Le chang, comme la tsampa, est le plus souvent à base d'orge nue mais il arrive qu'il soit brassé à partir de blé ou d'un mélange de blé et d'orge ; les Tibétains toutefois jugent que ce n'est pas un produit sain et lui préfèrent le chang d'orge nue quand ils veulent en offrir[8].
De nombreux Tibétains fabriquent eux-mêmes leur chang[9]. La méthode la plus simple consiste à verser de l'eau bouillante sur des grains semi-fermentés d'orge ou de millet placés dans une section de bambou servant de chope de 1 litre et appelée dhungro ou tongba. On le déguste au moyen d'une paille de bambou appelée pipsing.
Après avoir bouilli de l'orge ou du millet, on ajoute de la levure de type murcha, de la farine, du gingembre et de l'aconit quand il s'est refroidi et on le laisse fermenter trois jours dans un panier de bambou tressé, recouvert de feuilles et de linges[10]. On met le moût dans une jarre cellée en terre cuite pour une fermentation haute de 10 à 15 jours. Ensuite on peut soit le conserver pendant six mois, soit le déguster immédiatement.
On ajoute de l'eau bouillante afin de rendre le liquide propre à la consommation, et en attendant cinq minutes, le temps que la fermentation se réactive et déclenche l'effervescence voulue[11][citation nécessaire]. Une fois la consommation avancée et la bière refroidie, on peut rajouter encore de l'eau bouillante qui va à nouveau réactiver la fermentation et le processus alcoolique[12].
Le chang est servi chambré ou alors très chaud et effervescent. Bien que peu alcoolisé, la chaleur décuple alors ses effets et son arôme.
Le chang est désormais fabriqué aussi en usine et il en existe diverses marques telles que Jintian, Shi-Dse, Amachangma, etc. On les trouve dans les supermarchés de nombreuses villes chinoises[9].
La bière d'orge, souvent associée à l'inébriété et à la flamme pour les jolies Tibétaines, participe grandement à l'image romanesque du Tibet[5].
Selon le 14e dalaï-lama, lorsque la mère adoptive du futur 5e dalaï-lama confia l'enfant, alors âgé de cinq ans, au monastère de Drepung, elle déclara qu'il était très sage, qu'il ne pleurait jamais et que s'en occuper était facile mais qu'il buvait beaucoup de bière (chang). Thomas Laird précise que l'alcool est interdit aux moines gelugpa, mais pour le paysan ou le nomade tibétain moyen, le chang se boit comme de l'eau[15].
Une étude de 2008 réalisée par l'Institut de psychiatrie du King's College de Londres montre que l’alcoolisme est un problème de santé publique au Tibet. Essentiellement lié à la consommation de bière, celui-ci touche 31,6 % des hommes et presque 10 % des femmes[6]. L'alcoolisme est répandu dans les villes tibétaines, où il a augmenté depuis le début des années 1990[16].
↑(en) A focus on the cultural aspects of Sikkim, Jagatpati Sarkar, Bulletin of Tibetology, 1995, page 70, sur le site de The Tibetan and Himalayan Library.
↑(en) Kazuharu Mizuno et Lobsang Tenpa, Himalayan Nature and Tibetan Buddhist Culture in Arunachal Pradesh, India : A Study of Monpa, Tokyo, Springer Japan, , 196 p. (ISBN978-4-431-55492-9, lire en ligne), p. 160.
