Francisco Cándido Xavier (2 avril 1910 - 30 juin 2002) , alias Chico[1] Xavier, est le médiumbrésilien le plus célèbre[2] et le plus prolifique du XXe siècle. Sous l'influence des « Esprits », il a produit plus de quatre cents livres de sagesse et de spiritualité, dont une centaine édités dans plusieurs langues. Il a popularisé la doctrine spirite au Brésil. Chico Xavier a reçu d'innombrables hommages tant du peuple que d'organismes publics[3]. En 1981, le Brésil propose officiellement Chico Xavier comme candidat au prix Nobel de la paix. En 2000, il est élu « Minéro du XXe siècle », à la suite d'un sondage auprès de la population de l'État fédéral brésilien où il résidait[4]. Après sa mort, les députés de l'assemblée nationale brésilienne ont officiellement reconnu son rôle dans le développement spirituel du pays[5].
Francisco Cándido Xavier nait le dans la municipalité de Pedro Leopoldo, dans l'État du Minas Gerais (Brésil). La famille compte neuf enfants, ses parents sont tous deux analphabètes, son père est vendeur de billets de loterie et sa mère, blanchisseuse. Chico raconte que c'est à cinq ans, après avoir perdu sa mère, qu'il commence à entendre des voix. Il travaille dès neuf ans, comme tisserand, tout en continuant l'école primaire. À douze ans, il rédige en classe une rédaction remarquable et explique à sa maîtresse que ce texte lui a été dicté par un esprit qui se tenait près de lui. À la suite de la guérison de l'une de ses sœurs souffrant d'obsession, Chico ainsi que toute sa famille adhèrent au spiritisme.
Chico Xavier étudie la doctrine spirite et fonde le centre spirite « Luiz Gonzaga », le 21 juin 1927. Il s'investit dans son activité de médium et développe ses capacités en psychographie. Il affirme voir, en 1931, son « mentor » spirituel sous la forme d'un esprit prénommé Emmanuel. Guidé par cet être invisible, Chico publie son premier livre en juillet 1932 : Le Parnasse d'outre-tombe[7], recueil de 60 poèmes attribués à neuf poètes brésiliens, quatre portugais et un anonyme, tous disparus. Cet ouvrage de haute poésie, produit par un modeste caissier, qui le signe du nom d’auteurs décédés provoque l’étonnement général. Le journal O Globo de Rio dépêche l’un de ses rédacteurs, non spirite, assister pendant plusieurs semaines aux réunions du groupe spirite du centre Luiz Gonzaga. Il s’ensuit une série de reportages qui popularisent le spiritisme au Brésil.
À partir de sa première publication, Chico Xavier ne cesse d'écrire des poèmes, des romans, des recueils de pensées, des ouvrages de morale ou des traités de technique spirite, alors que lui-même ne lit pas et ne possède pas de livres.
Bon nombre de ces publications sont des succès de librairie, la plus vendue reste Nosso Lar, la vie dans le monde spirituel, diffusée à plus de 1,3 million d'exemplaires[8]. Beaucoup sont traduites en anglais, français et espagnol. La totalité des droits d’auteur reviennent à des œuvres de charité, Chico ne vit que de son maigre salaire d'employé au ministère de l'agriculture.
À partir de 1957, Chico Xavier s’installe à Uberaba qui devient un lieu de rassemblement pour les spirites du monde entier. Il y meurt le , sans jamais varier d’explications sur l'origine de sa production littéraire phénoménale. Tous les scientifiques et rationalistes voient un humaniste mais n'arrivent pas à démontrer de supercheries. Sous son impulsion, le Brésil devient la patrie d'adoption du spiritisme : il y compterait 20 millions de sympathisants dont 2,3 millions de pratiquants, ce qui en ferait la troisième religion du pays[3].
Congrès en l'honneur de Chico Xavier à Brasilia, en avril 2010.
Congrès en l'honneur de Chico Xavier à Brasilia, en avril 2010.
Un centre spirite brésilien portant le nom de Chico Xavier.
Sculpture en bois représentant Chico Xavier à Ouro Preto.
