Eugène Deloncle

Eugène Deloncle
Eugène Deloncle vers 1940.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
École polytechnique (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Louis Deloncle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Partis politiques
Membre de
Conflit
Distinction

Antoine Octave Eugène Deloncle est un homme politique français né à Brest (Finistère) le et mort à Paris 17e le [1], cofondateur de la Cagoule en 1935.

Fils du commandant Antoine Charles Louis Deloncle[2] (qui refusa de quitter la passerelle du paquebot La Bourgogne lors de son naufrage, le , et fut englouti en mer avec lui) et d'Anna Ange Marie Grossetti. Il est le neveu de François Deloncle, député des Basses-Alpes et de la Cochinchine, du journaliste Henri Deloncle et de Charles Deloncle, député et sénateur de la Seine. Il est le neveu du général Paul François Grossetti.

Il épouse Mercédès Cahier (1893-1988), fille de médecin, dont il a un fils, Louis, et une fille, Claude.

Après sa mort, sa femme épouse Jacques Corrèze, activiste cagoulard hébergé par le couple Deloncle.

En 1939, sa nièce Édith Cahier, fille de Paul Cahier, épouse Robert Mitterrand, frère de François Mitterrand[3].

Sa sœur Louise, qui épousa l'avocat Laurent-Cély, fut la mère de l'écrivain Jacques Laurent. Son autre sœur fut mariée un temps au joueur de bridge Pierre Albarran.

Carrière et activité politique

[modifier | modifier le code]
Photographie d'identité judiciaire d'Eugène Deloncle après son arrestation en .
Eugène Deloncle.

Polytechnicien (promotion X1910, second), ingénieur du Génie maritime, cadre dirigeant de la société de contrôle technique Bureau Veritas[4], il combat pendant la Première Guerre mondiale : officier d'artillerie, il est blessé sur le front de Champagne. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur par arrêté du 7 novembre 1920[5].

Il adhère à l'Action française avant de la quitter pour fonder avec d'autres dissidents, notamment Jean Filiol, l'Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale (OSARN) en 1935. Cette organisation clandestine est ultérieurement connue de la police sous le nom de « Comité secret d'action révolutionnaire » (CSAR) et surnommée la « Cagoule » par la presse. Ce surnom est d'ailleurs attribué avec mépris par Maurice Pujo de l'Action française.

Parmi les activités subversives de l'OSARN, on compte l'attentat terroriste contre la Confédération générale du patronat français et du groupe des industries métallurgiques le . Cette action vise à faire croire à l'opinion publique à un complot communiste menaçant la démocratie. En outre, l'organisation clandestine assassine les frères Sabatino et Carlo Rosselli, deux militants italiens antifascistes réfugiés en France. Ces meurtres sont commis à la demande du régime fasciste italien, en échange de la fourniture d'armes de guerre et d'un soutien financier.

Les chefs des principaux partis collaborationnistes en 1941. De gauche à droite : Costantini (Ligue française), Déat (RNP), Deloncle (MSR) et Doriot (PPF).

Selon le journaliste Pierre Péan, à la fin du mois de , Deloncle rencontre le général Henri Giraud qui lui promet son aide en cas de soulèvement communiste, Deloncle lui assurant que les cagoulards se rangeraient sous ses ordres. Très satisfait, Giraud « est évidemment d'accord pour travailler avec les gens de l'OSARN et souhaite la meilleure réussite à l'entreprise de Deloncle et Duseigneur […] »[6].

En juillet 1938, l'état-major civil et plusieurs militaires, soit un total de 120 personnes, sont arrêtées par la police.

Après l'armistice de juin 1940, Deloncle rejoint l’amiral François Darlan et reprend contact avec d’anciens cagoulards.

Fin 1940, il crée le Mouvement social révolutionnaire pour la Révolution nationale (MSR), soutenant le maréchal Pétain, puis, par le Rassemblement national populaire, se rapproche de Marcel Déat. Dans la nuit du 2 au , sept attentats organisés par le Mouvement social révolutionnaire visent plusieurs synagogues parisiennes[7].

Soutenu par Henry Charbonneau, et Jean Filiol qui sera durant la seconde guerre mondiale fera une funeste carrière dans la Milice à Limoges et en Limousin[Quoi ?]. Il intrigue contre son ancien chef cagoulard. Deloncle est finalement exclu du MSR en [8].

Pressentant un tournant dans la guerre, Deloncle poursuit ses intrigues mais tente cette fois de changer de champ en prenant contact avec l'amiral Wilhelm Canaris, responsable du contre-espionnage militaire allemand (l'Abwehr) et opposant à Hitler. L'ex-chef cagoulard assure les liaisons entre Canaris et l'amiral Darlan par le truchement de Jacques Lemaigre Dubreuil[9] mais son activité attire l'attention des services de sécurité nazis. Dans un premier temps, Deloncle est arrêté en , interrogé et détenu pendant un mois à Ville-d'Avray. Une fois relâché, il renoue des contacts avec Canaris. En fin de compte, Helmut Knochen charge le Hauptsturmführer Roland Nosek d'arrêter ou, le cas échéant, d'assassiner Deloncle[10].

Le au matin, Deloncle est abattu à son domicile par des agents allemands du SD[10],[7]. Son fils Louis, blessé, survit ; après-guerre il dirige la branche espagnole de L'Oréal.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 17e, n° 67, vue 6/31.
  2. 18 décembre 1854, Cahors- 4 juillet 1898
  3. Mitterrand 1988.
  4. Francis Bergeron, Darnand, Pardès, , 128 p., p. 22
  5. « Légion d'honneur », base Léonore, ministère français de la Culture
  6. Pierre Péan, Le Mystérieux Docteur Martin : (1895-1969), Paris, Fayard, , 500 p. (ISBN 978-2-213-64467-7, lire en ligne), p. 140.
  7. a et b Bourdrel 2009, p. 149.
  8. Bourdrel 2009, p. 173-174.
  9. Bourdrel 2009, p. 174-176.
  10. a et b Bourdrel 1992, p. 313.

