Un conjunto norteño, plus souvent appelé conjunto au Texas, est un type d'ensemble musical de petite taille qui comporte au moins un accordéoniste et un bajosextiste, né dans les États du Nord-Est du Mexique (Tamaulipas, Nuevo León, Coahuila) et dans le sud du Texas. La durée de sa popularité et sa capacité d'adaptation tendent à en faire aujourd'hui l'emblème de l'identité mexicaine au détriment du Mariachi qui a conservé ses formes traditionnelles et fait désormais figure de musique classique mexicaine.
Beaucoup d'aspects de l'histoire du conjunto norteño sont flous car il a longtemps été ignoré des autorités académiques au Mexique comme aux États-Unis. Au Mexique, parce que la Révolution mexicaine avait porté l'attention sur des genres musicaux qui étaient considérés plus autochtones, et par conséquent plus représentatives de l'identité nationale. Aux États-Unis, parce qu'il a été longtemps un sujet d'embarras pour les texans de langue espagnole, surtout vers le milieu du XXe siècle, qui accédaient au niveau de vie des classes moyennes et qui avaient tendance à s'américaniser.
Les transformations de la société, au Texas, dans le sillage du Chicano Movement ont, à la fois, ravivé l'intérêt pour le genre et son histoire, mais tendu à le folkloriser. En parallèle, la vitalité du genre, la créativité et la qualité des musiciens qui le représentent ont tendu à le rendre de plus en plus populaire aux États-Unis, notamment à Houston, Los Angeles, Chicago et New York. Les déplacements de population, à l'intérieur du Mexique ont eu tendance à étendre sa popularité aux états de Durango, San Luis Potosí, Coahuila, Zacatecas et à l'ensemble du Mexique. Les échanges de population entre les deux pays et la croissance de la population américaine d'origine mexicaine, l'ont rendu populaire au Nouveau-Mexique, en Arizona, au Nevada, en Californie et même dans l'Utah.
La musique des conjunto norteño a incorporé de nombreux élément venus de la tradition mexicaine, des musiques indigènes, des musiques à la mode dans les salons de la haute société mexicaine ou texane. Certaines de ses compositions emblématiques, le corrido, la ranchera, le huapango proviennent de la tradition mexicaine, d'autres comme la polka, la chotis[note 1] ou la redova[note 2] ont pu être amenées soit par les immigrants européens, notamment les tchèques et les allemands au Texas, au Nuevo León et au Tamaulipas, soit par les réseaux commerciaux des danses de salon voire de la musique académique, soit elles ont vu leur popularité renforcée par les effets de mode.
Au Texas, dans les milieux académiques, il a été longtemps convenu d'observer la distinction entre « tejano conjunto », présumé texan, et « norteño music », présumée mexicaine et surtout associée à la musique que l'on produit à Monterrey[1]. Mais la distinction à du mal à persister dans l'esprit du public car plusieurs groupes emblématiques de la « norteño music », comme Ramon Ayala et Los Bravos del Norte, Intocable ou Los Tigres del Norte, sont soit des musiciens mexicains installés de longue date aux États-Unis, soit des Texans de langue espagnole dont la musique est publiée au Texas ou en Californie.
Une simple recherche sur un site texan destiné à mettre en relation des groupes avec les organisateurs de manifestations fait apparaître 14 groupes (dont Intocable) qui se présentent comme des « Norteño band »[2]. Même un découvreur de talent au Texas peut utiliser le terme « Conjunto » pour désigner la musique « norteño ». En Arizona, les gens utilisent « norteño » et non « conjunto »[3]. De manière générale, aux États-Unis, on tend à utiliser le terme « norteño » pour tous les sous-genres de musique norteña et le terme « conjunto » pour le tex-mex traditionnelle[4].
Le conjunto texan historique qui est un peu confiné à l'exécution de musique réputée folklorique, a été créé dans la seconde moitié des années 1930 et au début des années 1940, par des musiciens comme Narciso Martínez« El Huracán del Valle » (L'ouragan de la vallée)[note 3] et Santiago Almeida[5], ou tout du moins, s'ils n'en étaient pas les inventeurs au sens strict, ce sont ceux dont les historiens ont retenu le nom parce qu'ils ont été les premiers à se produire à la radio et à enregistrer des disques pour des maisons de disques capable de diffuser leurs œuvres à l'échelle nationale aux États-Unis et au Mexique. Leurs formations, composées d'un accordéoniste et d'un bajosextiste sont probablement nées à cause des difficultés liées à la Grande Dépression, et à celles non moins grandes que connurent les États frontaliers du Mexique et des États-Unis à cause des contraintes imposées par l'économie de guerre pendant la seconde guerre mondiale.
Narciso Martínez et Santiago Almeida paraissent avoir été les inventeurs de la technique qui consiste à libérer la main de l'accordéoniste qui ne joue pas les basses, afin qu'il se concentre sur la mélodie, jouée de son autre main, pendant que le bajoquintiste fournit les basses, grâce aux chœurs de cordes accordée à l'octave inférieure de leur voisine, et la rythmiques grâce aux chœurs de chanterelles accordées à l'unisson. Les duos, du même type de ceux qu'ils forment jouent alors dans les fêtes privées (mariages, quinceañeras et anniversaires), les cantinas (restaurants populaires), et les fêtes communautaires, des pièces instrumentales destinées à permettre aux couples de danser.
Narciso Martínez. Il est le créateur reconnu, avec le bajoquintiste Santiago Almedia du Conjunto à la fois en tant que type de formation et que genre musical.