De son vivant, Chico Xavier est fait citoyen d’honneur de plus d’une centaine de villes, dont São Paulo. En 1980, un gigantesque mouvement national se constitue afin qu'il obtienne le prix Nobel de la paix l’année suivante. Dans tous les États du Brésil des comités de soutien se forment, des centaines de municipalités, des assemblées législatives de la plupart des états, des parlementaires de Brasilia, dont Tancredo Neves alors président du Parti Populaire au Sénat, appuient sa candidature[9]. En 1981, plus de 10 millions de Brésiliens signent une pétition en faveur de l’attribution de la prestigieuse distinction à Chico Xavier. La même année, le député José Freitas Nobre transmet lui-même au comité de Stockholm un dossier constitué de plus de 100 kg de documents, afin d’appuyer la candidature du médium[10]. Chico Xavier ne reçoit pas le prix Nobel, mais devint une figure emblématique du Brésil. Aujourd'hui, des dizaines de villes au Brésil possèdent une rue Chico-Xavier[11]. La vie de ce médium a servi de base au film Chico Xavier produit par Columbia Pictures en 2010[12].
Chico a été un écrivain très prolifique : 451 livres lui sont attribués, dont 39 édités après sa mort[3]. Comme tous les médiums, Chico Xavier ne prétendait pas être l'auteur des livres, mais uniquement l'instrument utilisé par les esprits pour se manifester et transmettre leurs enseignements. C'est la raison pour laquelle, le nom d'un esprit est associé à chaque livre.
Ouvrages traduits en français (liste non exhaustive)
Nosso Lar : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 1), (1re éd. 1944)
Les messagers : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 2), (1re éd. 1944)
Ouvriers de la Vie Éternelle : par l'esprit André Luiz [« Obreiros da Vida Eterna »], Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 3), (1re éd. 1946)
Missionnaires de la Lumière : par l'esprit André Luiz [« Missionarios da Luz »], Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 4), (1re éd. 1944)
Dans le Monde Supérieur : par l'esprit André Luiz [« No mundo maior »], Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 5), (1re éd. 1947)
Libération : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 6),
Entre le Ciel et la Terre : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 7),
Dans les domaines de la médiumnité : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 8),
Action et réaction : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 9),
Évolution dans deux mondes : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 10),
Mécanismes de la médiumnité : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « la Vie dans le Monde Spirituel » (no 11),
Sexe et destin : par l'esprit André Luiz, éditions du CSI, coll. « La Vie dans le Monde Spirituel » (no 12),
Et la vie continue : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du CSI, coll. « La Vie dans le Monde Spirituel » (no 13),
Feu Vert : par l'esprit André Luiz, Brasilia, éditions du Hericilio Maes Institute (ISBN978-2-9560663-3-0)
↑« Il n’est sans doute pas un seul Brésilien, sans religion ou avec, et quelle que soit celle-ci, qui n’ait entendu parler au moins une fois de Chico Xavier. » Marion Aubrèe et François Laplantine (anthropologues), La Table, le Livre et les Esprits, naissance évolution et actualité du mouvement spirite entre France et Brésil, éditions JC Latès, Paris, 1990, page 151.
↑ ab et cJean Pierre Langellier, « Un Homme insignifiant », Le Monde, , p. 26 (lire en ligne) :
« Les Brésiliens le tiennent pour le plus grand homme qu'ait connu leur pays. Il ne doit sa renommée ni à la politique, ni à la chanson, ni au football. Chico Xavier (1910-2002) fut le plus stupéfiant médium du XXe siècle. Selon une enquête de popularité faite en 2006 par la revue Epoca, il arrive en tête, avec deux fois plus de suffrages que son suivant immédiat, l'as de la formule 1, Ayrton Sena, tué sur un circuit en 1994 […] fidèle aux principes monastiques - pauvreté, obéissance, chasteté - chers à l'Eglise catholique dont il s'est éloigné tout en affirmant rester "chrétien". Il pratique l'autodépréciation, se décrit comme un "moins que rien", un homme "d'une absolue insignifiance", "simple serviteur " de ses bienfaiteurs spirituels. L'inverse d'un visionnaire ou d'un prophète. »
↑"... ayant été élu, en 2000, le Mineiro du XXe siècle, selon une enquête menée auprès de la population du Minas Gerais." Biographie de Chico Xavier, texte en 3e de couverture de son livre : Nosso Lar, éditions du CSF, Brasilia, 2005.
↑« Francisco Xavier : médium-prodige.» Marion Aubrèe et François Laplantine (anthropologues), La Table, le Livre et les Esprits, naissance évolution et actualité du mouvement spirite entre France et Brésil, éditions JC Latès, Paris, 1990, pages 151 à 156.
↑Parnasso do Alem-Tumulo, Federação Espírita Brasileira, 1932
↑Chiffre de ventes indiqué sur la couverture de l'édition brésilienne de 2009 lien vers la couverture
↑La Table, le Livre et les Esprits, naissance, évolution et actualité du mouvement social spirite entre France et Brésil, Marion Aubrée et François Laplantine, éditions JC Lattès, 1990, page 169.