Christine Choy

Christine Choy
Biographie
Naissance
Romanisation révisée
Choe MyeonghyeVoir et modifier les données sur Wikidata
McCune-Reischauer
Ch'oe MyŏnghyeVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Formation
Manhattanville College (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Distinction
Œuvres principales

Christine Choy est une cinéaste sino-américaine[1] et militante pour les droits civiques, née à Shanghai en 1952. Elle a co-réalisé Who Killed Vincent Chin ?, un film documentaire à propos du meurtre de Vincent Jen Chin pour lequel elle a été nommée aux Oscars. Elle a co-fondé Third World Newsreel, une agence de presse qui a comme ambition d'agir contre le racisme et pour la justice sociale. Elle produit et réalise plus de quatre-vingts films documentaires et enseigne à la Tisch School of the Arts de l'Université de New York[2].

Enfance en Asie

[modifier | modifier le code]

Christine Choy est née à Shanghai en République populaire de Chine[1] sous le nom de Chai Ming Huei, d'un père coréen et d'une mère chinoise[3]. Peu de temps après sa naissance, son père a abandonné la famille pour retourner en Corée du Sud et Christine Choy a été élevée par sa mère dans de grandes difficultés financières[1].

Après la Révolution culturelle, la famille a fui la Chine continentale via Hong Kong[4] puis la Corée du Sud où Christine Choy a retrouvé son père. À cette période, elle a commencé à regarder, et apprécier, des films américains qui sont diffusés en Corée du Sud tout en étant consciente de la discrimination envers les Asiatiques dans les médias américains[5].

Arrivée aux États-Unis et formation

[modifier | modifier le code]

Christine Choy déménage à New York à l'âge de 14 ans. Elle est bénévole pour WBAI au lycée et couvre le procès Panther Twenty-One à Tombs. Au cours du procès, elle gagne la confiance du Black Panther Party et, peu après, elle commence à faire des petites missions pour la section de New York[1]. Elle se décrit elle-même comme une « jeune Panther » et raconte qu'elle « est petite main pour les gros bonnets[1]».

En 1965[6], Christine Choy reçoit une bourse pour étudier l'architecture au Manhattanville College of the Sacred Heart à New York. Pendant ses études, elle se lie d'amitié avec un groupe de hippies qui faisaient partie de Newsreel. Elle y travaille comme monteuse et directrice d'animation[1] et peu de temps après, elle obtient un diplôme de réalisation à l'American Film Institute[7].

Carrière en tant que réalisatrice

[modifier | modifier le code]

En 1972, Christine Choy co-fonde Third World Newsreel avec une amie cinéaste, Susan Robeson. Pour cette agence, Christine Choy réalise des documentaires sur le soulèvement de la prison d'Attica en 1971, la vie des femmes dans les prisons des États-Unis et l'histoire de l'activisme social dans le quartier chinois de New York, la division de la péninsule coréenne ou la lutte de la Namibie pour l'indépendance de l'Afrique du Sud[8].

En 1974, Christine Choy réalise son premier long métrage documentaire, Teach Our Children. Alors qu'elle et son entourage proche sont confrontés à la pauvreté et aux problèmes de migration, elle a l'idée de réaliser un deuxième documentaire, abordant les problèmes auxquels elle a été confrontée en Chine et en Corée du Sud ainsi que les difficultés qu'elle a rencontrées aux États-Unis. Ce film, From Spikes to Spindles, sort en 1976 et met en avant la communauté migrante chinoise et sa lutte pour l'égalité des droits aux États-Unis.

Avec ces films, Christine Choy devient l’une des premières grandes réalisatrices sino-américaines et elle est souvent considérée comme une cinéaste politique[9] et une militante pour les droits civiques[1].

L'un des films les plus notables de Choy, Who Killed Vincent Chin ? (1988) est co-réalisé avec Renee Tajima. Le film raconte l'histoire de Vincent Jen Chin, un Américain d'origine chinois, battu à mort avec une batte de baseball par Ron Ebens et son beau-fils, Michael Nitz. Les deux meurtriers sont seulement condamnés à trois ans de probation et à une amende de 3 000 dollars. Trouver le financement pour ce film est difficile en raison du sujet polémique car il met en lumière le racisme de la classe ouvrière à Détroit à une époque où l'industrie automobile américaine est en faillite et où les voitures japonaises gagnent en popularité. Le film redéfinit la définition du cinéma ethnographique et remporte plusieurs prix.

