Le cardinal Daniel Matteo Alvise Barbaro (né le à Venise - mort le ), noble vénitien du XVIe siècle, ambassadeur de la république de Venise en Angleterre, fut écrivain, traducteur et diplomate : il a notamment traduit en italien et commenté les dix livres d'architecture de Vitruve[1], et composa un traité d’optique, La pratica della perspettiva (« Pratique de la Perspective », 1568) qui exerça une grande influence tout au long du XVIe siècle. Il contient la plus ancienne description connue de l'utilisation d’une optique avec la chambre noire (que l'auteur appelle camera obscura), ce qui en fait en quelque sorte l'ancêtre des appareils photographiques modernes.
Né à Venise du baron Francesco di Daniele Barbaro et de la fille d’un banquier, Elena Pisani[2], il étudia la philosophie, les mathématiques et l’optique à l’université de Padoue[3]. On lui attribue généralement la conception des jardins de l’université[4].
Barbaro servit la république de Venise comme ambassadeur auprès de la cour d’Élisabeth Ire à Londres et fut légat lors du concile de Trente[5]. Secrètement nommé cardinal (procédure de nomination dite « in pectore ») pour éviter les protestations diplomatiques, il fut élu en 1550 patriarche d'Aquilée[6],[5], charge ecclésiastique qui exigeait l'accord du sénat vénitien.
À la mort de son père, il hérita des terres avec son frère Marcantonio Barbaro(en) ; ensemble, ils confièrent à Palladio la construction de leur palais, la désormais fameuse Villa Barbaro, classée au patrimoine mondial, située à Maser, près de Castelfranco. À cette fin, Palladio et Daniel Barbaro avaient visité Rome ensemble et l’architecture de la villa reflète l’influence qu’exercèrent sur eux les monuments antiques qu’ils y virent. Les intérieurs sont décorés de fresques de Véronèse, qui exécuta d’ailleurs des portraits à l’huile de son mécène (cf. ci-contre).
Son testament mentionne sa collection d'instruments d'astronomie[4]. Daniel légua ses biens à son frère Marcantonio et fut, selon ses volontés, inhumé dans une tombe anonyme derrière l’Église San Francesco della Vigna, refusant le bénéfice du caveau familial dans la chapelle[4]. Il avait commandé vers 1555 à Battista Franco la construction du maître-autel de cette église représentant Le Baptême du Christ[4].
Barbaro fit paraître plus tard une édition en latin, M. Vitruvii de architectura (1567). Comme les planches originales du traité de Vitruve n'ont pas survécu à l'injure du temps, Andrea Palladio exécuta les illustrations accompagnant cette édition. Par delà leur intérêt pour l'architecture, les commentaires de Barbaro occupent une place fondamentale dans l'esthétique de la Renaissance. Le Greco, par exemple, en possédait un exemplaire. S'il existait déjà des traductions en langue vernaculaire de Vitruve avant celle de Barbaro (notamment celles de Fra Giovanni Giocondo et de Côme), la version de 1556 les a supplantées par son élégance et sa précision, car Barbaro a pris la peine d'expliquer en détail les passages les plus techniques, examinant lui-même les rapports entre nature et architecture, tout en rendant hommage à l'expertise (archéologique et technique) de Palladio lorsqu'il lui empruntait[4],[5],[9].
La practica della perspettiva (1568) est un traité de perspective à l'usage des artistes et des architectes[4],[5]. L'ouvrage montre comment tirer parti d'une lentille pour améliorer l'utilisation de la chambre noire.
↑ a et b(en) Paul F. Grendler, Renaissance education between religion and politics, Aldershot, Ashgate, (ISBN0860789896, lire en ligne), p. 72
↑(en) Peter Burke, The European Renaissance: centres and peripheries, Blackwell Publishers Limited, (ISBN0-631-19845-8, lire en ligne), p. 15
↑(en) Jane Turner, Encyclopedia of Italian Renaissance & Mannerist art, vol. 1, New York, (ISBN0333760948, lire en ligne), p. 112
↑Cf. F. et Y. Pauwels-Lemerle, L’Architecture à la Renaissance, Paris, Flammarion, , 254 p. (ISBN2-08-012235-5), « La diffusion de la nouvelle architecture en Italie », p. 169
Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.