Dans ce cas, la famille de semi-normes peut toujours être choisie filtrante.
Démonstration de l'équivalence des deux définitions
(1) ⇒ (2) En effet toute semi-norme p sur E est une fonction convexe et donc pour tout R > 0, l'ensemble des x de E vérifiant p(x) < R est convexe.
(2) ⇒ (1) Soient T la topologie de E, supposée vérifier (2), et T ' celle, moins fine, définie par la famille de toutes les semi-normes sur E continues pour T. Il s'agit de prouver qu'inversement, T ⊂ T '. Il suffit pour cela de montrer que tout T-voisinage V de 0 contient un T '-voisinage de 0. Or pour un tel V, par continuité de l'application (λ, v) ↦ λv, il existe un réel α > 0 et un T-voisinage W de 0, que l'on peut supposer convexe d'après (2), tels que et V contient alors l'ensemble Ω défini parDe plus, Ω est voisinage de 0 (donc absorbant), convexe, et équilibré. sa jauge est donc une semi-norme continue sur E, dont la boule de centre 0 et de rayon 1⁄2 est par conséquent un T '-voisinage de 0. Or cette boule est incluse dans Ω, donc dans V.
Tout espace vectoriel normé est localement convexe (topologie définie par une seule semi-norme : la norme).
La topologie faible d'un espace vectoriel topologique est localement convexe. On utilise les formes linéaires continues en module comme famille de semi-normes.
Théorème — Pour qu'un espace localement convexe défini par une famille de semi-normes soit séparé, il faut et il suffit que pour tout vecteur non nul il existe une semi-norme telle que .
En effet, un espace vectoriel topologique est séparé si et seulement si l'intersection des voisinages de 0 est réduite au singleton {0}, autrement dit si et seulement si pour tout vecteur v non nul, il existe un voisinage de 0 ne contenant pas v.
Soient deux espaces localement convexes, dont les topologies sont respectivement définies par des familles de semi-normes (supposée filtrante) et (quelconque), et f une application du premier espace dans le second. La proposition suivante résulte des définitions.
Proposition —
f est continue en un point v de E si et seulement si
Par exemple (en prenant et ), toutes les semi-normes appartenant à sont uniformément continues sur E (car 1-lipschitziennes). Une semi-norme q sur E est en fait uniformément continue si et seulement si elle est continue en 0, ce qui équivaut à l'existence d'une semi-norme p ∈ et d'une constante C > 0 telles que q ≤ Cp. On en déduit un analogue pour les applications linéaires :
Proposition — Une application linéaire est uniformément continue si et seulement si elle est continue en 0, ce qui se traduit par : .
Théorème — Soit E un espace localement convexe séparé, dont la topologie est définie par une famille de semi-normes. Les conditions suivantes sont équivalentes :
L'équivalence entre 1, 2 et 5 est un cas particulier du théorème de Birkhoff-Kakutani sur les groupes topologiques. Montrons que 3 et 4 sont aussi équivalents à 2.
2 ⇒ 3 : soit une base de voisinages de 0. Chaque contient une boule de la forme , où et pour une certaine partie finie . La topologie définie par la sous-famille dénombrable est évidemment moins fine que celle de E, mais également plus fine, par construction.
3 ⇒ 4 : soit une suite de semi-normes définissant la topologie de E. En posant , on obtient une suite filtrante de semi-normes définissant la même topologie.
4 ⇒ 2 : soit une suite filtrante de semi-normes définissant la topologie de E, alors chaque point xa une base dénombrable de voisinages, de la forme .
Les analogues pour p < 1 des espaces Lp avec p ≥ 1 sont métrisables par une distance invariante, mais ne sont pas localement convexes.
Remarquons que tout espace vectoriel topologique normable est localement convexe et métrisable. Cependant la réciproque n'est pas vraie : par exemple l'espace de Schwartz est de Fréchet, en particulier localement convexe et métrisable, mais nucléaire et de dimension infinie, donc non normable. Un autre exemple d'espace localement convexe métrisable mais non normable est RN[2].
↑Pour une démonstration n'utilisant pas le théorème de Birkhoff-Kakutani, voir par exemple Claude Wagschal, Topologie et analyse fonctionnelle, Hermann, coll. « Méthodes », .