Marayat Bibidh, ou Marayat Rollet-Andriane pour son nom d'épouse[1],[2],[3], plus connue sous son nom de plumeEmmanuelle Arsan, née le [4] à Bangkok (Thaïlande) et morte le chez elle, dans sa maison qui portait le nom de Chantelouve d'Emmanuelle, à Callas (Var, France), après une longue maladie, est une romancièrefrançaise d'origine thaïlandaise. Elle est principalement connue pour avoir signé le roman érotique Emmanuelle.
Marayat Bibidh est une thaïlandaise de la haute société siamoise, fille de diplomate et francophone. Dans les années cinquante-soixante, elle vit dans une maison sur Sathorn Road à Bangkok. Elle épouse en 1956 un diplomate français, Louis-Jacques Rollet-Andriane, né en 1923, fonctionnaire des Nations unies pour l'OTASE (Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est)[5].
En 1966, sous le nom de Marayat Andriane, elle joue le rôle de Maily, aux côtés de Steve McQueen, dans La Canonnière du Yang-Tse (The Sand Pebbles) de Robert Wise. Mais c'est surtout comme écrivain qu'elle devient célèbre, en publiant chez Éric Losfeld, sous pseudonyme, son roman Emmanuelle (1959) qui sera aussitôt interdit de publicité. Cela n'empêche pas le roman d'obtenir un succès planétaire et de faire l'objet d'un grand nombre d'adaptations au cinéma et à la télévision : le roman, constamment réédité jusqu'à nos jours, s'est actuellement vendu à 800 000 exemplaires en langue française et est traduit en anglais, espagnol, allemand, italien et polonais.
Le film du même nom, réalisé par Just Jaeckin, tourné en partie en Thaïlande, a été vu au cinéma par 8,7 millions de spectateurs en France et 150 millions dans le monde. La Thaïlande n'est guère qu'un décor mais le roman et le film consacrent Bangkok comme la ville la plus excitante et la plus libre de la planète, et l'écho dans la presse et dans l'imaginaire collectif en est encore présent[6].
Selon certains témoignages, le véritable auteur des romans signés Emmanuelle Arsan aurait été non pas Marayat Rollet-Andriane, mais son époux[7],[8]. Une autre hypothèse serait celle d'un roman rédigé à quatre mains par les deux époux[9].
Suzanne Brøgger, écrivaine et amie du couple, confie dans une postface écrite pour la réédition de La Philosophie Nue d'Emmanuelle Arsan que l'auteur est bien Louis-Jacques Rollet-Andriane.
Emmanuelle Arsan a également signé le scénario d'un film, Laure (intitulé Emmanuelle für immer ou Forever Emmanuelle dans certains pays, sans doute pour le faire bénéficier du succès du film homonyme), sorti en 1976. Elle y tient aussi un rôle secondaire, et la réalisation (non signée) lui a été attribuée. Mais selon des critiques[10],[11] et des témoignages de membres de l'équipe[8], le film aurait été écrit et en partie réalisé par son époux, une autre partie de la mise en scène étant assurée par le directeur de la photographie, Roberto D'Ettorre Piazzoli.
Décédé en 2010, Louis-Jacques Rollet-Andriane est revenu, en poèmes, sur sa vie avec Marayat et sur l’œuvre d'Emmanuelle Arsan dans le recueil Le Livre des cendres d'Emmanuelle, publié à titre posthume en par Les Cahiers de l'Égaré et les éditions Le Sélénite[12].
↑Christelle Célerier, « Elle était belle, Emmanuelle ! », Gavroche Thaïlande, no 291, , p. 54 et 55 (lire en ligne [PDF])
↑Jean Baffie et Thanida Boonwanno, Dictionnaire insolite de la Thaïlande, Cosmopole éditions, , 160 p. (ISBN978-2-84630-084-1), Emmanuelle pages 52 et 53
↑« Losfeld eut à la fois la chance et la malchance d’être l’éditeur d'Emmanuelle. Chance, car quand un diplomate désira raconter les récits de ses rapports pour le moins libres avec sa femme eurasienne, il eut l’idée charmante de faire attribuer ce récit à son épouse sous le pseudonyme d'Emmanuelle Arsan. Cette magnifique histoire d’amour très troublante fut immédiatement interdite, Losfeld une nouvelle fois condamné à de la prison et à une forte amende. Néanmoins ce livre se vendit, sous le manteau, en milliers d’exemplaires, voire dizaine de milliers. Comme sa vente était interdite, elle ne pouvait se faire qu’illégalement et en cash. » (Francis Leroi, 70, années érotiques, éditions La Musardine, 1999).
↑ a et bOvidio G. Assonitis, Beyond the Screen. Il cinema di Ovidio G. Assonitis, Nocturno dossier, no 82, mai 2009, pp. 46-51.