Comète de César

C/-43 K1
Comète de César

Établi sur de nombreuses observations couvrant 54 jours (U = ?)
Caractéristiques orbitales
Époque (1705496,5)
Excentricité 1,0
Périhélie 0,22 ua
Inclinaison 110°
Argument du périhélie 17°
Dernier périhélie (1705496,5)

Caractéristiques physiques
Découverte
Découvreurs Inconnu
Date 18 mai -43
ou 44 av. J.-C. (mention la plus ancienne)
Pièce frappée par Auguste (vers -19/-18) ; avers : CAESAR AVGVSTVS, profil droit de César/ Revers: DIVVS IVLIV[S], avec une comète (étoile) à huit branches, queue vers le haut.

La comète de César[1] (C/-43 K1[2]), ou Grande comète de -43 / de 44 avant Jésus-Christ, est peut-être la comète de l'Antiquité la plus connue. Sa visibilité de sept jours a été prise par les Romains comme un signe de déification de Jules César, mort peu de temps avant qu'elle n'apparaisse[3].

La comète de César est l'une des cinq comètes connues pour avoir une magnitude absolue négative et elle fut probablement la comète historique la plus brillante de jour[4]. C'était une comète non périodique et elle pourrait s'être désintégrée.

Comètes qui pourraient correspondre à celle de César

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Voici une liste de comètes similaires à celle de César et pouvant lui correspondre :

La comète de César est connue des auteurs antiques comme Sidus Iulium (étoile julienne) ou Caesaris astrum (étoile de César). Cette comète brillante et visible de jour apparut soudainement durant les Ludi Victoriae Caesaris – dont longtemps on pensa qu'ils se tinrent en septembre pour l’année -44 (hypothèse de Edmond Halley). La date a récemment été revue à juillet de la même année, quatre mois après l'assassinat de Jules César, ainsi que le mois de naissance de César. Selon Suétone, alors que les célébrations se déroulaient, « une comète, qui se levait vers la onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et l'on crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel[5]. »

La comète devint un symbole puissant de la propagande politique qui lança la carrière du fils adoptif de César, Auguste. Le temple du Divin César fut construit (-42) et dédié (-29) par Auguste aux fins de favoriser un « culte de la comète (il était également connu comme Temple de la comète[6]). » À l'arrière du temple une image géante de César fut édifiée et selon Ovide une comète flamboyante fut fixée sur son front :

« Entre-temps, fais que l'âme arrachée à ce corps abattu devienne étoile éclatante, afin que de sa demeure céleste le divin Jules ait une vue sur notre Capitole et notre forum[7]. »

Étude moderne

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En 1997, deux chercheurs de l’Université de l'Illinois à Chicago – John T. Ramsey (un classiciste) et A. Lewis Licht (un physicien) – publièrent un livre[8] comparant les preuves astronomiques et astrologiques romaines et chinoises. Leur analyse, basée sur des témoins oculaires de l'époque, les registres astronomiques chinois, la littérature astrologique de l’antiquité tardive et les carottes de glace des glaciers groenlandais, donnèrent une gamme de paramètres sur l'orbite de l'objet hypothétique. Ils établirent une orbite de 0.224 UA pour l'objet qui était apparemment visible avec une queue depuis la capitale chinoise (fin mai) et comme un objet similaire à une étoile depuis Rome (fin juillet) :

  • 18 mai 44 av. J.-C. (Chine)
  • 23–25 juillet 44 av. J.-C. (Rome)
  • Magnitude absolue : −4.0

Quelques chercheurs, comme Robert Gurval d'UCLA et Brian G. Marsden du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, mettent en doute l'existence de la comète. Marsden note dans sa préface au livre de Ramsey et Licht : « Compte tenu de l'unique témoignage deux décennies après l'évènement, je serais négligent si je ne prenais pas en considération la non-existence de la comète comme une possibilité sérieuse »[9].

Dans la littérature

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Le poète Virgile écrit dans sa neuvième églogue que l'étoile de César a semblé réjouir les champs[10]. Virgile écrira plus tard au sujet de la période suivant l’assassinat de César, « Jamais la foudre ne tomba plus souvent par un ciel serein, ni ne brûlèrent si souvent de farouches comètes[11]. » Gurval souligne que ce passage ne lie aucunement la comète à la divinité de César mais à sa mort[12].

