Une consonne sourde, ou non voisée, en phonétique articulatoire, désigne une consonne articulée sans vibration des plis vocaux (ou cordes vocales). Elle s'oppose à une consonne sonore, ou voisée.
Durant la phonation d'une consonne sourde, l'air provenant des poumons traverse la glotte. Cette dernière étant fermée, l'air pulmonaire ne passe pas à travers le larynx, et il n'y a donc pas de production de ton laryngé. Les plis vocaux sont alors trop étroitement accolés pour vibrer sous le flux d'air, qui s'écoule librement par petite bouffées à travers le larynx[1]. L'air pulmonaire va ensuite subir des modifications dans les cavités supraglottiques (aussi appelées cavités suprapharyngales), qui rendront le son audible, soit par occlusion, soit par resserrement des organes phonatoires supraglottiques[1].
Dans le système phonologique français, les six consonnes sourdes sont les suivantes : /p/, /t/, /k/, /f/, /s/, /ʃ/[1]. Le trait de voisement n'est pas pertinent pour les voyelles du français, étant toutes voisées.
Les consonnes occlusives et fricatives orales sonores du français s'opposent à leur contrepartie sourde :
Le voisement n'est pas en français un trait phonologique des nasales, qui sont généralement sonores : /m/ possède un allophone sourd en position finale après une constrictive sourde : mu [my] - asthme [asm̥]. Néanmoins, plusieurs langues ont un contraste phonèmique entre les deux, comme le birman).
Deux types de mutations peuvent être causées par la vibration des plis vocaux : le voisement et le dévoisement.
Il peut arriver qu'une consonne normalement sourde soit prononcée avec une vibration plus ou moins sensible (exemple : Mac Do prononcé Mag Do, de même pour anegdote, neuv ans, etc.) par « contagion » d'un certain environnement phonétique. C'est le phénomène d'assimilation. Dans ce cas, le terme de voisement désigne ce processus de mutation sonore du son originellement sourd. Dans l'API, on le transcrit généralement à l'aide du diacritique souscrit « ̬ » ; par exemple, [bɛk̬dəɡaz] équivaut à peu près à [bɛɡdəɡaz].
t̬ | voisement |
Inversement, on observe également l’assimilation de consonnes sonores en consonnes sourdes, le dévoisement (ou dévocalisation). Son symbole API est le « ̥ » souscrit ; par exemple, [mɛd̥sɛ̃] (ou [mɛtsɛ̃]) pour médecin, [ab̥sɑ̃] (ou [apsɑ̃]) pour absent.
En phonétique, le voisement ou le dévoisement décrit donc un phénomène empirique. En phonologie, il correspond à une valeur de trait distinctif (au moins en français), mais il peut se produire sans gêner la communication[1].
d̥ | dévoisement |