais aussi allemandes et italiennes[8] ; elle pose par ailleurs pour la revue danoise Sex Bizarre de la Color Climax et pour la revue suédoise Pirate. Elle est créditée aux génériques de ces films — souvent assez poussés pour l'époque dans le registre pornographique[8] — sous son vrai nom, ou sous les pseudonymes de Lolita da Nova, Betty Davis ou Yvette Lemercier. C'est au printemps 1986 que le grand public découvre son passé dans le X, jusque-là connu des seuls amateurs de porno : en effet, alors qu'elle est devenue une vedette avec Les Rita Mitsouko, ses anciens films hard sont réédités dans des VHS qui la créditent sous le nom de « Mitsouko », voire de « Rita Mitsouko » (les éditeurs vidéo confondant la chanteuse et le duo). Devant cette utilisation du nom de son groupe, Catherine Ringer porte plainte : elle est cependant déboutée par la justice, ce qui permet aux éditeurs d'écouler leurs cassettes grâce à une nouvelle campagne publicitaire autour du « scandale Rita Mitsouko ». L'affaire fait quelque bruit dans les médias français, mais le public n'en tient pas rigueur à la chanteuse, dont la carrière musicale ne souffre pas[9].
Catherine Ringer est revenue plusieurs fois sur ces expériences, sans les renier[8]. Peu après l'« affaire » des VHS, elle est insultée sur le plateau de l'émission Mon Zénith à moi par Serge Gainsbourg, qui la qualifie de « pute » pour avoir tourné dans des films X[10],[7]. Elle lui répond qu'elle a vécu « l'aventure moderne », il réplique que « l'aventure moderne n'est pas dégueulasse », elle lui rétorque qu'il est devenu « le dégueulasse-type ». La séquence est commentée par Pierre Desproges, qui, prenant la défense de Catherine Ringer, dit de Gainsbourg : « je l'aimais beaucoup, de son vivant[11]. »
En 1986, dans l'émission Sexy Folies présentée par Mireille Dumas, elle raconte que son expérience dans le porno était faite de « situations violentes, difficiles, où son image personnelle [était] complètement écrabouillée, réduite à néant » et compare le porno à une forme de « service militaire »[12]. Dans l'émission C à vous du , alors qu'on lui demande sa position sur le mouvement BalanceTonPorc, elle déclare[13] :
« J'ai été victime de 13 ans et demi à 20 ans d'un pervers narcissique qui m'a entraînée dans les zones pornographiques, dans le viol. J'étais une petite jeune abandonnée par des parents qui ne connaissaient rien à ça. Il faut dire qu'on vivait une époque dans les années 1970 — je ne suis pas la seule à avoir vécu ça — où on disait : "on va se libérer", "vive l'amour libre". Donc, vas-y, t'as 15 ans, lis donc Emmanuelle. On va faire comme dans Emmanuelle, tu vas devenir l'esclave d'un mec qu'a 45 ans, je te donne à lui, etc. Moi, je me suis laissé faire aussi, et j'en ai beaucoup souffert. J'ai beaucoup pleuré. J'ai eu beaucoup de séquelles. Bon, maintenant, on fait aussi avec tout ça. Lui aussi avait été plus ou moins violé quand il était petit dans des écoles catholiques. C'est aussi grâce à lui que j'ai commencé à être une chanteuse professionnelle. Voilà, je n'irai pas le dénoncer par contre. En plus, il y a prescription. »
En 1979, Catherine Ringer chante dans la comédie musicale Flashes rouges de Marc'O et Geneviève Hervé. Faute de salaires, deux des musiciens quittent le spectacle. Fred Chichin est engagé et, au bout d'une semaine de répétition, dit à Catherine : « Quittons cette galère et faisons un groupe de Rock ! ».[réf. nécessaire] Ils forment d’abord Les Sprats, composent et jouent entre autres sur scène la musique d'Aux limites de la mer d’Armando Llamas mis en scène par Catherine Dasté avec Marcia Moretto (1980) et de Pôle à pôle chorégraphié par Marie-Christine Gheorghiu et Alain Buffard (1982).
