Le Conseil national des femmes françaises (CNFF) est une association féminine non mixte créée le , affiliée au Conseil international des femmes. Constitué en fédération, il rassemble des associations féminines et admet des membres à titre individuel.
Il vise à améliorer la situation des femmes dans la famille et la société, travaillant étroitement avec les institutions.
Le Conseil international des femmes, et notamment sa présidente May Wright Sewall, fait pression pour la création d'une section française, inexistante alors que de nombreuses féministes françaises sont très actives au sein du bureau de l'association internationale. En marge de l'Exposition universelle de 1900 se tiennent les congrès de deux groupes féministes particulièrement actifs depuis plusieurs années[1] :
le Congrès international de la condition et des droits de la femme (composé de féministes plus radicales : Marie Bonnevial, Louisa Wiggishoff, Maria Pognon).
En 1901, un comité d'initiative rassemblant ces deux groupes est mis en place sous la direction d'Isabelle Bogelot : l'association est créée le et regroupe une trentaine de sociétés féminines[2].
Dès la création, le suffrage est à la base de toutes les revendications féminines, conditions pour obtenir l'autonomie[3]. Le Conseil se positionne uniquement sur le suffrage et l'éligibilité aux élections locales (municipales, conseils d'arrondissements, conseils généraux) afin de faire « l'apprentissage de la vie civique »[4], tiédeur qui est régulièrement la cible du journal La Voix des femmes.
Des sections thématiques, calquées sur le fonctionnement du Conseil international des femmes, sont mises en place : assistance et prévoyance sociale, hygiène, éducation, législation, travail, suffrage, paix, unité de la morale et répression de la traite des femmes, presse, émigration[5].
Les sections travaillent en lien avec les commissions parlementaires et les institutions publiques (Conseil supérieur de l'Assistance publique, Conseil supérieur des Postes et télégraphes, Société des Nations, Ligue de l'enseignement. Un groupe de parlementaires entre en relation avec le Conseil national en 1907 : présidé par Henry Chéron[6], il compte parmi ses membres Frédéric Passy, Charles Richet, Paul Strauss, René Viviani, Jules Siegfried, etc.[7]
Un bulletin mensuel, L'Action féminine, est diffusé à partir de 1909[8]. En 1911, le Conseil national se prévaut de 99 000 membres[9].
L'association est très présente lors des congrès français ou internationaux, et organise des tournées et conférences en province. Des branches départementales sont créées : en 1922, il en existe en Gironde, Indre-et-Loire, Seine-Inférieure, Bouches-du-Rhône, Tarn-et-Garonne, Finistère, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Calvados.
Les 3 et , le Conseil national des femmes françaises organise à Paris le 10e Congrès international des femmes. Des déléguées sont reçues par le président Raymond Poincaré à l’Élysée[10].
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le Conseil national et les associations affiliées s'engagent dans l'effort de guerre. De nouvelles organisations sont créées comme l'Association des surintendantes d'usines ou l'Office central de l'activité féminine. Gabrielle Duchêne, à la tête de la section Travail, présente un vœu pour l'égalité salariale auprès du ministère ; ses positions pacifistes - elle crée une section française du Comité international des femmes pour la paix permanente - étant en contradiction avec l'union sacrée, elle est priée de démissionner[10].
En 1929, le Conseil national des femmes françaises présidé par Avril de Sainte-Croix organise les états généraux du féminisme « pour présenter une synthèse des revendications féminines, en appuyant ces revendications de considérations sur les travaux faits et sur ceux en cours »[11]. Le comité d'honneur compte parmi ses membres Aristide Briand, président du Conseil, Raymond Poincaré et le récent prix Nobel de la paix Ferdinand Buisson.
Les archives du Conseil national des femmes françaises sont conservées au Centre des archives du féminisme à l'université d'Angers[12] qui en est propriétaire.
Le CNFF, qui visait à réunir l'ensemble des mouvements féministes, échoue à ce regroupement dès sa création, en raison des critiques issues des mouvements plus radicaux. Ses effectifs connus sont de 150.000 membres en 1929, 300.00 en 1936 et 250.000 en 1939[13].
Liliane Klein-Lieber, représentante du Scoutisme français féminin auprès de l'UNESCO dans les années 1950, cofondatrice de la Coopération féminine dans les années 1960 ;
↑Olivier Wieviorka (dir.), Julie Le Gac, Anne-Laure Ollivier et Raphaël Spina, La France en chiffres : de 1870 à nos jours, Paris, Perrin, , 666 p. (ISBN978-2-262-02741-4), p. 477
↑Louise Péronneau Dauphin, « Conseil national des femmes françaises », Le Journal des femmes : organe du mouvement féminin, no 173, , p. 1-2 (lire en ligne) :
« Mme la secrétaire générale propose, pour la prochaine assemblée, la candidature de Mme Julie Toussaint comme membre d’honneur. L’éloge de Mme Toussaint n’étant pas à faire, Mme Kergomard dit que le Conseil ne saurait s’honorer par un meilleur choix. »
Anne-Sarah Bougle-Moalic, Le Vote des Françaises : cent ans de débats 1848-1944, Rennes, PUR, 2012, p. 145.
Laurence Klejman et Florence Rochefort, L'Égalité en marche : le féminisme sous la Troisième République, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques Des Femmes, , 356 p. (ISBN2-7210-0382-8), p. 151.
Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle : les protestantes françaises, 1810-1960, Paris, Editions de Paris, , 286 p. (ISBN978-2-84621-031-7).