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Charles Earl Bolles Eastwood, surnommé Black Bart, né dans le comté du Norfolk en Angleterre en 1829, est un hors-la-loi américain. Il était également connu sous les noms de Charles E. Boles et de C.E. Bolton. Bandit gentleman, Black Bart était un des détrousseurs de diligence les plus illustres qui opéraient pendant les années 1870 et 1880 dans la Californie du Nord et dans le Sud de l'Oregon. Il était célèbre autant pour l'audace de ses nombreux vols que par son style et sa sophistication.
Fin 1849, Charles Bolles et l'un de ses cousins prirent part à la ruée vers l'or. Ils commencèrent à prospecter dans le North Fork de l'American River en Californie. Son frère Robert les rejoignit en 1852, mais mourut à San Francisco. Bolles repartit alors vers l'est et se maria en 1854 avec Mary Elizabeth Johnson. Vers 1860, le couple avait construit une maison à Decatur, dans l'Illinois. Bolles décida cependant en 1862 de partir pour la guerre.
C'était l'époque de la Guerre de Sécession et Charles Bolles s'enrôla comme simple soldat le à Decatur dans la Compagnie B du 116e régiment de l'Illinois. Plutôt bon soldat, il devint sergent en moins d'un an. Il participa à de nombreuses batailles et campagnes, y compris Vicksburg, où il fut gravement blessé, et la « marche vers la mer » de Sherman. Le , il revint à la vie civile à Washington et retourna chez lui dans l'Illinois. Il fut nommé au grade de sous-lieutenant, puis de lieutenant (à titre honorifique).
Une légende raconte aussi que Charles Bolles était instituteur, et c'est ce qui expliquerait son amour des poèmes. Ce seraient ses élèves trop insolents qui l'auraient poussé à plonger dans le monde criminel.
Après les longues années de guerre et une vie tranquille de fermier, un appel vers l'aventure s'empara de Bolles. Vers 1867, il repartit prospecter dans l'Idaho et le Montana. On en sait peu sur sa vie pendant cette période, mais une lettre à sa femme d'août 1871 mentionne un incident désagréable avec des employés de la banque Wells Fargo, et il jura de se faire rembourser. Il arrêta d'écrire et, après quelque temps, sa femme supposa qu'il était mort.
Les évènements du Montana marquèrent un tournant décisif dans la vie de Bolles. Il réapparut dans les documents officiels le [réf. souhaitée], quand il attaqua sa première diligence dans le comté de Calaveras, en Californie. Le crime parut inhabituel du fait de la politesse et des bonnes manières du hors-la-loi. Il parlait d'une voix profonde et résonnante, demandant au conducteur de la diligence : « Envoyez-moi le coffre, s'il vous plaît ». Charles Bolles était toujours courtois et ne disait jamais de grossièretés. Il se couvrait le corps de sacs et de toiles de lin pour cacher ses habits et son apparence. Ces traits distinctifs devinrent sa marque de fabrique.
Charles Bolles, comme beaucoup de ses contemporains, lisait des romans à « dix cents », des histoires qui paraissaient souvent sous la forme de feuilleton dans les journaux locaux. Dans le début des années 1870, le Sacramento Union publiait une nouvelle de ce genre appelée Le Cas de Summerfield, par Caxton (un pseudonyme de William Henry Rhodes (en)). Dans l'histoire, le méchant, habillé en noir, avait de longs cheveux noirs désordonnés, une grande barbe noire et des yeux gris. Il dévalisait les diligences de la Wells Fargo en terrorisant les malchanceux qui croisaient sa route. Le nom du personnage était Black Bart, surnom que Bolles décida d'adopter.