Sources primaires

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Joel Blatt, « The Cagoule Plot, 1936-1937 », dans Kenneth Mouré et Martin S. Alexander (dir.), Crisis and Renewal in France, 1918-1962, New York, Berghahn books, , VII-312 p. (ISBN 1-57181-146-X, présentation en ligne), p. 86-104.
  • Philippe Bourdrel, La Cagoule : histoire d'une société secrète du Front populaire à la Ve République, Paris, Albin Michel, (1re éd. 1970), 404 p. (ISBN 2-226-06121-5).
  • Philippe Bourdrel, Les Cagoulards dans la guerre, Paris, Albin Michel, , 282 p. (ISBN 978-2-226-19325-4).
  • (en) Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, Murder in the Métro : Laetitia Toureaux and the Cagoule in 1930s France, Baton Rouge, Louisiana State University Press, , XVII-266 p. (ISBN 978-0-8071-3616-4, présentation en ligne).
    Recension : Éric Panthou, L’histoire de la Cagoule revisitée. Critique de Murder in the Metro : Laetitia Toureaux and the Cagoule in 1930s France, par Gayle K. Brunelle, Annette Finley-Croswhite, 2010, 8 p., lire en ligne.
  • (en) Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, « Creating a Holocaust Landscape on the Streets of Paris : French Agency and the Synagogue Bombings of October 3, 1941 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 33, no 1,‎ , p. 60-89 (DOI 10.1093/hgs/dcz009).
  • (en) Valerie Deacon, The Extreme Right in the French Resistance : Members of the Cagoule and Corvignolles in the Second World War, Baton Rouge, Louisiana State University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-8071-6362-7, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Brigitte Delluc et Gilles Delluc, Jean Filliol, du Périgord à la Cagoule, de la Milice à Oradour, Périgueux, Pilote 24 édition, , 171 p. (ISBN 2-912347-53-X).
  • Frédéric Freigneaux, Histoire d'un mouvement terroriste de l'entre-deux-guerres : « la Cagoule », , 435 p.
    Mémoire de maîtrise en histoire, Université Toulouse 2, le Mirail.
  • Frédéric Freigneaux, « La Cagoule : enquête sur une conspiration d'extrême droite », L'Histoire, no 159,‎ , p. 6-17.
  • Frédéric Monier, Le complot dans la République : stratégies du secret, de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, coll. « L'espace de l'histoire », , 339 p. (ISBN 2-7071-2871-6, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Frédéric Monier, « L'imagerie d'une conspiration : l'invention de la « Cagoule » (1936-1939) », dans Frédéric Monier (éd.), Complots et conspirations en France du XVIIIe au XXe siècle : actes de la journée d'études organisée le 4 mai 2001 à l'université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, coll. « Lez Valenciennes » (no 32), , 150 p. (ISBN 2-905725-52-4), p. 91-105.
  • Frédéric Monier, « Secrets de parti et suspicion d'État dans la France des années 1930 », Politix, no 54,‎ , p. 119-138 (lire en ligne).
  • (en) D. L. L. Parry, « Counter Revolution by Conspiracy, 1935-37 », dans Nicholas Atkin et Frank Tallett (dir.), The Right in France, 1789-1997, Londres / New York, Tauris Academic Studies, coll. « International library of historical studies » (no 15), , XIV-306 p. (ISBN 1-86064-197-0, présentation en ligne), p. 161-181.
  • Pierre Péan, Le mystérieux docteur Martin (1895-1969), Paris, Fayard, , 500 p. (ISBN 2-213-02784-6).
    réédition : Pierre Péan, Le mystérieux docteur Martin (1895-1969), Paris, Librairie générale française (LGF), coll. « Le livre de poche » (no 13935), , 535 p. (ISBN 2-253-13935-1).
  • Pierre Péan, Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947, Paris, Fayard, , 615 p. (ISBN 2-213-59300-0).
  • Jean Philippet, « Ultima ratio regis. La « Cagoule » : un mouvement terroriste d’extrême droite », dans François Audigier et Pascal Girard (dir.), Se battre pour ses idées : la violence militante en France des années 1920 aux années 1970, Paris, Riveneuve éditions, coll. « Actes académiques », , 244 p. (ISBN 978-2-36013-076-4, présentation en ligne), p. 51-70.
  • (en) Jan A. Stevenson, The Cagoule ConspiracyDissertation for Bachelor's Degree (mémoire de licence d'histoire), Yale University, 1972, 79 p.
  • Jean-Raymond Tournoux, L'Histoire secrète : la Cagoule, le Front populaire, Vichy, Londres, 2e bureau, l'Algérie française, l'OAS, Paris, Plon, , 384 p.
  • Éric Vial, « Carlo Rosselli et la situation de l'antifascisme italien à la veille de sa mort », Matériaux pour l'histoire de notre temps, Paris, Association des amis de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et du musée, no 57 « Carlo et Nello Rosselli : antifascisme et démocratie »,‎ , p. 50-54 (lire en ligne).
  • Éric Vial, La Cagoule a encore frappé ! : l'assassinat des frères Rosselli, Paris, Larousse, coll. « L'histoire comme un roman », , 319 p. (ISBN 978-2-03-584595-5, présentation en ligne).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]