Natif de la Marche, il est le deuxième fils de Renaud Nicolas, comte de La Roche-Aymon et de Geneviève de Baudri de Piancourt, nièce de l’évêque de MendeFrançois-Placide de Baudri de Piancourt[2]. Pourvu d’un canonicat dans le chapitre noble de Saint-Pierre de Mâcon, il obtint le titre de docteur de la Faculté de Paris le .
Fait commandeur de l’ordre du Saint-Esprit lors de la promotion du , il est créé Grand aumônier de France en 1760 et élevé au cardinalat le 16 décembre 1771[6]. Il ne participa cependant pas au conclave qui vit l’élection de Pie VI (1775).
Charles Antoine de La Roche-Aymon est également élu mainteneur de l’Académie des Jeux floraux en 1742.
Il meurt le à Paris, dans le logis abbatial de Saint-Germain-des-Prés[9] alors qu’il était retombé en enfance : son médecin, Bouvart, connu par la causticité de son langage, lui aurait répondu alors qu’il était sur son lit de mort : « Je souffre comme un damné. — Quoi ? Déjà[10] ? » Il est inhumé dans la chapelle Saint-Maur de l’abbatiale de Saint-Germain-des-Prés.
↑Honoré Fisquet, Gallia Christiana, archidiocèse de Paris, t. 2, Paris, 1864-1873, p. 308-309.
↑Honoré Fisquet, Gallia Christiana, archidiocèse de Paris, t. 2, Paris, 1864-1873, p. 308. L’Histoire générale de Languedoc se trompe quand elle appelle la mère de Charles-Antoine de La Roche-Aymon Geneviève de Baudri de « Biancour », et probablement aussi pour son père auquel elle attribue le prénom de Pierre-Nicolas, t. IV, p. 364).
↑L’Histoire générale de Languedoc (t. IV, p. 260) donne la date de 1772.
↑Le , d’Argenson écrit dans son Journal : « L’on m’assure que c’est l’archevêque de Rouen (Tavannes) qui est nommé par le roi pour le chapeau de cardinal : c’est encore une transaction royale, car il faut savoir que le roi Stanislas prétendait une nomination de chapeau comme roi, mais le pape a démontré qu’il ne pouvait l’avoir, et, comme il y nommait l’archevêque de Rouen, grand aumônier de la reine, le roi le nomme pour son compte, quoique ce prélat soit dans un très-mauvais état de santé et ne doive pas vivre longtemps. L’archevêque de Paris l’a refusé en quittant son archevêché ; c’est un opiniâtre indécrottable et de bonne foi ; il restera exilé tant qu’il sera dans cet entêtement. L’archevêque de Narbonne (La Roche-Aymon) est un fripon, qui a bien intrigué pour ce chapeau. » René-Louis de Voyer, marquis d’Argenson (1694-1757), Journal et mémoires du marquis d’Argenson, Société de l’Histoire de France, Renouard, Paris, 1867. Il devra encore attendre vingt-cinq ans.
Louis XVIII raconte comment il parvint finalement à cette nomination : « M. de la Roche-Aymon (...) n’était pas un grand docteur de l’église, bien que, dans un autre sens, un bon apôtre. Il était court en science, mais plein de savoir-faire, ce qui vaut au moins autant. Jamais homme ne sut mieux se faire petit devant les autres pour n’effaroucher personne. Il était poli envers maîtres et valets, assidu auprès de chaque membre de la famille royale. On l’avait vu aux genoux de la marquise de Pompadour, et s’il se fût trouvé une plus humble place, il l’aurait prise auprès de madame Dubarry. C’était le moyen de réussir ; aussi fit-il un chemin rapide. Le roi lui donna de sa propre main le chapeau rouge. Cette cérémonie, qui se fit avec pompe, dura toute une journée, et le nouveau cardinal n’oubliant pas, au sein même de la puissance, ses devoirs de gratitude, alla le soir même remercier la favorite à qui il prétendait tout devoir ; ce qui ne laissa pas de nous amuser. La dauphine en fut instruite et lui montra de l’humeur ; mais son éminence trouva les moyens de regagner sa bienveillance et de se faire pardonner ce méfait. » (Louis XVIII, Mémoires recueillis et mis en ordre par le M. le duc de D***, 12 vol., L. Hautman, Bruxelles, 1832-33.). Une lettre du comte de Mercy-Argenteau à l’impératrice Marie-Thérèse datée du 16 décembre 1772 ([1]), à propos d’un autre sujet, confirme que sa fille la dauphine entretint des relations conflictuelles avec le prélat.
↑Par exemple celle tenue du au , lors de laquelle furent votés un don gratuit au roi de 7,5 millions de livres et d’un million pour la marine. (Edmond-Jean-François Barbier, Chronique de la Régence et du règne de Louis XV ou Journal de Barbier, Charpentier, Paris, 1866, t. 8, années 1762-1763, p. 44-45.)
↑On rapporte qu’il dit tout haut avant de faire la cérémonie que le roi l’avait chargé de déclarer qu’il « était très fâché d’avoir donné du scandale » (Adolphe de Cardevacque, Histoire de l’abbaye de Cercamp,p. 255).
↑Honoré Fisquet, Gallia Christiana, archidiocèse de Paris, t. 2, Paris, 1864-1873, p. 309. Julie de Lespinasse annonçait déjà sa mort à Condorcet le : « Savez-vous que nous sommes menacés de perdre M. le cardinal de La Roche-Aymon ? Il était si mal hier qu’on le soutenait avec des gouttes du général La Motte. Il y a une grande dispute entre (...) et le coadjuteur pour savoir qui est-ce qui suppléerait au cardinal. Cette question a dû être décidée aujourd’hui, mais la mort du cardinal trancherait la difficulté. Il a donné une abbaye de cent mille livres de rentes à l’archevêque de Toulouse. J’aimerais mieux qu’il lui eût légué sa feuille. On nomme pour cet héritage l’ancien évêque de Limoges, M. de Narbonne, et M. l’abbé de Véry. Pour lequel prononceriez-vous ? » (Julie de Lespinasse, Lettres inédites de Melle de Lespinasse à Condorcet, E. Dentu, Paris, 1887).
↑Henri Bruno de Bastard d'Estang, Les Parlements de France : essai historique sur leurs usages, leur organisation et leur autorité, t. 2, Paris, Didier et cie, 1858, p. 619.
Michel Popoff (préf. Hervé Pinoteau), Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d’après l’œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d’or, , 204 p. (ISBN2-86377-140-X) ;