Bolles, en tant que Black Bart, attaqua de nombreuses diligences de la Wells Fargo dans le Nord de la Californie entre 1875 et 1883, dont un grand nombre sur la route historique de la piste de Siskiyou entre la Californie et l'Oregon. Puis il se mit à laisser des poèmes sur les sites de ses crimes, comme signature. Black Bart réussissait très bien ses coups et empochait des milliers de dollars par an. Durant sa dernière attaque en 1883, il fut blessé par une balle et fut obligé de s'enfuir. Il laissa derrière lui plusieurs affaires personnelles, dont une paire de lunettes, de la nourriture et un mouchoir avec une marque de blanchisserie.
Le dernier braquage eut lieu, ironiquement, sur le site de son premier braquage, Funk Hill, juste dans le sud-est de la ville actuelle de Copperopolis. La diligence traversait le Reynolds Ferry sur l'ancien trajet de Sonora vers Milton. Le conducteur de la diligence s'appelait Reason McConnel. À l'intersection du ferry, il fit monter le fils aîné du propriétaire du ferry, Jimmy Rolleri, âgé de 19 ans.
La diligence devait parcourir une route escarpée sur le flanc est de la colline de Funk Hill. Jimmy Rolleri portait un fusil ; quand le véhicule atteignit le bas de la colline, Jimmy descendit : il avait l'intention de chasser le long de la crête sud de la colline et de rattraper la diligence côté ouest. Cependant, en arrivant à l'ouest, il constata que la diligence n'y était pas. Il commença alors à remonter la pente sur le chemin qu'elle aurait dû prendre. Arrivé près du sommet, il vit le conducteur et l'attelage des chevaux, seuls. Rolleri apprit qu'à l'approche du sommet, Black Bart était apparu derrière un rocher avec son fusil de chasse. Il avait fait dételer les chevaux par McConnel, lequel était reparti avec eux sur la crête, côté ouest de la colline, là où Rolleri l'avait rencontré.
Black Bart essayait de retirer le coffre de la diligence. La Wells Fargo l'avait vissé sur le plancher à l'intérieur de la diligence (qui n'avait pas de passagers ce jour-là) et Black Bart mit quelque temps à l'enlever.
McConnel informa Rolleri qu'un braquage était en cours. Rolleri monta à l'endroit où McConnel et les chevaux se trouvaient. Il vit Black Bart sortant de la diligence avec le coffre. McConnel prit le fusil de Rolleri, tira sur Black Bart, mais le rata. Le jeune Rolleri reprit alors son fusil et tira une ou deux fois. Charles Bolles vacilla, lâcha les objets qu'il avait pris du coffre et s'enfuit. Il était probablement blessé, mais pas gravement.
Le détective de la Wells Fargo, James B. Hume (en) (qui, semble-t-il, ressemblait comme deux gouttes d'eau à Charles Bolles, moustache comprise), trouva plusieurs affaires personnelles sur le lieu de l'attaque, dont un des mouchoirs de Bart qui portait une marque de blanchisserie - F.X.O.7.
Les détectives de la Wells Fargo, James Humes et Henry Nicholson Morse, contactèrent toutes les blanchisseries de San Francisco, pour trouver celle qui utilisait cette marque. Après avoir visité presque 90 magasins, ils établirent que la marque provenait de Ferguson & Bigg's California Laundry sur Bush Street. Ils purent ainsi identifier le propriétaire du mouchoir, qui vivait dans une modeste pension de famille. Charles Bolles se décrivait lui-même comme un « ingénieur des mines » qui faisait des « voyages fréquents » coïncidant justement avec les attaques contre la Wells Fargo. Après avoir d'abord nié formellement être Black Bart, Bolles finit par avouer qu'il était bien l'auteur de quelques attaques de diligences de la banque, mais ne reconnut que des crimes commis avant 1879. Il est généralement admis que Bolles croyait, à tort, qu'il y aurait prescription, du fait de l'ancienneté des délits. En outre, il prétendait s'appeler T. Z. Spalding. Cependant, quand la police examina ses affaires, ils trouvèrent une Bible, cadeau de sa femme, où son vrai nom était indiqué.