Santiago Jimenez. Il est le premier directeur d'un orchestre de type conjunto à avoir expérimenté et utilisé le Tololoche pour fournir les notes basses des compositions. Il est le père des accordéonistes émérites Santiago Jimenez Jr. et Flaco Jimenez.
(es) Luis Omar Montoya Arias et Gabriel Medrano de Luna, « El acordeón norteño mexicano y el transnacionalismo musical cosmopolita en las periferias », Acta universitaria, Universidad de Guanajuato, Dirección de Investigación y Posgrado, vol. 28, no 2, (ISSN2007-9621 et 0188-6266, lire en ligne).
(es) « Romper con el canto la frontera », dans Martha I. Chew Sánchez, Corridos in Migrant Memory, Albuquerque, University of New Mexico Press, , 264 p. (ISBN978-0-8263-3478-7, lire en ligne), Conjunto Norteño.
(es) Luis Diaz-Santana Garza, « El bajo sexto: Símbolo y unificador cultural en la frontera México-Estados Unidos », Acta Musicologica, Bâle, International Musicological Society Bärenreiter, vol. LXXXVIII/1 (2016), , p. 14 (lire en ligne)..
(es) Luis Adrian Díaz-Santana Garza, Historia de la Música Norteña Mexicana, Mexico, Plaza y Valdes, , 230 p. (ISBN978-607-402-836-2, lire en ligne).
(en) Ellen Koskoff (Directrice de la publication), Daniel Sheeby, Steven Loza, José R. Reyna et Steven Cornelius, « Latino music - conjunto », dans Music Cultures in the United States: An Introduction, New York, Routledge, , 428 p. (lire en ligne).
(es) Fernando León Nieto, « (es) « Los Rebeldes de Sonora - Corrido de Tino Nevares » », YouTube/fernandoleonnieto, Hermosillo, Fernando León Nieto[note 5], (Grupo Los Rebeldes de Sonora. Aqui son llamados Taka takas en otras pártes chirrines este tipo de musicos, la verdad son muy populares y se saben infinidad de canciones. Son el primer grupo a quienes les grabe en mi home studio, para ser exactos fueron 16 canciones y esta es una de ellas., se los recomiendo Corrido de Tini Nevares (Grupo Los Rebeldes de Sonora. Ici, on les appelle « taka takas » dans d'autres endroits « chirrines ». Ce type de musiciens, en vérité sont très populaires et connaissent d'innombrables chansons.).)..
(es) Christian Martínez, « El dolor de un fara fara que se resiste a desaparecer (La douleur d'un Fara fara qui refuse de disparaître », Vanguardia, Saltillo, Grupo Editorial Coahuila, (Los músicos de mayor edad piensan que la tradición de salir a la calle y tocar está disminuyendo, pero el género norteño sigue sonando con fuerza, ahora grupos jóvenes usan medios digitales para promocionarse (Les musiciens d'âge mur pensent que la tradition de sortir dans la rue et de jouer se perd, mais le genre norteño continue de résonner fort, désormaisles jeunes groupes utilisent les médias numériques pour se faire connaître)., lire en ligne)..
(en) Juan Tejeda, « Preface », dans John Dyer, Joe Nick Patoski, Juan Tejeda, Conjunto, Austin, University of Texas Press, , 121 p. (ISBN0-292-70931-5, lire en ligne).
(en) The Editors of Encyclopaedia Britannica, Amy Tikkanen (Corrections Manager), Aakanksha Gaur, Surabhi Sinha et Amy Tikkanen, « Tejano music », sur Encyclopædia Britannica, Entertainment & Pop Culture Music, > Contemporary Genres > Pop Music, Londres, Encyclopædia Britannica, Inc. (consulté le ).
(es) rédaction, « Fara Fara, raíces de la musica norteña que siguen vivas en NL », sur Posta, San Pedro Garza García Nuevo León, Klave Media, : « Lo mismo en las comunidades o municipios rurales que en el área metropolitana de Monterrey, decenas de agrupaciones, con músicos de oficio, de la tercera edad y jóvenes, luchan contracorriente por preservar el “Fara Fara”, símbolo de identidad en esta región de México. (Dans les communautés rurales ou communes comme dans la métropole de Monterrey, des dizaines de groupes, de musiciens professionnels, de personnes âgées et de jeunes, luttent à contre courant pour préserver le « Fara Fara », symbole identitaire dans cette région du Mexique ) ».
(es) Pedro Castro, « Sabes de donde proviene el termino "Fara Fara"? », Raza, aquí les dejamos algo de cultura general (Norteña), esperamos sea de su agrado la nota. (Raza. nous vous donnons ici un peu de culture générale (Norteña), nous espérons que vous aimerez la notice., sur Los Hermanos Castro, .
(es) « Mexicali cumple 117 años al son de las mañanitas », Tijuana, Baja California, Agencia Fronteriza de Noticias, : « En el parque Santa Cecilia, de los más antiguo de la ciudad, cientos de personas cantaron al filo de la media moche las mañanitas acompañados de taka takas y mariachis en vivo.. »
↑Ingénieur du son auprès de la Banda La Tepokeña d'Hermosillo
↑Le nom de cet instrument en espagnol est redoba, mais la graphie redova qui respecte d'un certain point de vue, mieux la prononciation, est courante dans le Nord du Mexique et au Texas. Il faut la comprendre comme un régionalisme
↑Cette étymologie est populaire, mais elle n'est pas démontrée.