C'est cependant Ovide qui fait l'affirmation finale du rôle de la comète dans la déification de Jules César. Ovide décrit la déification de César dans Métamorphoses (8 AD) :

« Sans égal dans la guerre comme dans la paix, ce n'est pas plus à ses travaux guerriers achevés dans la victoire, au sage gouvernement de l'État, au cours rapide de ses conquêtes, qu'aux vertus de son fils, qu'il doit d'avoir été changé en comète, et de briller parmi les astres[13] »

Il a été récemment soutenu que l'idée de l'utilisation par Auguste de la comète pour ses objectifs politiques découle en grande partie de ce passage[14].

Dans Jules César de Shakespeare (1599), la femme de César remarque le matin du jour de l'assassinat de son mari : « Quand les mendiants meurent, il n'y a aucune comète vue ; les cieux eux-mêmes flambent en avant la mort des princes. »

Monnaies romaines

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L'étude des pièces depuis -44 et à travers le développement du règne d'Auguste montre l’évolution de la relation entre César et le Sidus Iulium. Robert Gurval monte que l’évolution du statut de la comète dans la monnaie suit un schéma précis. Les représentations en étoile de César déifié apparaissent relativement rapidement, quelques années après sa mort. Cependant vingt années passent avant que l'étoile ne finisse sa transformation en comète[12]. À partir de -44, un fabricant de monnaie appelé P. Sepullius Macer crée des pièces avec à l'avers Jules César couronné de lauriers et une étoile derrière la tête. Au revers, Vénus, la déesse protectrice des Iulii, tient un sceptre étoilé. Gurval maintient que cette pièce fut frappée à l'époque de l'assassinat de César et n'aurait probablement à l'origine pas fait référence à sa déification. Alors qu'elle circulait, cette pièce aurait apporté cette idée dans les esprits à cause du nouveau culte de César[12]. Kenneth Scott réfute cette hypothèse en supposant que la comète a été à l'origine de cette série de pièces à cause de la similarité avec d'autres pièces qu'il avait déjà produites[15]. Une série d'aurei et de denarii frappées après ce culte commencèrent à montrer Marc Antoine et une étoile, représentant probablement sa fonction de prêtre du culte de César[12]. Dans des pièces plus tardives vers la fin de la guerre d'Octave avec Sextus Pompée, l'étoile supplante entièrement la figure et le nom de César, représentant clairement sa divinité[12].

Notes et références

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  1. (en) J.T. Ramsey, The comet of 44 B.C. and Caesar's funeral games, Atlanta, GA, Scholars Press, coll. « American classical studies », , 236 p. (ISBN 0-7885-0273-5).
  2. (en) C/-43 K1, sur ssd.jpl.nasa.gov (consulté le 8 juillet 2014)
  3. Michael Grant, Werner Forman (photographie), The Roman Forum, Londres, 1970 Weidenfeld & Nicolson, p. 94.
  4. Poussée active des 23-25 juillet -44 (Rome) : −4.0 (modèle de Richter) et −9.0 (modèle de 41P/Tuttle-Giacobini-Kresák) ; magnitude absolue le 26 mai -44 (Chine) : −3.3 (Richter) et −4.4 (41P/TGK) ; calculs dans Ramsey et Licht, op. cit., p. 236.
  5. Suétone, Divus Julius, 88
  6. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, II, 24.
  7. Ovide, Métamorphoses; XV, 840.
  8. Ramsey and Licht, Op. cit.
  9. Marsden, Brian G., "Forward"; In: Ramsey and Licht, Op. cit.
  10. Mary Frances Williams, « The Sidus Iulium, the divinity of men, and the Golden Age in Virgil's Aeneid », Leeds International Classical Studies, vol. 2, no 1,‎ (lire en ligne)
  11. Georgic 1.487-488 qtd. In Ramsey and Licht, Op. cit
  12. a b c d et e Robert A. Gurval, « Caesar's comet: The politics and poetics of an Augustan myth », Memoirs of the American Academy in Rome, vol. 42,‎ , p. 39–71 (ISSN 0065-6801, DOI 10.2307/4238747, JSTOR 4238747, lire en ligne, consulté le )
  13. Ovide, Métamorphoses; XV; 745-842.
  14. Nandini B. Pandey, « Caesar’s Comet, the Julian Star, and the Invention of Augustus », Transactions of the American Philological Association, vol. 143, no 2,‎ , p. 405–449 (ISSN 1533-0699, DOI 10.1353/apa.2013.0010, lire en ligne, consulté le )
  15. Kenneth Scott, « The Sidus Iulium and the Apotheosis of Caesar », Classical Philology, vol. 36, no 3,‎ , p. 257–272 (ISSN 0009-837X, JSTOR 265276, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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