Auteure tardive, militante politique depuis la fin des années 1950, notamment à l'Union des étudiants communistes, et syndicaliste à la CFDT jusqu'au milieu des années 1980[5], elle applique les outils de la recherche historique à l'écriture de romans noirs à forte connotation économico-politique et sociale.
Son premier roman, Sombre Sentier, publié en 1995, a pour toile de fond une grève de travailleurs clandestins turcs dans le Sentier, à laquelle elle avait participé en 1980. C'est dans ce roman qu'elle crée le personnage de l'inspecteur Théodore Daquin, policier homosexuel, qui sera également le héros de plusieurs autres romans.
Chroniques politiques des années 1980, ses premiers romans traitent de la spéculation immobilière (À nos chevaux), des implications politiques et économiques dans le monde du football (KOP), de la corruption et du commerce des armes (Nos fantastiques années fric).
Toujours inscrits dans leur contexte politique et social, ses romans suivants changent d'époque. Le Corps noir met en scène la Gestapo française en 1944, pendant l'Occupation. Lorraine connection a pour cadre les affrontements entre Alcatel et l'alliance Groupe Lagardère-Daewoo pour la reprise du groupe Thomson à la fin des années 1990. Racket est « librement (très librement) inspiré de l'« affaire Alstom », le rachat de l'entreprise française Alstom Énergie par l'entreprise américaine General Electric (2013-2015) »[6].
À la suite des attentats de 2015, elle participe au mouvement « Polar pour tous », qui rassemble une douzaine d'auteurs de polar qui décident, après les grands rassemblements organisés en soutien à Charlie Hebdo, d'aller gratuitement dans les lycées, pour rencontrer les élèves, et « prolonger le sentiment partagé de devoir agir pour prolonger et consolider la fraternité entrevue ces jours là, marginaliser la peur, la violence, renforcer notre vie commune en société »[7].
Dominique Manotti, en quelques titres, est devenue une auteure incontournable de romans noirs. Elle s’intéresse aux événements marquants de l’actualité et ancre ses œuvres dans ces contextes socio-politiques.
Elle recherche la simplicité dans son style, comme elle le dit : « J'apprécie ce style direct sans fioritures ». Pour cela, elle écrit principalement ses romans et ses nouvelles au présent, ce qui rend l'intrigue actuelle. Elle prépare des phrases simples et intègre peu de figures de style[8].
Elle travaille pendant six mois sur la documentation, c’est-à-dire essentiellement les journaux de la période, des livres d’enquêtes, des interviews : « Je n'écris pas vite ! Déjà, je prends toutes mes notes à la main, c'est mon processus d'appropriation, j'établis notamment une chronologie que je raccourcis énormément dans le roman, et je corrige beaucoup[9]. » Dominique Manotti n'est finalement pas si loin d'un écrivain comme Émile Zola dans sa manière de documenter ses romans, comme le montre sa participation au colloque de Cerisy en 2016 : « Lire Zola au XXIe siècle »[10].
Elle a découvert le roman noir à travers le cinéma noir, c'est après avoir vu les grands films de John Huston, Howard Hawks et Billy Wilder qu'elle a lu les romans qui les avaient inspirés[11]. Ses références sont les romans français du XIXe siècle, et les romans américains du XXe. Elle a lu plus de polars américains que de polars français[12].
Elle s'inspire aussi de faits réels comme dans Bien connus des services de police, qui s'inspire d'une bavure policière dans les années 2002-2003[13].
↑Marie-Noëlle Thibault, « La question du rachat des chemins de fer dans l'idéologie républicaine au xixe siècle: (1832- 1883) », Thèse, Université de Bourgogne, (lire en ligne, consulté le )