Classement X

Le classement X désigne dans plusieurs pays les films les plus fortement déconseillés ou interdits aux personnes les plus jeunes.

En droit français, X désigne le classement attribué aux films interdits aux moins de dix-huit ans en France, considérés comme pornographiques ou bien mettant en scène des violences. Ce classement est à différencier de la simple interdiction aux moins de 18 ans, qui n'est pas assortie des mêmes contraintes légales[1]. Environ un millier de films ont été classés X au total[2].

En Espagne, un film peut être classé par l'Institut de cinématographie et des arts audiovisuels (es) comme Película X pour pornographie ou bien « apologie de la violence[3],[Note 1]. »

En 2009, le fim Saw 6 fut classé X pour apologie de la violence ; il est le seul en Espagne dans ce cas[4],[5],[6].

États-Unis

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En anglais, « classer X » se dit to X-rate, « classement X », X-rating, « classé X », X-rated.

La mention X a existé mais n'était ni une marque déposée, ni une mention dont l'usage était fixé par une loi. Elle pouvait être posée sur les films par les producteurs eux-mêmes en plus de la MPAA. La Motion Picture Association of America avait repris cette appellation pour les films avec des thématiques bien plus adultes: par exemple, Macadam Cowboy, qui abordait le sujet de l'homosexualité, fut classé X et remporta plusieurs prix tels qu'un Oscar; de même, Faut-il tuer Sister George ? et Les Damnés furent classés X[7].

En 1974, le film The Street Fighter fut classé X uniquement pour son extrême violence[8].

Des films tels que RoboCop et Scarface furent classés X[9],[10],[11].

Les producteurs de films pornographiques attribuaient des X à leur films, allant jusqu'à placer un double voire un triple « X » pour indiquer que leur film avait un contenu sexuel bien plus important que le stade à partir duquel le film est interdit aux moins de 18 ans. Le X devint ainsi synonyme de pornographie.

En conséquence, la MPAA renonce en 1990 à utiliser cette appellation et la remplace par la mention « NC-17 » (interdit aux enfants de 17 ans ou moins), la mention la plus restrictive de leur nouvelle classification. Elle la dépose comme marque, ce qui a l'avantage de clairement recouvrir à la fois la violence et la pornographie.

Histoire du classement X

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Le relâchement de la censure cinématographique qui accompagne l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République voit le déferlement d'une vague de cinéma pornographique et érotique profitant de l'absence de législation : en 1974, année de sortie d’Emmanuelle, sur 520 films distribués en France, 128 s'affichent comme érotiques, voire carrément pornographiques[12] (par exemple, Exhibition de Jean-François Davy). Le gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, jusque-là attentiste, se range à l'idée d'une taxation, plutôt que d'une censure.

Liste de films pornographiques ou d'incitation à la violence publiée au Journal officiel le .

Ce classement a été introduit par le décret du [13] puis par les articles 11 et 12 de la loi du (loi de finances pour 1976). Lors des débats à l'Assemblée nationale, le député UDR du Val-de-Marne Robert-André Vivien fait à cette occasion un lapsus : « M. le ministre, durcissez votre sexe ! Euh pardon, votre texte ! »[14].

Cette loi, abrogée par l'article 9 de l'ordonnance no 2009-901 du [15], taxait plus lourdement ces films que les autres (TVA majorée, prélèvement de 20 % sur les bénéfices pour soutenir les films « de qualité »), et les exclut, ainsi que le réseau de salles spécialisées qui les diffusent, de toute subvention publique. Mais elle ne précise pas ce qu'est un film pornographique ou incitant à la violence. Le classement X est attribué par une « commission du classement des œuvres cinématographiques » du CNC, dont la composition est détaillée dans un décret du [16].

L'article L311-2 du Code du cinéma et de l'image animée issu de l'ordonnance no 2009-901 du est venu remplacer ces anciens articles. Désormais, les films à caractère pornographique ou d'incitation à la violence, ne pourront recevoir d'aide sélective, de plus, les établissements spécialisés dans la diffusion de films à caractère pornographique ne pourront recevoir d'aide automatique ou sélective[17].

Les premiers films classés X datent de la fin de l'année 1975[18]. Le premier classement X pour cause d'incitation à la violence date du [19] pour La Chasse sanglante de Peter Collinson[Note 2],[20]. Le dernier film à être classé X pour incitation à la violence fut Zombie en mai 1980[21].

Le dernier classement X confirmé (pour cause de pornographie) date de 1996 pour Elle ruisselle sous la caresse d'Alain Payet[1],[22].

