La Chaouia (en arabe : الشاويةach-Chāwiyah ; en berbère : ⵜⴰⵎⵙⵏⴰ - Tamesna) est une région historique et géographique du Maroc qui s'étend sur près de 14 000 km2, entre le fleuve Oum Errabiâ au sud-ouest, l'oued Cherrat au nord-est, la plaine de la Tadla au sud-est et l'océan Atlantique au nord-ouest. Employé au pluriel — les Chaouia — le terme sert aussi à désigner la confédération tribale vivant dans la région.
Au début du XXe voici un exemple par la répartition des tribus de la Châouïa en quatre groupes principaux :
Le nom « Chaouia » provient du mot arabe chaoui, qui veut dire « éleveur de moutons » ; ainsi, le terme Chaouia signifie « pays des éleveurs de moutons »[4].
Le Pays de Tamesna, renommé Chaouia par les arabes, faisait partie du royaume des Berghouata entre le VIIIe et XIe siècles avant d'être conquis par les Almoravides[5].
À la suite de la défaite des Berghouata, Après la capture de la ville de Marrakech en 1147 par Abd al-Mu'min, celui-ci a encouragé l'installation de tribus arabes bédouines dans la région et le reste des plaines côtières marocaines, largement dépeuplées et inhabité après la conquête almoravide. Parmi ces tribus arabes figuraient les Banu Hilal les Banu Ma'qil et les Banu Sulaym.
Cette politique d'immigration massive par les almohades a entraîné une diffusion accrue de la langue arabe et une montée en importance des éléments arabes dans l'équilibre du pouvoir au Maroc, à tel point que personne ne pouvait gouverner sans leur coopération[6].
Au début du XXe siècle, la région connaît une forte rébellion[7]. Qui marquera la 3e grande guerre du Maroc à partir de la guerre de la chaouia. En 1907, les Français pénètrent dans la région avant d'étendre leur domination sur le reste du Maroc[8]. Pendant le protectorat français, la Chaouia fait partie de la Subdivision autonome de Casablanca. Elle est alors divisée en trois Contrôles civils: Chaouia-Nord (Casablanca), Chaouia-Centre (Berrechid) et Chaouia-Sud (Settat).
Les tribus Chaouia (ou Shawiya) proviennent de diverses origines principalement : arabes et berbère arabisé[9]. Quant à déterminer l’importance relative de ces apports pour chaque tribu, cela est rendu impossible par l’absence de sources historiques fiables et concises décrivant précisément l’évolution démographique locale entre la chute du royaume des Berghouatas au XIe siècle et l’arrivée des tribus arabes bédouines encouragées par les Almoravides.
En outre, comme le montre une étude française sur les tribus marocaines, parue en 1915, toutes ces tribus se réclament d'une origine arabe. Cela témoigne des revendications ethniques et politiques des populations de la région. Néanmoins, en se basant sur des sources récentes[10],[11], à considérer donc avec précaution, la confédération tribale des Chaouia est découpée en 14 tribus arabophones[12] dont l’origine est décrite comme suit :
Les Oulad Ziane, tribu d'origine arabe zoghba, scindée entre deux territoires séparés par les Mediouna et les Oulad Hriz[15] ;
Les Beni Meskine, d'origine arabe sulaym et ayant des liens avec les Beni Amir et des Beni Moussa, font ethniquement et linguistiquement partie des Tadla et non pas des Chaouïa. Ils ont cependant été rattachés administrativement aux Chaouia au XIXe siècle en raison de leur soutien au Makhzen tandis que le reste des Tadla entrait en dissidence[11].
Les Mdakra, tribu arabo-berbère constitué d'un élement d'origine arabe représenté par les fractions hilalo-maqilienne (fractions Ahlaf et Sabbah) et d'un élément d'origine berbère houara (fraction Mellila). Cette tribu s'est superposée à un groupement de berbères masmouda, les Ouled Çalâh peuvent être considérés comme leurs descendants[13].
Les Ziaïda, tribu arabo-berbère sanhaja, ayant néanmoins intégré au long de son histoire des éléments arabes non arabisé de souches diverses et ayant absorbé, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, la tribu zénète des Beni Oura[18].
Les Oulad Sidi Ben Daoud, tribu arabisé d'origine principalement berbère sanhaja ; à l'origine fraction des Oulad Bouziri dont elle s'est séparée pour s'ériger en tribu[19] ;
Mission Scientifique du Maroc (coll.), Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa, Ed. E. Leroux (Paris), 1915
Frédéric Weisgerber, Casablanca et les Châouïa en 1900, préface du général Albert-Gérard-Léon d'Amade (1856-1941), Casablanca : sur les presses des Imprimeries réunies de la « Vigie marocaine » et du « Petit Marocain », 1935, 139 p., fig., avec un plan de Casablanca et une carte des Châouïa, des reproductions d'aquarelles de E. W. Soudan et de photographies de l'auteur et de G. L. Tricot.[1]
E. Marchand, Casablanca, la Chaouia, Ed. Larose (Paris), 1918
H. G. Conjeaud, Histoire militaire de la Chaouia depuis 1894, Casablanca, Les Ed. du Moghreb [1938] ; in-12 (219 pp.)
↑J.F. Troin & M. Berriane, Les espaces satellites de Casablanca : Chaouia et Doukkala, dansMaroc : régions, pays, territoires, 2002, p. 71-86 (ISBN2-7068-1630-9)
↑E. Lapeyre & E. Marchand, Casablanca, la Chaouia, 1918 (N. 2 43-120-3)
↑Miloudi Belmir, « Dr F. Weisgerber sur les pistes des Chaouia », sur Libération Maroc, (consulté le ) : « Ce terme pluriel « Chaoui », signifie possesseurs de troupeaux de moutons. À l’origine, il servait vraisemblablement à désigner les Berbères nomades et tant que l’on tint compte de son étymologie — ainsi que semble l’avoir fait Ibn Khaldoun — le nom de Chaouia ne paraît pas avoir été donné indistinctement à toutes les tribus du Tamsna, mais seulement à celles purement pastorales des steppes de l’intérieur auxquelles il s’appliquait mieux qu’à la population déjà en partie agricole de la plaine littorale. Par la suite, ce qualificatif devint un véritable nom ethnique et sa signification première tomba dans l’oubli » - F. Weisberger (1935) ».
↑S. Lévy, Pour une histoire linguistique du Maroc, dans Peuplement et arabisation au Maghreb occidental: dialectologie et histoire, 1998, p. 11-26 (ISBN84-86839-85-8)
↑E. Burke, Mouvements sociaux et mouvements de résistance au Maroc: la grande siba de la Chaouia (1903-1907), dans Hesperis Tamuda Rabat, vol.17, 1976, p. 149-163
↑J. Augarde, Le général d'Amade pacificateur de la Chaouia dans Revue historique de l'armée, no 166, 1987, p. 24-32 (ISSN0035-3299)
↑ a et bVilles et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 117-156
↑Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 191-242
↑Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 24-29
↑Tangier Robarts - University of Toronto et France. Direction générale des affaires indigènes, Villes et tribus du Maroc; documents et renseignements. Publiés sous les auspices de la Résidence générale, Paris E. Leroux, (lire en ligne)
↑Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 71-116
↑Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 45-70
↑ ab et cVilles et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 243-320
↑Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 30-44
↑Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 15-23