Au Festival du Film de Sundance de 1989 où elle présente Who Killed Vincent Chin ?[10], Christine Choy partage un logement avec Steven Soderbergh qui était alors à Park City pour la première de Sex, Lies, and Videotape[11],[12],[13]. Elle attaque Robert Redford au sujet du manque de diversité à Sundance[14]. Who Killed Vincent Chin ? est nommé pour le prix du Grand Jury du meilleur documentaire au Festival et a remporté un Peabody Award en 1990[10].

Sa-I-gu (1993), un autre film co-réalisé par Christine Choy, traite de l'effet des émeutes de Los Angeles de 1992 sur la communauté coréenne américaine et aborde frontalement l'animosité raciale envers les Asiatiques en Amérique, et plus particulièrement envers les femmes asiatiques[1].

Christine Choy est lauréate d'une bourse Guggenheim, d'une bourse Rockefeller Memorial et d'une bourse du Conseil culturel asiatique.

Après sa carrière de réalisatrice de documentaires, elle devient professeure à la Tisch School of Arts de New York. Elle y enseigne depuis plusieurs années dans la section « Sight & Sound Documentary » et elle est enseignante invitée à Yale, Cornell, à la Buffalo State University de New York et à la City University de Hong Kong[7],[9].

Au cours de ses années d'enseignement, elle a encadré de nombreux étudiants devenus cinéastes, et notamment ses protégés Todd Phillips, Raoul Peck et Brett Morgen[15].

En 2021, Who Killed Vincent Chin ? rentre au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès[16]. Il est restauré par l'Academy Film Archive et la Film Foundation pour marquer le 40e anniversaire de la mort de Chin. Au même moment, on assiste à une augmentation des crimes haineux contre les Américains d’origine asiatique aux États-Unis dans le contexte de la pandémie de COVID-19[17].

Récompenses

[modifier | modifier le code]

Filmographie

[modifier | modifier le code]
Année Titre Réalisatrice Productrice Directrice de la photographie Scénariste Notes Ref.
1974 Teach Our Children (court métrage) oui oui oui [1]
1975 Generation of a Railroad Spiker oui [1]
1975 Fresh Seeds in a Big Apple oui [1]
1976 From Spikes to Spindles oui [1]
1977 History of the Chinese Patriot Movement in the U.S. oui [1]
1977 North Country Tour oui [1]
1978 Inside Women Inside oui [1]
1978 Loose Pages Bound oui [1]
1978 A Dream Is What You Wake Up From oui [1]
1980 To Love, Honor, and Obey oui [1]
1981 White Flower Passing oui [1]
1982 Bittersweet Survival (court métrage) oui oui* *Productrice exécutive [1]
1982 Go Between oui [1]
1982-83 Mississippi Triangle oui [1]
1983 Fei Teir, Goddess in Flight oui [1]
1984 Namibia, Independence Now oui [1]
1985 Monkey King Looks West oui [1]
1986 Permanent Wave (court métrage) oui [1]
1988 Shanhai Lil's oui [1]
1988 Who Killed Vincent Chin? oui oui Nommé - Oscar du meilleur film documentaire, 1989 [1]
1989 Best Hotel on Skid Row oui [1]
1989 Fortune Cookie: The Myth of the Model Minority oui [1]
1991 Homes Apart: Korea oui oui oui [19]
1993 Sa-I-Gu (court métrage) oui oui oui [1]
1995 A Litany for Survival: The Life and Work of Audre Lorde oui
1997 My America... or Honk If You Love Buddha oui
1997 Wrongful Death: Hattori vs. Peairs oui
1997 The Shot Heard Round The World oui oui oui oui Lauréat - Best Documentary, Bangkok International Film Festival [20],[21]
1998 In the Name of the Emperor oui oui
1998 Electric Shadow (court métrage) oui oui
2001 Ha Ha Shanghai oui
2003 Sparrow Village oui [22],[23]
2007 No Fifth Grade oui [24]
2007 Miao Village Medicine oui [25],[26]
2008 Long Story Short (court métrage) oui oui
2014 Ghina oui oui oui
2016 Rodney King: Koreatown Reacts (court métrage) oui oui
2016 ReOrienting Africa (court métrage) oui oui
2016 Legal Smuggling with Christine Choy (court métrage) oui [27]
2019 The Architects of Camellia (court métrage) oui

