La conférence des relations asiatiques a réuni à New Delhi, le , 25 pays asiatiques à l’initiative de l’Inde[1]. Elle s’est tenue sous les auspices du premier ministre Jawaharlal Nehru, qui dirigeait alors un gouvernement provisoire qui préparait à l’indépendance indienne, qui s’est produite le .
La conférence des relations asiatiques, qui réunit, du 23 mars au 2 avril 1947, des dirigeants de mouvements d'indépendance en Asie, représente la première tentative pour affirmer l'unité asiatique. Les objectifs de la conférence étaient de réunir des dirigeants et dirigeantes d'Asie en une plateforme commune pour étudier les problèmes préoccupant les peuples du continent, pour attirer l'attention sur les problèmes sociaux, économiques et culturels des différents pays d'Asie et encourager les contacts et la compréhension mutuels.
La conférence des relations asiatiques[2] pose les principes de « l’afro-asiatisme » : non-alignement, lutte contre l’impérialisme, appui aux mouvements de libération nationale, recherche d’un renouveau économique.
Selon Claude Arpi, le drapeau du Tibet leur est remis par un messager du Kashag à la vallée de Chumbi et ils le hissent durant la conférence comme demandé[9]. La conférence plénière se tient à Purana Qila, 32 délégations sont présentes, chacune sous un dais, avec une plaque portant le nom de son pays, et un drapeau national[9],[10]. La délégation du Tibet a son drapeau, ainsi qu'une carte de l'Asie où le Tibet est figuré comme pays séparé[9]. Toujours selon Claude Arpi, cette conférence démontre qu'en 1947 les dirigeants indiens du gouvernement intérimaire de l'Inde reconnaissent le Tibet comme indépendant[9]. Malgré les protestations de la délégation de la république de Chine alors en guerre civile, le drapeau du Tibet n'aurait pas été enlevé[9]. Dans sa biographie du dalaï-lama, publiée en 2003, Patricia Cronin Marcello affirme que si les organisateurs ne retirent pas le drapeau de la table de la délégation tibétaine, en revanche ils enlèvent la carte, ce qui non seulement témoigne de l'influence accrue de la Chine[Laquelle ?] mais augure peut-être de la position future de l'Inde sur le Tibet[11].
Jawaharlal Nehru ouvre la Conférence par une allocution accueillant les représentants des « lointains pays d’Asie et de nos voisins, l’Afghanistan, le Tibet, Le Népal, le Bhoutan, la Birmanie et Ceylan avec qui nous souhaitons tout spécialement coopérer en des rapports cordiaux et étroits ». Le délégué tibétain répond « Le gouvernement tibétain a été invité à se joindre à la Conférence panasiatique. Nous sommes un pays qui administre ses sujets en se fondant sur des aspirations religieuses. Et le Tibet a des relations particulièrement amicales avec l’Inde depuis des temps anciens… »[12].
On y condamne aussi bien sûr la colonisation mais aussi la domination de l'économie mondiale par les puissances occidentales. C'est la première tentative de donner une identité à ce qu'Alfred Sauvy baptise en 1952 sous le nom de « Tiers Monde ».
↑Claude Arpi, op. cit., p 175 : « Les chefs de chacune des trente-deux délégations sont assis sous un dais, avec une plaque portant le nom de son pays, et un drapeau national. »
↑(en) Patricia Cronin Marcello, The Dalai Lama. A Biography, Greenwood Publishing Group, London, 2003, 173 pages, voir p. 49, Tibetans and the World (« Les Tibétains et le monde »).
↑ ab et cChristine Sellin, « France-Inde (1947-1950) », dans La Puissance française en question (1945-1949), Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN2-85944-148-4, lire en ligne), p. 120-121.
A. Appadorai, Asian Relations: Being Report of the Proceedings and Documentation of the First Asian Relations Conference, New Delhi, March-April, 1947, New Delhi, India, Asian Relations Organization, (lire en ligne)
Christine Sellin, La Puissance française en question (1945-1949), Publications de la Sorbonne, , 113–133 p. (ISBN978-2-85944-148-7, OCLC1024012197), « France-Inde (1947-1950) »
Carolien Stolte, The Non-Aligned Movement and the Cold War, Routledge, , 1re éd., 57–76 p. (ISBN9781315814452), « "The Asiatic Hour": New Perspectives on the Asian Relations Conference, New Delhi, 1947 »