Ave Maria de Schubert | |
interprétée par Elisabeth Schumann en 1934. | |
Ellens dritter Gesang (Ellens Gesang III, Hymne an die Jungfrau, D839, op. 52 no 6, 1825), littéralement le « Troisième chant d'Ellen » (Hymne à la Vierge), est une des compositions les plus populaires de Franz Schubert. Composée en 1825, elle est aujourd'hui mondialement connue sous le nom d'« Ave Maria de Schubert ».
Ce morceau est en fait une adaptation tirée de La Dame du lac, un chant poétique de Walter Scott, publié en 1810. Dans ce poème, le personnage d'Ellen Douglas, la dame du lac, s'est enfuie avec son père. Ils se cachent dans une grotte (la grotte de Goblin) afin d'éviter d'attirer la vengeance du roi sur leur hôte, Roderick Dhu, le chef du clan alpin, qui les a protégés depuis que le roi a ordonné leur exil. Ellen adresse une prière à la Vierge Marie, lui demandant son aide. Roderick Dhu, qui se trouve plus haut dans la montagne en train d'exhorter sa tribu au combat, n'entend pas le chant d'Ellen.
Les premiers mots et le refrain du chant d'Ellen, « Ave Maria », ont très probablement amené l'idée d'adapter la mélodie de Schubert à la prière traditionnelle de l'Église catholique romaine. Ce lied est aujourd'hui couramment chanté sur ce texte, même s'il ne s'agit donc pas de la destination envisagée à l'origine par le compositeur.
En 1825, Schubert compose un cycle de sept lieder à partir de La Dame du Lac. Ils furent publiés en 1826 comme son opus 52. Ces morceaux ne sont pas prévus pour un seul chanteur. Les trois chants d'Ellen sont des chants pour une voix de femme accompagnée d'un piano tandis que les chants pour Norman et le comte de Douglas étaient prévus pour le baryton Johann Michael Vogl. Les deux chants restants sont des duos mixtes.
L'adaptation allemande des paroles originales a été effectuée par Adam Storck.
Ave Maria ! Jungfrau mild,
Erhöre einer Jungfrau Flehen,
Aus diesem Felsen starr und wild
Soll mein Gebet zu dir hinwehen.
Wir schlafen sicher bis zum Morgen,
Ob Menschen noch so grausam sind.
O Jungfrau, sieh der Jungfrau Sorgen,
O Mutter, hör ein bittend Kind !
Ave Maria !
Ave Maria ! Unbefleckt !
Wenn wir auf diesen Fels hinsinken
Zum Schlaf, und uns dein Schutz bedeckt
Wird weich der harte Fels uns dünken.
Du lächelst, Rosendüfte wehen
In dieser dumpfen Felsenkluft,
O Mutter, höre Kindes Flehen,
O Jungfrau, eine Jungfrau ruft !
Ave Maria !
Ave Maria ! Reine Magd !
Der Erde und der Luft Dämonen,
Von deines Auges Huld verjagt,
Sie können hier nicht bei uns wohnen,
Wir woll'n uns still dem Schicksal beugen,
Da uns dein heil'ger Trost anweht;
Der Jungfrau wolle hold dich neigen,
Dem Kind, das für den Vater fleht.
Ave Maria !
Ave Maria ! Douce vierge,
Ecoute la prière d'une jeune femme,
De ce rocher immobile et sauvage
Ma prière doit être emportée vers toi.
Nous dormons en sûreté jusqu'au matin,
Même si des hommes sont encore si cruels.
Ô vierge, vois le chagrin d'une jeune femme,
Ô mère, entends un enfant suppliant !
Ave Maria !
Ave Maria ! Immaculée !
Quand nous nous affaissons sur ce rocher
Jusqu'à dormir, et que ta protection nous couvre,
Ce rocher dur nous apparaîtra doux.
Tu souris, des relents de rose flottent
Dans cette étouffante crevasse rocheuse,
Ô mère, écoute les supplications d'un enfant,
Ô vierge, une jeune femme appelle !
Ave Maria !
Ave Maria ! Vierge pure !
Les démons de la terre et de l'air,
Sont chassés de la grâce de tes yeux,
Ils ne peuvent ici habiter avec nous,
Nous voulons nous plier calmement au destin,
Là où ton réconfort sacré nous effleure;
La vierge veut incliner gracieusement devant toi,
L'enfant, qui prie pour le père.
Ave Maria !
Aux côtés de l'Ave Maria de Bach/Gounod et d'Offenbach, l'Ave Maria de Schubert est devenu un élément régulier des funérailles, des messes de mariage et des quinceañeras.