Filmographie en tant qu'actrice et apparitions dans des documentaires

[modifier | modifier le code]
Année Titre Rôle Remarques Réf.
1993 Sa-I-Gu (Court-métrage) Elle-même
1994- Amérique asiatique Elle-même Séries TV
2005 Marc Forster : De Davos à Hollywood Elle-même Téléfilm
2010 Cave Haeri également productrice exécutive
2013 La mort de l'égo (court métrage) Professeure
2016 Contrebande légale avec Christine Choy (Court-métrage) Elle-même (Voix off) Réalisé par Noah & Lewie Kloster ; film d'animation [27]
2017 Ressources humaines (Court métrage) Eileen
2017 Les cicatrices de Nankin Elle-même Téléfilm
2022 Les exilés Elle-même Réalisé par Violet Columbus et Ben Klein (anciens étudiants de NYU) ; Lauréat du Grand Prix du Jury, Compétition Documentaire US, Festival du Film de Sundance 2022 [28]
2022 Qui a tué Vincent Chin ? Retour sur le film (Court-métrage) Elle-même

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad et ae Gwendolyn Audrey Internet Archive, Women film directors : an international bio-critical dictionary, Westport, Conn. : Greenwood Press, (ISBN 978-0-313-28972-9, lire en ligne)
  2. (en) Bryan, and Yohuru Williams Shih, The Black Panthers: Portraits from an Unfinished Revolution, New York, Nation Books, , 143–145 p. (ISBN 978-1-56858-555-0)
  3. « Film Depicts Life in Delta », Alabama Journal,‎ , p. 23 (lire en ligne)
  4. « 奥斯卡游戏公平吗 », Xinmin Weekly,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  5. « Article clipped from Hattiesburg American », Hattiesburg American,‎ , p. 41 (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) M.E. Williams, « Life, struggles of Chinese in Mississippi chronicled », Hattiesburg American,‎ , p. 5D (lire en ligne)
  7. a et b (en) « Christine Choy », sur tisch.nyu.edu (consulté le )
  8. « Third World Newsreel - Film Training, Distribution & Production », www.twn.org (consulté le )
  9. a b et c (en-US) Mishi Saran et International Herald Tribune, « Christine Choy Turns the Camera on Herself », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en-US) « Who Killed Vincent Chin », Foundation for Asian American Independent Media (consulté le )
  11. « Eugene Hernandez on Jan. 23, 2022 », www.instagram.com (consulté le )
  12. (en-US) Byrge, « 'sex, lies and videotape': THR's 1989 Sundance Film Festival Review », The Hollywood Reporter, (consulté le )
  13. (en-US) « How "sex, lies and videotape" Turns Our Gaze Inward - sundance.org », (consulté le )
  14. (en) Ide2022-01-24T10:45:00+00:00, « 'The Exiles': Sundance Review », ScreenDaily (consulté le )
  15. (en-US) « On Ha Ha Shanghai and the Unflinching Honesty of Christine Choy », Talkhouse (consulté le )
  16. (en-US) Tartaglione, « National Film Registry Adds 'Return Of The Jedi', 'Fellowship Of The Ring', 'Strangers On A Train', 'Sounder', 'WALL-E' & More », Deadline, (consulté le )
  17. (en-US) Shead, « 'Who Killed Vincent Chin?' Inducted into Library of Congress' National Film Registry », One Detroit, (consulté le )
  18. (en) « UGFTV Prof Christine Choy: Outstanding Achievement Award », tisch.nyu.edu (consulté le )
  19. « Homes Apart: Korea - Available from TWN »
  20. « The Shot Heard Round The World (1997) », Alexander Street Press (consulté le )
  21. Saran, « Christine Choy Turns the Camera on Herself », The New York Times, (consulté le )
  22. Carl, « Sparrow Village », New York University Research Institute,
  23. Sparrow Village, WorldCat, (OCLC 68961052, lire en ligne)
  24. « Christine Choy's 'No Fifth Grade' », Asia Society,‎ (lire en ligne)
  25. « 孟絲《兩部記錄片》 », 好讀,‎
  26. « 中國農村發展紀錄片放映活動 », PTT影音娛樂區 (consulté le )
  27. a et b (en-US) « Le Cinéma Club | LEGAL SMUGGLING WITH CHRISTINE CHOY », sur Le Cinéma Club (consulté le )
  28. (en-US) « Immigrant stories 'Nanny' and 'The Exiles' win top awards at 2022 Sundance Film Festival », The Salt Lake Tribune

Liens externes

[modifier | modifier le code]