Le nom de la localité est attesté sous les formes Donnifrontis, Damfrontis vers 1020, Domus Fronto en 1063[6].
L'église catholique, avant d'utiliser sanctus pour honorer les saints, a longtemps utilisé dans ce but le latin dominus (« seigneur »). Dominus aboutit à Dom-[7]. Le personnage vénéré est Front de Passais(Fronto[6]), ermite du VIe siècle.
Au Moyen Âge, le site fut le centre d'une région stratégique importante. Un premier village se serait installé autour d'une chapelle bâtie vers 540 par l'ermiteFront[8].
En 1010, Guillaume de Bellême fait construire à la cime du rocher un premier château en bois, le château, formé de « quatre grosses tours avec des fossés profonds taillés dans le roc », dont la « principale issue était au midi ; deux portes en fer et une claie en fermaient l'entrée »[9]. Après sa mort, vers 1031, son petit-fils Geoffroy, fils de Guérin, comte de Mortagne, fut dépossédé de la forteresse par son oncle, Guillaume le Cruel, seigneur d'Alençon, et est à l'origine de la longue rivalité qui opposa les seigneurs de Mortagne et d'Alençon. Les cruautés de Guillaume d'Alençon, amenèrent ses sujets à livrer Alençon et Domfront à Geoffroy Martel, comte d'Anjou[8]. En 1048, ce dernier assiégea Domfront et s'en rendit brièvement maître. Guillaume Talvas en rentra en possession grâce à l'intervention du duc de Normandie[10]. Les habitants, excédés de la conduite de Guillaume le Cruel, se révoltèrent à nouveaux et se donnèrent à Henri Ier Beauclerc troisième fils de Guillaume le Conquérant[8].
En 1092, Henri Ier Beauclerc, érige sur l'éperon rocheux un château fort en pierre avec son puissant donjon de forme quadrangulaire et la chapelle Saint-Symphorien, prieuré de l'abbaye de Lonlay[11]. Henri Beauclerc devenu en 1100 roi d'Angleterre, et afin d'éviter une guerre fratricide avec son frère aîné, Robert Courteheuse qui prétend au royaume d'Angleterre, abandonne à ce dernier le Cotentin et toutes ses possessions en Normandie, à l’exception de Domfront[12] qui devient alors une place forte royale. La place forte, avec celles d'Argentan, d'Alençon et de Mortagne-au-Perche, faisait partie de la ceinture de pierre d'Henri Ier Beauclerc[13]. À la mort du roi d'Angleterre, le capitaine de la place la livra à Étienne de Blois, comte de Mortain. Mathilde, fille et héritière Henri Ier, et son époux, Geoffroy Plantagenêt vinrent assiéger Domfront, qu'ils prirent après plusieurs assauts[14].
Pendant la guerre de Cent Ans, le château est occupé par les Anglais de 1356 à 1366 et de 1418 à 1450[11]. Pendant l'été 1450, l'armée royale de Charles VII reprend la place au bout de vingt jours de siège[18].
Lors de la Première Guerre mondiale, le 3e bataillon du 130e régiment d'infanterie qui était hébergé dans la caserne Laharpe partit le . L'état-major du 130e régiment d'infanterie était hébergé à Mayenne. Ce régiment, incorporé dans la 7e division d'infanterie, subit des pertes effroyables le sur le front de Belgique autour de Virton et Ethe. Cette division mutée dans différents corps d'armée participa à toutes les grandes batailles de cette guerre.
En , les Domfrontais pleurent en regardant le 3e bataillon du 130e RI descendre vers la gare. Ce régiment fut incorporé dans la 8e division d'infanterie, dans la 3e armée, dans le groupe d'armée no 2 sous les ordres du général Prételat. Cette armée, disposée derrière la ligne Maginot ne combattit qu'après la chute de Dunkerque. Le 130e RI fut totalement fait prisonnier.
Sous l'Occupation, trois entités allemandes furent permanentes à Domfront : dans les locaux de la gendarmerie, une représentation de l'administration allemande de l'occupation qui effectuait les réquisitions ; dans la gare, le commandement d'une compagnie du génie qui contrôlait les voies ferrées ; et dans la caserne Laharpe, une unité de territoriaux qui gardait les tirailleurs sénégalais prisonniers de guerre qui y étaient détenus. Les fonctions de police allemande étaient assurées par la section du SD d'Alençon et, pour les affaires graves, par celle de Rouen.
L'occupation se durcit en février 1944 et les Allemands obligent des Domfrontais à construire des ouvrages destinés à renforcer la défense de Domfront en cas de débarquement, et à travailler à l'aménagement d'un parc de munitions et de carburant dans la forêt d'Andaine. Le , un soldat allemand ayant été blessé dans la nuit, le maire M. Gallot, est requis pour désigner des otages. Celui-ci, ayant refusé, fut destitué et des Domfrontais furent pris au hasard dans les rues par des policiers allemands venus d'Alençon. Certains furent déportés en Allemagne[25].
