L'action se passe pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Pour échapper au mariage avec une fille de paysans auquel on veut le contraindre, Fanfan (Gérard Philipe) s'engage dans l'armée française après qu'Adeline (Gina Lollobrigida), une prétendue diseuse de bonne aventure, lui a prédit une brillante carrière, et même son mariage avec la fille du roi Louis XV.
Mais une fois que Fanfan a signé son engagement, il se rend compte qu'Adeline est la fille du sergent-recruteur La Franchise et qu'elle a déjà pris au piège d'autres hommes avec de fausses prédictions. Fanfan se jure tout de même qu'il accomplira la prédiction. Il sauve la vie de Madame de Pompadour (Geneviève Page), la maîtresse du roi, et de Madame Henriette, la fille du roi (Sylvie Pelayo), attaquées par des voleurs de grand chemin après un accident. En remerciement, il reçoit de Madame de Pompadour une broche en forme de tulipe et en tire le surnom de « Fanfan la Tulipe ».
Quand, un peu plus tard, il veut rendre visite à Henriette et pénétrer dans son château, il est arrêté et condamné à mort. Adeline arrive à le sauver en demandant elle-même sa grâce à Louis XV (Marcel Herrand), qui voudrait ses faveurs en contrepartie. Elle refuse ses avances, le gifle et se cache ensuite dans un couvent. Lebel (Jean-Marc Tennberg), le valet du roi, découvre sa retraite et part l'y chercher. Fanfan et son ami Tranche-Montagne se lancent à sa poursuite. Ce faisant, ils tombent par hasard au beau milieu du quartier général ennemi et arrivent à capturer les généraux adverses. C'est la victoire. En remerciement, Fanfan est fait capitaine et reçoit le droit d'épouser Adeline, que le roi lui présente alors comme sa « fille adoptive ». Tranche-montagne est promu maréchal des logis et La Franchise est nommé beau-père avec l’octroi d’une triple solde.
La princesse Henriette de France est morte en 1752, soit quatre ans avant le début de la guerre de Sept Ans ; sa présence dans le film est donc un anachronisme.
Les extérieurs ont été réalisés pour la plus grande partie à Grasse, notamment au quartier de la Paoute (domaine de Saint-Donat), au château de Castellaras (près de Mouans-Sarthoux) ainsi qu'au château de Maintenon et à Sospel[11],[12].
Des accidents de tournage ont interrompu les prises de vues durant une quinzaine de jours : Gérard Philipe s'était blessé (il aurait eu la main transpercée et se serait luxé les côtes), ainsi que Olivier Hussenot (épaule démise) et Nerio Bernardi (poignet cassé). Gina Lollobrigida avait également été victime d'un accident durant la scène de l'enlèvement d'Adeline[12],[13].
Il s'agit du premier film français à avoir été doublé en chinois[14].
Ce film a été un tournant dans la carrière de Gérard Philipe et l'a fait connaître à l'international[15].
Fanfan la Tulipe, roman de Georges G. Toudouze, paraît chez Taillandier en 1952. Cette novélisation étoffe le scénario originel.
Le succès du film est tel que des produits dérivés ont été réalisés dès 1952[17].
En 1980, un projet de reprise du film prévoit Patrick Dewaere dans le rôle principal. Claude Miller est choisi pour le réaliser et Luc Béraud doit en être le coscénariste, mais le film n'est finalement pas produit[18].
Le film est ressorti en DVD en 2000 chez René Chateau Vidéo, offrant sur une face la version originale et sur l'autre la version colorisée numériquement. La colorisation a été supervisée par Sophie Juin, des Films Ariane. Une édition DVD-Blu-ray est sortie chez Coin de Mire « La séance » en 2021 ; elle comporte également la version colorisée sur le Blu-ray.
Fanfan la Tulipe a attiré, lors de sa sortie en salles, 6,73 millions de spectateurs[19] alors que le remake de Gérard Krawczyk n'en a attiré qu'à peine un peu plus de 1,2 million[20]. Dès sa sortie, le film est un triomphe parisien, comme le montrent les chiffres d'exploitations des exclusivités parisiennes[21] et la critique[22].
Des prises de vues documentant le tournage ont été réalisées : champ de bataille, poursuites, cascades, combats, scènes d'ambiance du tournage. On peut voir ce montage silencieux de 27 minutes sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel[23].
Les armes utilisées sont anachroniques : les armes à feu à percussion et chargement par la gueule sont post-Napoléon, les sabres-briquets seront utilisés dans certains duels d’époque révolutionnaire.
↑« Crénon quel film ! Remarquablement interprété, admirablement photographié, supérieurement mis en scène, agréablement mis en musique. Quelles épithètes vous faudra-t-il pour vous engager à aller voir et apprécier ce bondissant Fanfan la Tulipe ? », La Vie Ouvrière, 26 mars 1952.
Isabelle Collin, Pauline Dufourcq et Mélanie Lemaire, Les plus grands films de Cape et d’Épée en DVD : Volume 1, Paris, Éditions Atlas, , 208 p. (ISBN2-7312-3088-6, BNF40945156), « Fanfan la Tulipe », p. 68-80