Après quelques tentatives de travail en groupe, c'est finalement en duo que Catherine et Fred choisissent de fonctionner. Le couple travaille chez lui et c'est dans leur cuisine que naissent leurs premiers titres. De concert en concert, dans des bars ou des boîtes rock, ils se forgent une petite notoriété dans Paris. C'est au Gibus, en novembre 1980, que le duo se présente sous le nom de Rita Mitsouko.
En 1985, le duo se rebaptise « Les Rita Mitsouko » pour en finir avec la méprise répandue dans la presse et leur public — on croyait souvent que le nom du groupe était celui de la chanteuse, et vice versa. La même année, le 45 toursMarcia Baïla, hommage à Marcia Moretto, les révèle au grand public.
Après la mort de Fred Chichin, en , Catherine Ringer, sans remplacer Fred, reprend la tournée interrompue, renommée Catherine Ringer chante Les Rita Mitsouko and more, qui se terminera par deux concerts les 21 et à La Cigale et une ultime représentation le sur la scène du Métropolis de Montréal[14].
Le paraît l'album live CD/DVD de La Cigale.
Le premier album solo Ring n' Roll et le « Ring n' Roll Tour » (2009-2012)
Ring n' Roll sort en [15]. Il contient douze chansons, dont trois feront l’objet de clips : « Pardon », « Prends-moi » et « Punk 103 ». Pour ce nouvel opus, Catherine Ringer retrouve Mark Plati, le producteur de David Bowie et de Variéty, et collabore avec l’accordéoniste japonais Coba ainsi que RZA du Wu-Tang Clan. Cette même année, elle est élevée au rang d’officier des Arts et des Lettres[16]. Elle entame une tournée internationale, Ring n' Roll Tour, qui passe par La Cigale et l’Olympia à Paris, dans de nombreuses villes françaises mais aussi à Bruxelles, Londres, au Québec, aux États-Unis et sillonne les routes jusqu’en août 2012. Salué par la critique[réf. nécessaire], Ring n' Roll est nommé aux Victoires de la Musique 2012 dans la catégorie « Meilleur album de chansons » et Catherine Ringer remporte la Victoire de la « Meilleure artiste féminine »[17] ainsi que le Prix spécial de la SACEM[18].
Courant 2013, par l'intermédiaire d'Alfredo Arias, Eduardo Makaroff et Christoph H. Müller, tous deux musiciens membres fondateurs du groupe Gotan Project, rencontrent Catherine Ringer et lui proposent d'enregistrer une chanson pour leur nouveau projet intitulé Plaza Francia (du nom de la « Place France », située à Recoleta, un quartier résidentiel de Buenos Aires). Finalement, Catherine enregistrera toutes les chansons de l'album (des chansons de tango composées par Makaroff et Müller) et intégrera la formation à part entière.
Le temps de faire vivre leur projet commun Plaza Francia, Catherine et les deux musiciens mettent provisoirement de côté leurs projets respectifs : pour Catherine, de nouvelles chansons sur lesquelles elle a déjà commencé à travailler, et pour Makaroff et Müller, le groupe Gotan Project.
Le , Plaza Francia publie un album sous le titre A New Tango Song Book et se lance, dès le lendemain, dans une tournée de vingt dates en France et en Suisse, dont trois soirs consécutifs au Printemps de Bourges[19], tournée qui durera jusqu'en .
Chroniques et Fantaisies et tournées de concerts (2016-2018)
En , Catherine Ringer annonce son retour à la scène et la préparation d'un nouvel album à paraître en 2017.
À l'automne 2016, cette fois-ci sans Plaza Francia, elle se lance dans une nouvelle tournée de douze concerts, du 18 octobre au 14 novembre, au cours desquels elle interprète des chansons de son futur album (dont le titre provisoire est Senior), des titres des Rita Mitsouko ainsi que des musiques de films[20],[21].
Fin , elle annonce une première date de concert pour 2017 : le dimanche à Castelsarrasin (salle Jean-Moulin), dans le cadre du festival Grain de Sel. S'ensuit l'annonce d'une trentaine d'autres dates en France (et une seule en Suisse, à Lausanne) jusqu'en décembre 2017.
Le paraît son nouvel album intitulé Chroniques et Fantaisies[22].
Elle repart en tournée pour vingt-cinq concerts, du (à Nantes) au (à Courlans, dans le Jura), avec, cette fois, une visite de trois pays limitrophes : le Luxembourg, la Belgique et la Suisse.
