Essad Pacha

Essad Pacha
Essad Pacha en 1916.
Fonctions
Premier ministre d'Albanie
-
Ministre de la Défense
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Esad pashë ToptaniVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
ottomane (jusqu'en )
albanaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Activités
Homme politique, militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Toptani family (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Jeunes-Turcs (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Grade militaire
Conflits
Distinctions
signature d'Essad Pacha
Signature

Essad Pacha, né Essad Toptani en 1863 à Tirana et mort le à Paris, est un militaire et homme politique ottoman, officier de l'armée ottomane devenu, après l'indépendance du pays, homme politique et Premier ministre albanais du au . Exilé, il meurt assassiné à Paris. Pacha est un titre de fonction.

Sa carrière

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Né en 1863 à Tirana, Essad Pacha est issu de l’illustre famille des Toptani. Grand propriétaire en Albanie centrale, sa carrière commence dans l’administration turque où il s'élève rapidement. Au début du siècle, il est nommé commandant de gendarmerie de la province de Janina.

Délégation pour renverser le sultan Abdülhamit II le . De gauche à droite, le contre-amiral Arif Hikmet Paşa, Emmanuel Carasso, Esad Paşa Toptani, Aram Efendi ve Albay Galip Bey (Pasiner).

Partisan des Jeunes-Turcs, il est élu en 1908, député au Parlement turc. Mais l’année suivante, le sultan Abdülhamid II exige sa démission.

Devenu chef de gendarmerie dans la province de Scutari, il combat glorieusement les Monténégrins durant la Guerre des Balkans. Mais en , après cinq mois de combat, son armée est épuisée et Essad doit se rendre. Depuis cette époque, Essad voue une véritable haine aux Monténégrins et particulièrement à leur roi, Nicolas.

Débuts en politique

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Reddition des Malissores.

C’est cette même année que la conférence de Londres reconnaît officiellement l’indépendance de l’Albanie, proclamée depuis par Ismail Qemali.

Profitant de l’anarchie qui règne sur l’Albanie[1] pour mettre à profit ses ambitions politiques, Essad prévoit de faire de l’Albanie un état musulman. Il forme alors son propre gouvernement, en opposition à celui d'Ismail Qemali, et prévoyant de s’autoproclamer roi. Il signe également des premiers accords avec la Serbie.

Mais ses plans sont compromis par l’arrivée le , de Guillaume de Wied, un Prussien protestant élu Prince d’Albanie par les grandes puissances. Malgré tout, il lui fait un accueil favorable pour entrer dans son gouvernement. Il devient ainsi ministre de l’Intérieur et de la Guerre, mais se retrouvant vite en désaccord avec le Prince, Essad complote et prévoit de le renverser. Le complot découvert, il s'enfuit.

Retour au pouvoir

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La Première Guerre mondiale éclate. Et le Prince Guillaume, incapable de faire face aux évènements et à la recrudescence de la guerre civile, s’enfuit le 3 septembre.

Essad Pacha, alors exilé en Italie, trouve en la personne du Premier ministre serbe, l'aide parfaite pour prendre le pouvoir en Albanie. En effet, ce dernier craignant qu’un prince ottoman monte sur le trône d’Albanie, signe des accords secrets avec Essad prévoyant son retour prochain. Ainsi le gouvernement serbe finance et équipe militairement son retour en Albanie où tout de suite, il se proclame Chef du Gouvernement et Commandant suprême de l’Armée. Néanmoins, il ne contrôle que le nord et le centre du pays.

Dès son arrivée au pouvoir, il participe à la guerre au côté de l'Entente. Mais sa véritable préoccupation est de rester au pouvoir.

Fin 1914 et début 1915, le pays est envahi par la Grèce au sud, l’Italie à l’est et est menacé par l'Autriche-Hongrie. De plus, son pouvoir est de plus en plus contesté par les anciens rebelles. Essad Pacha demande alors au gouvernement serbe d’envahir le pays pour en reprendre le contrôle ; mais les Monténégrins en profitent aussi pour occuper le nord. En , les Serbes occupent enfin l’Albanie et lui impose un traité d'alliance. Ce traité n'est pas appliqué longtemps, l'intervention bulgare contre la Serbie en remet en cause cet équilibre. La Bulgarie entre en guerre auprès des Empires centraux.

En , l’Autriche-Hongrie occupe le pays, l'obligeant à fuir avec les Serbes en repli.

Manipulé par l’Entente

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Sur le front de Salonique, discussion avec Maurice Sarrail, et Carlo Petitti di Roreto.

