Le cibi (prononcer « thimbi ») ou teivovo est un meke, une danse guerrière traditionnelle fidjienne. Historiquement utilisée dans un contexte insulaire guerrier (principalement comme célébration villageoise au retour des guerres victorieuses mais possiblement avant les batailles), elle est exécutée aujourd'hui par l'équipe des Fidji de rugby à XV avant chaque match.
Le cibi est un meke guerrier : une danse guerrière pratiquée par des tribus fidjiennes lors des conflits insulaires durant les périodes pré-chrétiennes et pré-coloniales[1],[2]. Généralement exécutée par les guerriers (les bati) dans un contexte festif et cérémoniel au retour des batailles victorieuses, elle pouvait également l'être avant les batailles afin de motiver les combattants et d'impressionner l'adversaire[3]. Réalisé avant les batailles, le cibi est conçu pour débuter au cours du chant des adversaires et être une réponse directe à celui-ci[4].
Le cibi revêt une dimension religieuse et mythologique importante[5]. Il s'agit d'une forme de prière au cours de laquelle les bati invoquaient les divinités afin de bénéficier de leur aide et protection.
Le cibi est également nommé teivovo[6].
Les participants au cibi se positionnent en ligne ou en demi-cercle autour d'un meneur[7],[8]. Le meneur dirige le cibi par des cris et des chants pendant que les autres acteurs reprennent les chants et réalisent les différents mouvements en avançant vers leurs adversaires. Les gestes exécutés par les danseurs sont d'ordre militaire et viril : mime du maniement d'une lance, se frapper la poitrine ou sauter en signe de défi[3]. Le chant est composé de paroles menaçantes pour les opposants.
En réponse au haka de l'équipe néo-zélandaise utilisée en ouverture des matchs de rugby depuis 1905, le cibi est adoptée par l'équipe fidjienne en 1939[6],[9]. Ce choix est initié par le capitaine de l'équipe, Ratu Sir George Cakobau, avant la première tournée de l'équipe en Nouvelle-Zélande. Le cibi a été enseigné aux joueurs par Ratu Bola, un important chef tribal du clan Navusaradave de l'île Bau[10].
Pour les joueurs, les dimensions culturelles et religieuses du cibi sont fortement présentes au cours de son exécution[5]. La danse permet une transmission et une connexion entre la population fidjienne, ses ancêtres et les différentes figures religieuses ou mythologiques.
Le cibi n'étant pas considéré comme une danse très intimidante, l'équipe fidjienne décide en 2012 d'adopter une nouvelle danse, le bole[6],[8]. Après quelques matchs, cette dernière est abandonnée au profit du cibi.
Paroles en fidjien et traduction française[6] :
«
- Ai tei vovo, tei vovo
- E ya, e ya, e ya, e ya ;
- Tei vovo, tei vovo
- E ya e ya, e ya, e ya
- Rai tu mai, rai tu mai
- Oi au a viriviri kemu bai
- Rai tu mai, rai ti mai
- Oi au a viriviri kemu bai
- Toa yalewa, toa yalewa,
- Veico, veico, veico.
- Au tabu moce koi au
- Au moce ga ki domo ni biau.
- E luvu koto ki ra nomu waqa
- O kaya beka au sa luvu sara
- Nomu bai e wawa mere
- Au tokia ga ka tasere
- Tuletule buka
- E ya
- Tuletule buka
- E ya
- Tuletule buka sa dredre
- Tou vaka tosoya vaka malua
- E ya, e ya, e ya, e ya »
«
- Prépare-toi, prépare-toi
- Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh
- Prépare-toi, prépare-toi
- Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh
- Regarde par ici, regarde par ici
- Je te construis une muraille
- Regarde par ici, regarde par ici
- Je te construis une muraille
- Un coq et une poule, un coq et une poule
- Ils attaquent, ils attaquent, ils attaquent
- Je n’ai pas le droit de m’assoupir
- Sauf quand j’entends les vagues se briser
- Ton navire gît au fond
- Mais ne crois pas que j’ai coulé moi aussi
- Ta défense attend juste
- Que je l’attaque pour s’écrouler
- Je gire l'arbre!
- Oh!
- Je gire l'arbre!
- Oh!
- L'arbre est sorti de terre
- Lentement, nous pouvons le déplacer »