Après les années 1990

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Après 1996, deux films ont encore fait l'objet d'une proposition de classement X : Baise-moi de Virginie Despentes (en 2000) et Histoires de sexe(s) d'Ovidie et Jack Tyler (en 2009).

Bien que la sous-commission ayant visionné Baise-moi ait proposé à l'unanimité de classer Baise-moi en X pour pornographie et incitation à la violence[Note 3], l'assemblée plénière vota, à 13 contre 12, de l'interdire aux moins de 16 ans avec avertissement, l'interdiction aux mineurs ayant été abrogée en 1990. A la suite d'un recours de l'association Promouvoir, le Conseil d’État jugea que seul un classement X pouvait garantir que ce film ne puisse être vu par des mineurs[23]. L'interdiction aux moins de 18 ans ayant été rétablie, le film Baise-moi la reçut[24].

Le classement X de Histoires de sexe(s) n'a jamais été confirmé par le ministère de la Culture, le distributeur ayant préféré retirer sa demande de visa[25],[26].

Cette ghettoïsation du cinéma pornographique a pour conséquence la baisse de leur diffusion dans le réseau de salles spécialisées dont le nombre passe de 200 en 1975 à 136 en 1976 et 72 en 1981[27].

Selon Ovidie, coréalisatrice de Histoires de sexe(s) (2009), dernier film en date pour lequel la commission de classement propose la classification X,[28],[29], la loi a pour effet de ranger le cinéma pornographique dans une catégorie séparée, où la rentabilité est difficile à obtenir, et n'incitant pas à une grande créativité.

Royaume-Uni

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Certificat X BBFC de 1951 à 1970
Certificat X utilisé par la BBFC de 1951 à 1970

Le certificat X fut attribué par le British Board of Film Classification de 1951 à 1982 ; jusqu'en 1970, il signifiait que les mineurs de 16 ans ne pouvaient pas assister aux production, âge porté à 18 après cette année[30],[31].

Furent classés X les films Jules et Jim, La Fureur de vivre et Le Cuirassé Potemkine[32].

En 1982, pour éviter les confusions, ce certificat fut remplacé par la mention 18, indiquant que ce film était interdit aux mineurs[31].

Notes et références

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  1. « Podrán recibir esta calificación las películas que clara y manifiestamente supongan una apología de la violencia. En particular: la descripción visual detallada, reiterada o completamente acrítica de escenas de violencia extrema y daño físico grave infligido a personas de manera cruel, inhumana o degradante. »

    — Ministère de la culture, Nueva regulación de la calificación de películas cinematográficas y otras obras audiovisuales

    « Les films qui font clairement et manifestement l'apologie de la violence peuvent recevoir cette qualification. En particulier : la représentation visuelle détaillée, répétée ou totalement non critique de scènes d'extrême violence et de graves atteintes physiques infligées à des personnes de manière cruelle, inhumaine ou dégradante. »

    — Nueva regulación de la calificación de películas cinematográficas y otras obras audiovisuales

  2. Le classement X est abrogé le 12 octobre 1981 pour une interdiction aux mineurs, puis en 1990 à ceux de moins de 16 ans.
  3. « Ce film comporte tous les ingrédients susceptibles de justifier son classement en catégorie X : œuvre à caractère pornographique ; œuvre d'incitation à la violence. Il alterne de manière brutale et réaliste les scènes de meurtre et de relations sexuelles (auxquelles sont également associées la violence). La commission propose que ce film soit interdit aux mineurs (à l'unanimité). »