↑ a et b(en) Guo W, Lanzi G, Luobu O, Ma X, Zhen P, Ji Y, Wei G, Wang Z, Deng W, Zhuoma B, Wang Y, Shi X, Yan C, Liu X, Collier DA, Ball D, Li T. An epidemiological survey of alcohol use disorders in a Tibetan population, Psychiatry Research(en), 2008; 159(1-2), pp. 56-66. ( « Abstract:
We performed an epidemiological survey in order to detect the prevalence of alcohol use disorders in a sub-group of the population of Tibet. [...] The AUDIT is a reliable and valid screening tool for both alcohol abuse and dependence in the Tibetan population to identify individuals with alcohol use problems. [...] The prevalence of alcohol abuse, was 2.7% (female: 2.0%; male: 6.2%), alcohol dependence 13.5% (female: 7.6%; male: 25.4%) and alcohol use disorders 16.2% (female: 9.6%; male: 31.6%). [...] The epidemiological data on alcohol use disorders documented in this project may be helpful in future work seeking more valid causal inferences or interpretations related to this prevalent health problem in Tibet. [...] 2.3. Investigation procedure:
Self-brewed wine from local highland barley is the native Tibetans' preferred alcoholic drink. Some relatively richer farmers consume beers occasionally. There were no recorded reports regarding the alcohol concentration in self-brewed wine. In order to define the alcohol content of self-brewed alcoholic beverages, we obtained a number of samples from each sampled township, and the alcohol concentration was measured by a local Tibetan wine manufacturer before the investigation. The alcohol concentration varied among samples but contained pure alcohol within the range of 4.2–4.7% (volume/volume percentage). Therefore, the self-brewed highland barley wines have a similar strength to local beer with alcohol concentrations between 4.3 and 5.0%. According to this, we estimated that one measure (300–330 ml) of the self-brewed highland barley wine was one standard drink (∼ 10 g of alcohol). »)
↑(en) Michael Buckley, Tibet, Bradt Travel Guides, 2012, 336 p., p. 24 : « Another barley derivative is chang, a milky fermented beer that is brewed on special occasions and is frequently offered to guests. Chang can also be made from rice, wheat, corn, oats or millet. Since chang is home-brewed, the alcohol strength varies wildly. »
↑(en) N. Tashi et al., Food Preparation from Hulless Barley in Tibet, in Guoping Zhang, Chengdao Li, Xu Liu (eds.), Advance in Barley Sciences: Proceedings of 11th International Barley Genetics Symposium, Zhejiang University Press and Springer Science & Business Media, 2012, 462 pages, pp. 151-158, en particulier p. 157 : « Tsangpa and chang are occasionally made from wheat and a mixture of wheat and barley, but Tibetans believe it is not a healthy food. Instead, Tsangpa and chang made from pure barley grain are good to offer to others. »
↑ a et b(en) N. Tashi et al., Food Preparation from Hulless Barley in Tibet, in Guoping Zhang, Chengdao Li, Xu Liu (eds.), Advance in Barley Sciences: Proceedings of 11th International Barley Genetics Symposium, Zhejiang University Press and Springer Science & Business Media, 2012, 462 pages, pp. 151-158, en particulier p. 156 : « Despite many local Tibetans still home brewing their chang, with the increasing demand for chang, the process of chang is now completely industrialized by some factories. At present, there are brands of chang such as Jintian, Shi-Dse, Amachangma, etc. There are now found in supermarkets in many cities of China ».
↑(en) Thomas Laird, The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama, Grove/Atlantic, Inc., 2007, 496 p. (livre numérique, n. p.) : « The infant had to be "looked after by one woman at his village of Chongye," the Dalai Lama said. "She brought him to Drepung Monastery when he was very young, only five years old. This young woman mentioned before she left that the Fifth Dalai Lama had very good behaviour, never cried, and was very easy to care for. But she said he used to drink chang (beer) a lot!". The Dalai Lama laughed at the thought of the infant Dalai Lama developing a taste for home-brewed barley beer. Vinaya forbids alcohol to the Gelug monks of Tsongkhapa's reform order, but for the average farmer and nomad of Tibet, chang, then and now, is akin to water. / The Dalai Lama laughed as he finished the story. "So he was cut off and not allowed to drink again!". »
Chang, une marque de bière industrielle thaïlandaise
Bon-Grong-Pa, Ja-Chang Iha-Moi Bstan-Bcos (The Dispute between Tea and Chang: ou « La rivalité entre le thé et le chang »), un écrit classique du XVIIIe siècle.
Qingke jiu, appellation en mandarin, regroupant le chang et d'autres boissons alcoolisées à base d'orge nu.