Dans le rapport de police qui suivit son arrestation, il était noté que Charles Bolles était « une personne de grande endurance, montrant une vive intelligence dans la plupart des circonstances, ayant un comportement extrêmement correct, toujours poli et évitant les jurons ».
La Wells Fargo ne porta son accusation que sur le dernier vol. Charles Bolles fut déclaré coupable et condamné à six ans de prison à San Quentin, mais son séjour fut ramené à quatre ans pour bonne conduite. Quand il fut libéré en janvier 1888, sa santé s'était fortement détériorée. Il était visiblement âgé, sa vision déclinait et il était devenu sourd d'une oreille. À sa sortie, un essaim de journalistes grouillait autour de lui. Ils lui demandèrent s'il allait continuer à attaquer les diligences. Il répondit en souriant « Non, messieurs, j'en ai fini avec le crime ». Un autre lui demanda s'il allait écrire d'autres poèmes. Il rit, « Ne venez-vous pas de m'entendre dire que j'en avais fini avec le crime ? »
La fin de Black Bart correspond au romantisme de son époque. Il disparut sans laisser de traces peu après sa libération de prison. La maison où il était en pension à San Francisco fut retrouvée vide en et plus personne ne revit le hors-la-loi.
Le , une diligence de la Wells Fargo fut attaquée par un homme masqué. Le bandit solitaire laissa un couplet qui disait :
« So here I've stood while wind and rain
Have set the trees a-sobbin,
And risked my life for that box,
That wasn't worth the robbin. »
« Je suis venu ici pendant que le vent et la pluie
Faisaient sangloter les arbres.
Et j'ai risqué ma vie pour ce fichu coffre
Qui ne valait pas le coup. »
Le détective Hume fut appelé pour examiner la note. Après comparaison de l'écriture avec celle du vrai Black Bart du passé, il déclara que le nouveau braquage était le travail d'un usurpateur.
Des rumeurs commencèrent à apparaître, prétendant que la Wells Fargo avait payé le bandit pour l'éloigner et l'empêcher d'attaquer ses diligences, ce que la compagnie nia.
Certains pensent qu'ayant déménagé à New York, il y vécut tranquillement jusqu'à sa mort en 1917, mais cela n'a jamais été confirmé. D'autres préfèrent croire à cette fable improbable selon laquelle le bandit poète à la vue déclinante était parti au fin fond du Montana ou peut-être du Nevada pour essayer d'y refaire fortune[réf. nécessaire].
On rapporte que, durant l'été 1888, un voleur de diligences non identifié fut tué près de Virginia City dans le Nevada. Mais si cela avait été Black Bart, il aurait certainement été identifié.
Charles Bolles a laissé seulement deux poèmes authentiques.
Le premier fut laissé sur le lieu du braquage du dans une diligence qui allait de Point Arenas à Duncan Mills :
« I've labored long and hard for bread,
For honor and for riches,
But on my corns too long you've tred,
You fine-haired sons of bitches »
« Longtemps j'ai peiné pour du pain,
Pour l'honneur et pour la richesse,
Mais vous m'avez trop marché sur les pieds,
Jolis fils de putains. »
Le second poème fut laissé sur le lieu de son braquage du dans une diligence qui allait de Quincy à Oroville. On y lit :
« Here I lay me down to sleep
To wait the coming morrow,
Perhaps success, perhaps defeat,
And everlasting sorrow.
Yet come what will, I’ll try it once,
My condition could't be worse;
And if there is money in that box,
is munny in my purse. »
« Ici je m'allonge pour dormir
Pour attendre le lendemain,
Peut-être le succès, peut-être la défaite,
Et le chagrin éternel.
Laissez venir ce qui arrivera, je l'essaierai,
Ma condition ne pourrait être pire;
Et s'il y a de l'argent dans cette boîte
C'est une figurine[1] dans ma bourse »