    — Procès verbal de la sous-commission, 12 mai 2000

Références

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  1. a et b Rapport d'activité mars 2004 / mars 2005 de la Commission de Classification (disponible en ligne)
  2. Agnès Giard, « Le sexe au cinéma ? No pasara ! », sur sexes.blogs.liberation.fr, (consulté le ).
  3. (es) « Nueva regulación de la calificación de películas cinematográficas y otras obras audiovisuales », sur www.lamoncloa.gob.es (consulté le )
  4. « Comentarios (2) - Cultura califica 'Saw VI' como película X en España - Chic », sur www.libertaddigital.com (consulté le )
  5. (es) « Cultura pone la 'X' a 'Saw VI' y la condena a las salas porno », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  6. « Saw VI classé X en Espagne ! », sur CinéSérie, (consulté le )
  7. (en) Glenn Frankel, Shooting Midnight Cowboy: Art, Sex, Loneliness, Liberation, and the Making of a Dark Classic, Farrar, Straus and Giroux, (ISBN 978-0-374-71921-0, lire en ligne), p. 117
  8. (en-US) Gerald Jonas, « The Man Who Gave an ‘X’ Rating to Violence », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Chris Hicks, Has Hollywood Lost Its Mind?: A Parent's Guide to Movie Ratings, Abrams, (ISBN 978-1-938301-20-9, lire en ligne)
  10. (en) Gerald Duchovnay, Film Voices: Interviews from Post Script, SUNY Press, (ISBN 978-0-7914-6155-6, lire en ligne), p. 182
  11. (en) Ron Evangelista, « ‘Scarface’ Was Originally X-Rated, and Brian De Palma Wasn’t Happy About It », sur Collider, (consulté le )
  12. Daniel Borrillo, Le droit des sexualités, Presses universitaires de France, , p. 150
  13. « Fac-similé JO du 04/11/1975, page 11333 | Legifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  14. Adrien Gombeaud, « Merci qui ? Merci Davy », Vanity Fair n°46, mai 2017, pages 116-123.
  15. Ordonnance n° 2009-901 du 24 juillet 2009 relative à la partie législative du code du cinéma et de l'image animée : Article 9 (lire en ligne)
  16. Décret n°90-174 du 23 février 1990 pris pour l'application des articles 19 à 22 du code de l'industrie cinématographique et relatif à la classification des oeuvres cinématographiques, (lire en ligne)
  17. Code du cinéma et de l'image animée : Article L311-2 (lire en ligne)
  18. « Liste des films à caractère pornographique », Journal officiel de la République française,‎ , p. 13231 (lire en ligne)
  19. Bernard Joubert, Jean-Baptiste Guégan, Alan Deprez et Albert Montagne, Darkness, censure et cinéma (1. Gore & violence), LettMotif, , 340 p. (ISBN 978-2-36716-089-4, lire en ligne), p. 284
  20. Bernard Joubert, Jean-Baptiste Guégan, Alan Deprez et Albert Montagne, Darkness, censure et cinéma (1. Gore & violence), LettMotif, , 340 p. (ISBN 978-2-36716-089-4, lire en ligne)
  21. Christophe Triollet, Julien Bono, Lionel Trelis et Florent Christol, Darkness, censure et cinéma (1. Gore & violence), LettMotif, (ISBN 978-2-36716-089-4, lire en ligne), p. 290-292
  22. « Arrêté du 31 juillet 1996 portant classement des oeuvres cinématographiques pornographiques ou d'incitation à la violence » (consulté le ).
  23. A. G., « « Baise-moi » classé X par le Conseil d'Etat », sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  24. Damien Simonin, « Définir la pornographie : le cas de Baise-moi (France, 2000) », La pornographie en France, XIXe-XXe siècles,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Le film pour adultes est devenu X », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  26. Christophe Triollet, Norbert Moutier, Jean-François Théry et Jean-François Mary, Darkness 6 (Censure & cinéma en France), LettMotif, (ISBN 978-2-36716-329-1, lire en ligne), p. 200
  27. Philippe Chassaigne, Les années 1970 : Fin d'un monde et origine de notre modernité, Armand Colin, , p. 67
  28. darkness-fanzine.over-blog.com, « Le coup de gueule d'Ovidie avec quelques précisions juridiques censurées par metronews.fr ! », sur DARKNESS, CENSURE ET CINEMA (consulté le )
  29. « Le blog d'Ovidie » Blog Archive » Histoires de Sexe(s), le premier film classé X depuis 1996 ! », sur blog-ovidie.frenchlover.tv, (version du sur Internet Archive)
  30. (en) Dr James C. Robertson et James Robertson, The Hidden Cinema: British Film Censorship in Action 1913-1972, Routledge, (ISBN 978-1-134-87672-3, lire en ligne), p. 102
  31. a et b « BFI Screenonline: The X Certificate », sur www.screenonline.org.uk (consulté le )
  32. (en) « 10 great X-certificate films », sur BFI (consulté le )

Bibliographie

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  • Christophe Bier, Censure-moi. Histoire du classement X en France, Esprit frappeur, , 200 p. (ISBN 978-2-84405-136-3)
  • Nathalie Nicolic, "Érosisme versus pornographie : l'évolution institutionnelle d'une frontière surveillée par le système juridique", Cités, 2003/3, no 15, p. 69-77.

Article connexe

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Lien externe

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