Après l’occupation de l’Albanie par la Triple-Alliance, Essad et son armée s’exilent en France. Ignorant tout du Traité secret de Londres qui place l’Albanie dans la sphère d'influence italienne, il est utilisé par les Alliés, notamment les Français, lui donnant espoir de pouvoir revenir au pouvoir. Ces derniers lui offrent ainsi une aide matérielle et le renvoient en Albanie avec ses partisans où ils organisent une guérilla.

Commence alors une certaine tension entre la France et l’Italie. Cette dernière ne souhaite en aucun cas le retour d’Essad Pacha, qui pourrait compromettre sa légitimité sur l’Albanie. Essad reçoit alors l’ordre de rester à Salonique, à la disposition du commandement français.

Des retours avortés

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La guerre finie, la France et l’Italie dissolvent l’armée d’Essad. Ce dernier, bien décidé à reprendre le pouvoir, coopère de nouveau avec la Serbie. Celle-ci le soutiendra lors de la Conférence de paix de Paris. Une rivalité se crée alors entre l’Italie et la Serbie, chacun espérant la faveur de la Conférence de paix de Paris.

Pour Essad, la situation est la même ; il a lui aussi deux rivaux : le gouvernement provisoire et officiel d’Albanie, dirigé par Turhan Pacha Përmeti, et le Prince Guillaume de Wied, qui, n’ayant jamais abdiqué, réclame le trône. Mais ce dernier n’est pas un rival, le Prince étant allemand.

Le gouvernement provisoire, discrédité par sa mollesse à faire reconnaître ses droits, est renversé en par le Congrès de Lushnjë. Le nouveau gouvernement nettement plus nationaliste, obtient le retrait des troupes françaises. Essad Pacha essaie alors de profiter de la situation pour mener à bien un nouveau coup d’État. Mais son insurrection est matée par son neveu, Ahmed Zogu, le futur roi d’Albanie.

Continuant à militer à Paris, il se fait élire roi, le , par « l’Assemblée nationale d’Albanie ». Trois jours après, Essad Pacha est assassiné à Paris, devant l’Hôtel Continental où il logeait[2]. L’assassin, Avni Rustemi, un compatriote albanais, refusait de l’avoir pour roi.

Essad Pacha est resté dans la mémoire des Albanais comme un dictateur ayant trahi son peuple en pactisant avec les Serbes.

Il est enterré au cimetière parisien de Thiais. Sa stèle, dans le carré des soldats serbes, est la seule tombe musulmane au milieu des croix[2].

Notes et références

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  1. « L'anarchie règne toujours en Albanie », Le Miroir,
  2. a et b Benoît Hopquin, « L’amitié franco-serbe enfouie à Thiais », sur lemonde.fr, (consulté le ).

Articles connexes

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Bibliographie

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  • (de) Michael Schmidt-Neke, Entstehung und Ausbau der Königsdiktatur in Albanien (1912-1939), Munich, 1987 (ISBN 3-48654-321-0)
  • (en) Miranda Vickers, The Albanians. A modern history, Londres, 1995 (ISBN 1-85043-749-1)
  • (fr) Pierre La Mazière « Essad Pacha », L'Opinion, 1916, p. 689
  • (fr) Arben Puto, L'indépendance albanaise et la diplomatie des grandes puissances 1912-1914, Éditions "8 Nentori", Tirana, 1982, 525 p.
  • (it) A. Italo Sulliotti, In Albania. Sei mesi di regno. Da Guglielmo di Wied a Essad Pascià. Da Durazzo a Vallona. Con 19 incisioni fuori testo, Milan, 1914, 182 p.
  • (sq) Idriz Basha I Novosejt, Essad Pasha e Shqipnia 1912-1920, Idriz Basha i Hovosejt, Bruxelles, 1982, 170 p.
  • (sq) Tahir Kolgjini, Esat Pashë Toptani dhe Akuzat, Qi bahen, T. Kolgjini, Istanbul, 1977, 238 p.
  • Patrice Najbor (Tome I, La lutte pour l'indépendance albanaise : 1443-1925 ; Tome II, La période zoguiste et la création de l'Albanie moderne : 1925-1939 ; Tome III, La famille royale en exil : 1939-2002 ; Tome IV, Le retour de la famille royale en Albanie : 2002-2007 ; Tome V, Documents.), Histoire de l'Albanie et de sa maison royale : 1443-2007, S.l. Neuilly-sur-Seine, Je publie P. Najbor, , 2066 p. (ISBN 978-2-953-23820-4, 978-2-953-23822-8 et 978-2-953-23824-2, OCLC 470781205).
  • (fr) Patrice Najbor, la dynastye des Zogu, Textes & Prétextes, Paris, 2002

Liens externes

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