Domfront, située entre le dépôt de munitions de la forêt d'Andaine et Mortain, où eut lieu la grande contre-attaque allemande, et surtout le quartier de la gare (Notre-Dame de nos jours), eurent à subir de nombreuses attaques aériennes alliées[26]. Les bombardements les plus meurtriers furent celui du vendredi en soirée (vingt-quatre avions bimoteurs) sur la gare qui tua huit personnes et un enfant, et celui du sur la ville basse par des bombardiers B17, qui tua 37 personnes et détruisit 494 immeubles[27],[28],[29]. Au total trente-six civils (qui n'étaient pas tous des Domfrontais, chiffre incertain) furent tués lors des vingt-quatre attaques aériennes, principalement sur la gare.
Le , une unité blindée de Waffen-SS venant de Flers traversa le quartier de la gare en direction de Saint-Mars-d'Égrenne pour attaquer vers Mortain. Après la défaite allemande devant Mortain, ce qui restait des unités blindées se replia sur Falaise, et seules des troupes de basse combativité gardèrent Domfront. Le , les forces américaines, échaudées par l'épisode mortenais, tirèrent au canon sur la ville au hasard. Des Domfrontais décidèrent d'aller à leur rencontre pour faire cesser ces tirs et les aider à entrer dans la ville. Le , un pompier réussit à les rallier sur la route de Saint-Mars et guida une colonne (sept véhicules) qui contourna la ville par l'ouest. Elle passa par Saint-Gilles-des-Marais et La Haute-Chapelle où elle captura une compagnie allemande sur le tertre Sainte-Anne (cote 210 sur les cartes d'état-major), puis passa à pied le pont de Caen qui était miné. Elle captura une pièce d'artillerie à la ferme des Balères, puis passa par le Pissot et entra dans Domfront par le nord, par l'escalier qui est juste derrière l'hôtel de ville.
D'autres troupes américaines étaient déjà entrées dans la ville par le sud et les forces allemandes encore dans la ville se voyant encerclées se rendirent sans combat. Certains soldats allemands, souvent des malgré-nous prélevés du front d'URSS, semblaient plutôt soulagés, mais les officiers étaient très vexés. Il n'y eut aucun tué lors de la libération de la ville.
Le nombre de civils tués, ramené au tonnage de bombes lancées sur Domfront et la gare, fut relativement réduit. Cela fut dû à trois facteurs :
les voies de communication ne traversent pas la ville ancienne qui était plus peuplée à l'époque ;
la défense passive réussit à convaincre les Domfrontais d'évacuer les abords des voies de communications ;
les aviateurs faisaient un passage à blanc sur l'objectif et revenaient bombarder en laissant ainsi un peu de temps aux civils pour s'éloigner, ne serait-ce que d'une ou deux centaines de mètres.
Pendant la bataille de Normandie, les Allemands réquisitionnèrent l'hospice de vieillards et l'orphelinat de Perrou pour y installer un hôpital militaire. À leur arrivée, les Américains installèrent un hôpital entièrement mobile près du manoir de la Guyardière où était replié l'hôpital civil de Domfront.
En 2021, la commune comptait 3 431 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2005, 2010, 2015, etc. pour Domfront[37]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 2].
Le Publicateur libre, hebdomadaire qui parait le jeudi, a son siège à Domfront. Il est diffusé dans l'Ouest de l'Orne (Bocage ornais), le Sud-Manche (Mortainais) et le Nord-Mayenne.
La ville qui se dresse sur un promontoire, possède un riche patrimoine : maisons médiévales à colombages, vieux hôtels des XVIIe et XVIIIe siècles, ruelles étroites[49].
Prieuré Saint-Antoine de Domfront, (moniales bénédictines), et Hôtel-Dieu Saint-Antoine de Domfront, les deux édifices furent détruits. Ils étaient à l'emplacement de l'actuel mairie.
L'église Notre-Dame-sur-l'Eau du XIe siècle[53]. L'édifice d'architecture romane est classé au titre des monuments historiques par liste de 1840[54],[55]. L'église est complètement restaurée en 2024 et les pierres tombales sont remontées pour éviter les inondations grâce à un important don privé[56].
L'église Saint-Julien[57], construite de 1924 à 1933 par l'architecte Albert Guilbert[58] (un exemple en France d'architecture religieuse de style néo-byzantin utilisant le procédé de béton arméHennebique[59]) est classée au titre des monuments historiques par arrêté du [60]. En raison des dégradations du béton, elle fut fermée au public en 2006. Après les travaux de renforcement des arcs qui soutiennent les 1 500 tonnes du clocher de 55 mètres de haut, l'église fut rouverte en 2013[61]. L'orgue a été installé par le facteur Gloton en 1931[62].
Le manoir de la Palue, du XVIe siècle, partiellement inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du et [63].
Le manoir de la Chaslerie, édifié fin XVIe et XVIIe siècles, partiellement protégé aux monuments historiques[64].
Au 1, rue Saint Julien, la plus vieille maison de Domfront, datée de 1515 (MCXV).
la cour Marie-du-Rocher, Située au coeur de la cité médiévale de la ville de Domfront, la cour Marie-du-Rocher fait le lien entre la rue Saint-Julien et la Rue Docteur-Barrabé. Joliment pavée et entièrement restaurée, la cour Marie-du-Rocher fait partie de ces lieux à visiter incontestablement. Ce passage conduit également à l’ancien hôtel particulier de la famille Marie du Rocher, sans doute construit au début du XVIIe siècle dont tous les appuis de fenêtres sont moulurés[72].