Tournée des quarante ans des Rita Mitsouko (2019-2021)
Catherine Ringer au festival des Vieilles Charrues en 2021.
En 2019, Catherine Ringer prend la route avec ses musiciens pour revisiter le répertoire culte des Rita Mitsouko en se lançant (jusqu'au 6 décembre 2019, ensuite prolongé[23]) dans une tournée de célébration des quarante ans du groupe intitulée « Catherine Ringer chante les Rita Mitsouko »[24]. Par cette tournée, elle perpétue l'œuvre du groupe qui l'a fait connaître[24]. Elle est l'une des personnalités à participer au dernier défilé de Jean-Paul Gaultier en janvier 2020 telles Coco Rocha, Amanda Lear, Mylène Farmer, Rossy de Palma, Dita von Teese et Estelle Lefébure[25],[26].
Le répertoire du groupe est gravé sur sillons avec la sortie le d'un double album CD / triple album vinyle en public intitulé Catherine Ringer chante les Rita Mitsouko enregistré à la Philharmonie de Paris les 28 et 29 septembre 2020[27],[24].
Toujours en 2020, elle est nommée dans la catégorie « Artiste féminine de l'année » aux Victoires de la musique[28].
Le , souffrant du Covid-19, elle annule plusieurs dates de sa tournée des festivals[29].
Le , elle est victime d'un malaise sur la scène du Forum de Liège[30].
Le , lors de la cérémonie des César, elle a interprété Je reviens te chercher sur scène, une musique choisie pour symboliser les salles de cinéma fermées durant les périodes de confinement[31].
Le , lors de la cérémonie de scellement du droit à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, elle a entonné La Marseillaise, mais avec des paroles retravaillées pour plus d'inclusivité et souligner l'enjeu historique : « Aux armes citoyens, citoyennes » puis « Marchons et chantons cette loi pure dans la Constitution »[32].
Fred Chichin et Catherine Ringer, qui ont vécu ensemble, ont eu trois enfants : Ginger Romàn, qui est actrice, Simone Ringer, graphiste et chanteuse dans le groupe Minuit avec son frère Raoul Chichin, guitariste[33]. Ce dernier l'accompagne dans sa tournée 2019 pour les quarante ans des Rita Mitsouko[34].
2014 : A New Tango Song Book (Édition collector) (Because Music)
album studio ; parue huit mois plus tard, la version édition collector 2 CD comporte, en bonus, l'album Live Re-experience comprenant inédits, live et remixes
Cette section concerne sa filmographie en tant qu'actrice. Voir aussi les sections « Singles » et « Participations » pour sa participation à certaines bandes originales de films.
1979 : Paradise de Pierre B. Reinhard avec Jean-Pierre Armand
1980 : Petits trous libertins de Pierre B. Reinhard avec Hubert Géral
1981 : Mélodie pour Manuella de Joë de Palmer avec Marilyn Jess et Olinka Hardiman
1981 : L'Éducation d'Orphelie de Michel Ricaud avec Sussane Laesson, Claudia Morel, Marianne Aubert, Jean-Pierre Armand
1981 : Lingeries intimes de Jean-Claude Roy : la veuve, avec Dominique Saint Claire et Élisabeth Buré
1981 : Angela et ses amies (Quella porcacciona di mia moglie) de Lorenzo Onorati : Angela
1981 : Perversions très spéciales pour jeunes filles de bonne famille (Lea) de Lorenzo Onorati : La jeune fille au pair, avec Laura Levi et Marina Hedman
1981 : Provinciales en chaleur de Jean-Claude Roy : Julie, avec Alban Ceray, Evelyne Schultz et Cathy Stewart
1981 : Innocence impudique de Jean-Claude Roy avec Alban Ceray, Cathy Stewart
1981 : Gorges profondes et petites filles (Jeunes, jolies et garces) de Hubert Géral avec Jean-Pierre Armand et Dominique Aveline
1981 : Greta, Monika et Suzelle de Gérard Kikoïne : une partouzeuse
↑Signifiant par là que l'artiste, bien qu'encore en vie, n'était plus que l'ombre de lui-même. Entretien publié en vidéo sous le titre Desproges est vivant.