Onze tours contribuent encore au caractère moyenâgeux de la ville [73], notamment la tour d'Alençon porte d'entrée de la vieille ville, ou les nombreuses tours visibles de la rue des Fossés- Plisson sur le Sud de la vieille ville.
L'hôtel de ville, très beau bâtiment du XIXe siècle fut construit à l’emplacement de l’ancien couvent Saint-Antoine, face à la Halle, appelée au Moyen Age, la « cohue ». Ce vaste bâtiment en bois, entouré de clairevoies abritait le marché couvert. Beaucoup plus tard, en 1855, la générosité d’un Domfrontais, M. Pellier de la Roirie, permit à l’actuelle mairie et au presbytère de voir le jour. Reconnaissants, les citoyens ont décidé de donner son nom à l’ancienne place des Halles qui devint donc la place Pellier-de-la-Roirie[74].
Le tribunal de justice, construit en 1839, monumental bâtiment avec ses colonnes de pierre épaisses[75].
L'ancienne chapelle du collège des Eudistes (ce jour mitoyenne du lycée Auguste Chevalier), bénie en 1732, transformée en salle de conférence et de spectacles.
Le vielle fontaine du bassin, route de Flers, peinte au XIXe s. par Jules Noël[76].
Claude-Nicolas-Jacques Le Bigot de Beauregard (Saint-Roch-sur-Égrenne, 1748 - 1810), gendarme de la maison de la reine, maire de Domfront, député du Tiers État en 1789.
Les armes de la commune de Domfront se blasonnent ainsi : De gueules au château de trois tours d'argent, ouvert et ajouré du champ, maçonné de sable, posé sur une terrasse de sinople.[83],[84]
Nicolas François René Caillebotte dit Le Jeune, Essai sur l'histoire et les antiquités de la ville de Domfront, précédé d'une esquisse historique sur le Passais, Domfront, Crestey fils, , 66 p. (lire en ligne)
Nicolas François René Caillebotte dit le Jeune, La chouannerie dans l'arrondissement de Domfront, Flers, Imprimerie de Graindorge, (lire en ligne)
Louis François Du Bois, Recherches archéologiques, historiques, biographiques et littéraires sur la Normandie, Paris, Dumoulin, (lire en ligne)
François Liard, Histoire de Domfront, Domfront, François Liard, (lire en ligne)
Adelstan de Beauchêne, Le Passais, Domfront et les comtes de Montgommery depuis leur origine jusqu'au XVIe, Revue historique et archeologique du Maine Tome IV, p294, Namers, Fleury, (présentation en ligne)
Hippolyte Sauvage, Domfront: son siège et sa capitulation d'après les documents officiels, Domfront, F. Liard,
Louis Blanchetière et Jules Appert, L'Imprimerie dans l'arrondissement de Domfront, Domfront, F. Liard, , 33 p. (présentation en ligne)
Jules Appert, Les Franchises des bourgeois de Domfront-Extrait du Cartulaire de l'Abbaye de Nostre-Dame de Lonlay (fac-similés)(Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne-Tome II-1883), Alençon, E. Renaut de Broise, , 17 p. (présentation en ligne, lire en ligne)
Revue "Le Domfrontais médiéval" (ARCD, depuis 1983)[5]
Charles-Laurent Salch, Atlas des villes et villages fortifiés en France, Début du Ve siècle à la fin du XVe siècle, Strasbourg, Editions Publitotal, , 495 p.
Domfront, p.368 et Carte n°2
Alain Landurant : Domfront et le Passais, Alan Sutton, 2005.
La bataille de Normandie, récits de témoins, éd. de notre temps ; 1947. Tome 1 pages 316 et suivantes.
À l'occasion du quarantième anniversaire de la Libération, le journal Le Publicateur libre de Domfront, publia une série de témoignages sur ces événements : de larges extraits du livre de Germaine Renard, A Domfront sous les bombes, des extraits du journal de sœur Jeanne, religieuse de l'Institution de l'Ange gardien, et une archive de la municipalité concernant l’hôpital de Domfront qui, étant en bordure de la voie ferrée, fut évacué après le bombardement du vendredi 2 juin 1944 au manoir de la Guyardière qui est sur la commune de la Haute Chapelle. Il y restera jusqu'au 26 juillet 1945.
Le patrimoine architectural et mobilier des communes sur le site officiel du ministère français de la Culture (Bases Mérimée, Palissy, Palissy, Mémoire, ArchiDoc), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service régional de l'inventaire général de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région]
↑Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
↑Guy Le Hallé (préf. Hervé Morin, photogr. Yves Buffetaut), Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN978-284673-215-4), p. 44.
↑Serge Van Den Broucke, « L'aître Saint-Maclou de Rouen : La renaissance d'un site historique exceptionnel », Patrimoine normand, no 119, octobre-novembre-décembre 2021, p. 13 (ISSN1271-6006).